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Tribune

L’UMOA célèbre le 50e anniversaire de sa banque centrale : lettre ouverte au Gouverneur de la BCEAO

Par Kako Nubukpo, directeur du Centre Autonome d'Etudes et de Renforcement des Capacités pour le Développement. Par Kako Nubukpo, directeur du Centre Autonome d'Etudes et de Renforcement des Capacités pour le Développement.
  • vendredi, 28 septembre 2012 08:01

Monsieur le Gouverneur,

C’est avec stupéfaction que nous avons pris connaissance du programme du Symposium du cinquantième anniversaire de la BCEAO que vous vous préparez à organiser en grande pompe les 5 et 6 novembre 2012 au siège de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à Dakar.

En effet, plus de cinquante ans après les indépendances des Etats de notre Union, cinquante ans durant lesquels nos Etats ont formé des centaines d’intellectuels : économistes, historiens, sociologues, politologues, etc., qui se sont spécialisés sur la problématique de la monnaie en Afrique de l’Ouest, quelle ne fut notre surprise de découvrir les noms des principaux intervenants à cette grand-messe programmée.

Mario Draghi Gouverneur de la Banque Centrale Européenne, Ben Bernanke Gouverneur de la Banque Centrale Américaine (la FED), Christine Lagarde Directrice Générale du FMI, Christian Noyer Gouverneur de la Banque de France, Paul Krugman Prix Nobel d’Economie, Joseph Stiglitz Prix Nobel d’Economie, etc., excusez du peu !

Pas un seul universitaire de l’espace UMOA comme intervenant principal et le seul à avoir été invité à prendre la parole devant cette Auguste assemblée se contentera de commenter un exposé d’une universitaire française dont les liens consanguins avec la zone Franc sont avérés.

Monsieur le Gouverneur, vous ne pouvez pas être fier d’un tel programme de célébration du cinquantenaire de l’Union Monétaire Ouest Africaine. A l’extraversion réelle et monétaire de nos économies, vous ne pouvez pas ajouter l’extraversion intellectuelle, plus de cinquante ans après l’indépendance de nos Etats. A la servitude monétaire issue du pacte colonial, vous ne pouvez pas ajouter la servitude volontaire de la délocalisation de la pensée sur le bilan et les perspectives de la gestion de notre monnaie commune.

Monsieur le Gouverneur, ce serait faire insulte aux intellectuels de l’espace UMOA que de les priver d’un débat sain, franc et sincère sur l’état de notre zone, aux prises avec une multiplicité de crises : sociopolitiques, économiques, identitaires et la place que la gestion de la monnaie doit y prendre.

Le Panel de Haut Niveau de l’UEMOA qui a travaillé en 2009 et 2010 de façon prospective sur l’espace UEMOA à l’horizon 2020, a identifié trois principaux défis à relever par l’Union : l’éducation et la culture, la technologie et l’innovation et enfin la gouvernance.

De quelles manières notre monnaie pourrait contribuer efficacement à relever ces défis ?

De même, le Plan Stratégique 2011-2020 de la Commission de l’UEMOA, qui s’intéresse à l’avenir de la Commission stricto sensu et non plus à celui de l’espace UEMOA dans son ensemble, a défini cinq axes majeurs de travail, dont l’approfondissement du marché commun, l’amélioration de la performance des Etats Membres et le développement des synergies et partenariats avec les autres organismes d’intégration régionale.

Ces axes paraissent stratégiques pour le succès de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest. Il serait à cet égard souhaitable que la prise en charge de ces préoccupations qui sont le fruit d’un processus largement participatif au sein de l’Union, puisse être compatible avec les orientations de notre dispositif de gestion monétaire, dans le cadre d’un « Policy-Mix » optimal.

De même, il serait hautement souhaitable que vous preniez explicitement en charge la question cruciale des liens entre la multiplicité et la récurrence des chocs affectant la zone UEMOA et l’absence de réponse structurelle aux problèmes de développement de la zone.

Part belle devrait donc être faite à la préoccupation démographique, à la disponibilité des infrastructures, à l’éducation des populations, à la maîtrise de l’espace communautaire et au rôle du politique aux prises avec les problèmes de légalité et de légitimité.

Monsieur le Gouverneur, à l’heure où des milliers d’enfants souffrent de faim, de malnutrition, de conséquences fâcheuses de sécheresse ou d’inondations au sein de notre espace communautaire, à l’heure ou une grande partie du territoire de notre zone est aux mains de forces obscurantistes au Mali, vous ne pouvez pas vous permettre de brader ainsi la délégation de souveraineté que nos Etats ont concédée à la Banque Centrale, en dépensant des centaines de millions de franc CFA pour entretenir le narcissisme anachronique de l’Institution que vous avez l’honneur de gouverner.

Monsieur le Gouverneur, la place des doyens des facultés des sciences économiques et de gestion des universités de l’espace UEMOA que vous avez bien voulu inviter au Symposium du cinquantième anniversaire de la BCEAO, ne devrait pas être celle que vous leur assignez à l’heure actuelle, à savoir celle de spectateurs disciplinés de discussions qui les concernent au premier chef. Elle devrait au contraire être celle des conducteurs du véhicule de la pensée sur notre avenir commun.

La recherche africaniste est vieille de ses écoles de pensée et riche des faits stylisés issus de ses multiples terrains de recherche. Il n’y a aucune raison que les solutions aux problèmes que vivent les populations africaines soient corsetées par les recettes du prêt-à-penser idéologique, provenant de Washington, de Francfort, de Paris, et nous en oublions.

Monsieur le Gouverneur, permettez-nous, pour finir, de faire nôtre un conseil d’un éminent fils du Burkina Faso, « pays des hommes intègres », un historien aujourd’hui disparu dont l’avenue qui longe le siège de la Commission de l’UEMOA porte le nom, il s’agit du Professeur Joseph Ki Zerbo, qui avait l’habitude de dire : « Il ne faut pas dormir sur la natte des autres car c’est comme si on dormait par terre… ».

 

Biographie de Kako Nubukpo

Kako Nubukpo est né en 1968 à Lomé (Togo). Il est titulaire d’un doctorat en sciences économiques de l’université Lumière Lyon 2 et lauréat du concours d’agrégation des facultés de sciences économiques du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur. Il a été macroéconomiste et chef de service au siège de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à Dakar, avant de rejoindre le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement à Montpellier et Bamako.

Depuis 2010, il est chef du Pôle "Analyse économique et recherche" de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) à Ouagadougou.

Depuis 2011, il est directeur du Centre Autonome d'Etudes et de Renforcement des Capacités pour le Développement au Togo (CADERDT).

Ses travaux portent sur l’efficacité des politiques macroéconomiques dans l’UEMOA, en particulier sur la politique monétaire, le développement de la filière coton en Afrique, et plus généralement l’impact du risque et de l’incertitude sur les performances des économies africaines.

Par Kako Nubukpo, directeur du Centre Autonome d'Etudes et de Renforcement des Capacités pour le Développement.

 
GESTION PUBLIQUE

Mali : la Cour constitutionnelle juge « irrecevables » les requêtes concernant la fin de la transition

Algérie : les réserves de change ont progressé de 13% en 2023, à 69 milliards $

Tunisie : un prêt de 1,2 milliard $ de l’ITFC pour financer les importations de matières premières

Kenya : une rencontre de la Banque mondiale sur le financement du développement

 
AGRO

Nigeria : l’État de Cross River lance un projet d’installation d’une rizière sur 50 000 hectares

Gabon : le turc MFB prend le contrôle de l’entreprise Les Sucreries du Gabon

Sénégal : le gouvernement lance un projet de 3 millions $ pour stimuler la production de semences de riz pluvial

Kenya : 2 millions de dollars en crédit pour les engrais.

 
MINES

Burkina Faso : le projet aurifère Bilbale a un potentiel de plus d’un million d’onces de ressources (Red Rock)

Le Nigeria s’attaque à la présence de ressortissants chinois dans l’exploitation minière illégale

Le britannique URA met en service sa première mine africaine d’émeraudes

De nouvelles pertes d’emploi en perspective dans le secteur sud-africain des métaux du groupe du platine (Implats)

 
TELECOM

Au Kenya, Safaricom signe un partenariat public-privé pour former 10 000 techniciens en fibre optique

CSquared étudie la faisabilité d’un réseau de fibre passant par plusieurs pays africains, dont la RDC et le Kenya

Les finales mondiales de l'ICPC 2023 se clôturent à Louxor par une démonstration de talents en programmation

Le Cameroun et la RDC au cœur de l'expansion africaine de NuRan grâce à un nouveau financement

 
TRANSPORT

Port de Cape Town : Transnet lance un appel d'offres à opérateurs pour le terminal de vrac liquide

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Burkina Faso : l’aménagement des routes de Bobo-Dioulasso et de la RN8 est lancé

Port de Cotonou : Bénin Terminal réceptionne quatre nouveaux portiques de parc

 
ENTREPRENDRE

Le Triple-Double: NBA Africa Startup Accelerator appuiera les jeunes pousses africaines axées sur le sportif

Cameroun : l’État multiplie les accords avec les banques pour aider les PME à accéder aux financements

Avec Caytu Robotics, le Sénégalais Sidy Ndao permet de contrôler des robots multi-tâches à distance

La start-up malienne Kénèya Koura digitalise des processus de prise en charge sanitaire

 
ECHO

Afrique : les pays acceptant le plus de passeports africains sans visa (2023)

Le passeport du Cameroun en 2023

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CEMAC : les pays acceptant le plus de passeports africains sans visa

 
FORMATION

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Un partenariat Maroc-UE pour moderniser la formation agricole et forestière dans le royaume

 
COMM

Soft Power : la Chine dépasse les Etats-Unis en tant que puissance la plus influente en Afrique (sondage Gallup)

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