Delta informatique a été l’un des premiers éditeurs de progiciel bancaire à s’implanter sur le continent africain.
Le temps des développements propriétaires semble révolu dans le domaine des SI bancaires, notamment pour des raisons de coût, de durée et de risque. Peut-on dire que l’alternative qu’offrent les progiciels est viable ?
Georges Ayoub : En effet, peu de banques conservent des solutions propriétaires, ou même un système d’information mixte, composé des briques hétérogènes, achetées à différents fournisseurs. Le maintien de ce type de SI devient complexe, couteux et difficile à faire évoluer dans le temps. La banque moyenne préfère aujourd’hui acquérir une solution progicielle complète, couvrant l’ensemble de son périmètre fonctionnel. Cette option lui permet de se focaliser sur son métier, de réduire les coûts internes et de faire évoluer son informatique au rythme de sa stratégie d’évolution, en s’appuyant sur l’éditeur.
Quels sont les grandes tendances qui se dessinent alors ?
GA : Le marché des progiciels est relativement mature. La tendance aujourd’hui est de chercher à étoffer son offre pour proposer aux banques de nouveaux modules complémentaires et périphériques au Core Banking, car le métier de la banque est toujours en mouvement et le secteur financier évolue dans un environnement de compétition intense.
Vous pensez au développement du mobile banking ?
GA : Pas seulement, je pense par exemple à des outils comme le LAB (Lutte Anti Blanchiment), le décisionnel et le reporting, ainsi que la gestion de la trésorerie, mais surtout à l’offre multicanal, avec le mobile banking, qui semble connaître un essor fabuleux en Afrique. Ce canal cible prioritairement les pays émergents et sera destiné à une population peu bancarisée.
Que représente le potentiel d’amélioration des systèmes informatiques en Afrique ?
GA : En plus du développement des nouveaux services parmi lesquels certains sont imposés par le régulateur, de nombreuses banques continuent à investir dans les progiciels bancaires (Core Banking). Il subsiste un grand besoin de fiabiliser l’outil de production bancaire et d’offrir une meilleure gestion de l’information. On constate que certains établissements ont eu recours dans le passé à des solutions peu pérennes, mal paramétrées et qui n’ont pas tenu leur promesse en termes de fiabilité, support, évolution, etc. Nous entrons donc dans une phase de renouvellement et de consolidation.
Cependant la technologie seule ne suffit pas, l’informatique aide à interpréter la demande du métier bancaire au service du développement du business. En l’occurrence, je crois fermement que le secteur financier africain aura aussi prochainement à investir dans le conseil, l’organisation et la mise en place de procédures pour offrir un meilleur service et améliorer sa rentabilité.
En Europe, on parle de pénurie de main d’œuvre. Qu’en-est-il en Afrique ?
GA : Je dirai que c’est encore plus le cas en Afrique. La pénurie y est tellement importante que les ressources compétentes ou moyennement formées sont très recherchées et en perpétuel mouvement, ce qui pénalise les banques et le maintien du SI. On constate un turn over important, notamment avec l’arrivée des nouveaux groupes bancaires en Afrique et la création des nouvelles banques.
Le secteur bancaire maintient un fort niveau d'investissement en informatique. Pourquoi et jusqu’à quand ?
GA : Je crois que l’investissement dans l’informatique ne cessera pas pour les raisons évidentes liées à l’évolutivité de la demande, la forte croissance du secteur et surtout l’ouverture du monde bancaire à d’autres environnements. Aussi, parce que le secteur financier évolue et doit s’adapter à des nouveaux besoins.
Par contre, le continent africain détient un positionnement différent sur ce plan. Les banques africaines ont été parmi les premières à aller vers la « technologie progicielle » dans les années 90. Au milieu des années
Quel est le rôle du décisionnel dans les choix bancaires ?
GA : Le décisionnel est un terme très générique, qui englobe différents type de reporting et d’états de gestion qui offrent aux dirigeants une meilleure visibilité de la situation commerciale et d’exposition au risque.
Certaines banques se contentaient d’un minimum de reporting réglementaire et interne, exigé par le régulateur. Or, de nos jours, les décisionnaires cherchent l’aide de nouveaux outils plus pointus, qui génèrent des tableaux de bord précis pour orienter le pilotage opérationnel et stratégique de leurs établissements. Ces besoins sont différents d’une banque à l’autre, et restent à la discrétion des équipes internes de chaque banque, en fonction des spécifications exprimées. Je reste persuadé que nous allons voir se développer une forte expertise dans ce domaine, notamment avec les nouvelles normes imposées par les autorités de tutelle comme le comité de Bale, et surtout des nouvelles règles suite au contexte de crise actuelle.
Qui sont les grands acteurs du secteur ?
GA : Les intervenants sur le marché des applications bancaires sont très nombreux, bien que ceux qui interviennent dans le domaine du progiciel soient plus limités. Il existe des acteurs importants qui interviennent sur les six continents, généralement basés en Inde. Par contre, il existe aussi des intervenants de taille plus modeste que j’appellerai régionaux, qui interviennent plutôt en France ou en Europe de l’Ouest. Certains interviennent seulement en Afrique, etc.
Interview réalisé par Mohamadou Diallo, paru dans le magazine CIO Mag No 19.
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.