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Avis d'expert

«L’Afrique est un laboratoire des usages en matière de mobile banking»

Delphine Favier, consultante chez 4icom Delphine Favier, consultante chez 4icom
  • mercredi, 25 mai 2011 08:32

RTN: Comment se développe le mobile banking en Afrique ?
Delphine Favier: En cinq ans, l’Afrique est devenue un véritable laboratoire des usages en matière de téléphonie mobile et particulièrement en matière de mobile banking. Historiquement, la première expérience de mobile banking remontait déjà en 2003 avec le service Celpay déployé par Celtel en Zambie et en RDC (désormais la filiale est dirigée par First Rand Banking Group). En 2005, ce sont les banques qui ont lancé des initiatives en Afrique du Sud avec des services comme WIZZIT (Groupe bancaire ABSA) ou MTN Banking (partenariat MTN et Standard Bank). Mais c’est au Kenya que nous assistons au premier résultat probant d’une solution de mobile banking en 2007 avec M-Pesa de Safaricom (filiale du groupe Vodafone). On peut réellement parler de success story. Près de trois ans après le démarrage des activités, le service compte plus de 13 millions d’utilisateurs et a sensiblement transformé les modes de transfert d’argent dans le pays et, aujourd’hui même, la structure du paysage bancaire. M-Pesa est le service qui a amené à une propagation rapide du concept de mobile banking aux autres pays africains.
Le continent est regardé à la loupe. Non seulement pour des raisons évidentes de potentiel économique mais aussi parce que les usages de la téléphonie comme outil du quotidien et le développement de services innovants peuvent être des retours d’expérience intéressants à dupliquer dans les pays occidentaux.

RTN: Qu’est-ce qui explique le succès de M-Pesa ?
DF: Depuis 2002, l’Afrique présente un taux de croissance annuel moyen de l’ordre de 50 %, ce qui porte à plus de 500 millions le nombre d’utilisateurs de téléphonie mobile, avec des disparités locales qui restent très importantes entre l’Afrique du Nord où l’on retrouve des taux de pénétration de l’ordre de 90 à 100 % contre 30 à 40 % pour l’Afrique subsaharienne. Si le taux d’équipement des foyers en téléphones mobiles est conséquent, le taux de bancarisation de la population du continent oscille entre 5 et 20 %. Ce qui est très faible. Il y a un vrai besoin dans des régions où l’infrastructure bancaire est peu présente et où l’offre ne cible pas les populations à faibles revenus. Dans ce contexte, les opportunités technologiques, notamment liées à la convergence, permettent de combler certaines lacunes. Il faut rappeler que, déjà, les experts regardaient ce continent au sujet des usages novateurs de la téléphonie mobile qui se sont développés. Prenez l’exemple de transferts de crédits téléphoniques utilisés par les populations comme moyen de paiement. Je pense que cela a dû donner des idées aux opérateurs et aux institutions financières pour justement favoriser l’émergence du mobile banking.
Mais le contexte n’est pas la seule explication. Pour M-Pesa, l’évolutivité du service a permis de cibler au mieux les attentes des clients. Le système, qui s’est largement diversifié au cours de ses trois années d’existence, permet le paiement de salaires et des factures, l’achat de biens en ligne, de retirer de l’argent auprès d’un des quelques 23 000 agents M-Pesa présents sur tout le territoire ou aux distributeurs automatiques des banques partenaires. Safaricom teste également le transfert d’argent international avec Vodafone UK. Et plus récemment, Safaricom a lancé en partenariat avec Equity Bank, le concept d’un compte en banque rémunéré, M-Kesho utilisable via le service M-Pesa. Cette initiative montre qu’il y a des potentiels très importants notamment dans les domaines du micro-crédit ou de la micro-assurance qui conforteront l’Afrique dans sa position de laboratoire mondial des usages.

RTN: Quel est le modèle économique du mobile banking en Afrique ?
DF: Il n y a pas de modèle économique type pour les opérateurs de service africains. Chacun a crée son propre écosystème avec un système de tarification, de rétribution des réseaux, de distribution en tenant compte des réalités de leur marché propre. Le système est mouvant et nous continuons à l’observer de très près. Nous remarquons que les opérateurs cherchent encore le bon modèle.
Le mobile banking est aussi un outil de fidélisation des clients d’un opérateur télécom. Là aussi il est difficile de trouver des informations fiables. D’autant plus que la logique des opérateurs n’est pas forcément la logique de développement du mobile banking. En effet, face à la multiplication d’offres concurrentes dans un pays, l’interopérabilité des services de mobile banking serait un atout considérable pour le développement des usages. Mais cela signifierait que les opérateurs devraient se concerter pour mieux harmoniser leurs systèmes.
Aujourd’hui, M-Pesa est à ma connaissance le seul modèle viable grâce surtout aux importants volumes de transaction. Il a fallu pourtant plus de deux ans pour en arriver là.


RTN: Est-ce que le cadre réglementaire est au point, en Afrique ?
DF:Il n y a pas de règle générale en la matière. Si l’Afrique du Sud a été pionnière dans le lancement d’offres de mobile banking, c’était dans le cadre d’une réglementation existante qui prévoyait un encadrement restreint qui permettait aux seules banques de pouvoir lancer ces services. L’exemple inverse est celui du Kenya dans lequel l’absence de réglementation particulière a permis la naissance et l’essor de M-Pesa dans lequel la banque ne jouait qu’un rôle mineur. Aujourd’hui, on assiste à la construction de ce cadre réglementaire. L’implication des banques centrales sur le sujet est croissante. D’abord, parce que l’absence d’institution financière garante est un risque pour les populations détentrices d’un compte virtuel. Ensuite, parce qu’il a des règles internationales qui s’appliquent aux banques centrales permettant de lutter contre le blanchiment d’argent ou le financement d’activités illicites (exemple de la règle « Know Your Customer »). Enfin, les opérateurs télécoms réalisent l’intérêt d’associer des institutions financières dont l’expertise et l’infrastructure permettent d’envisager le lancement de services nouveaux.

RTN: Pourquoi parle-t-on moins des pays du Maghreb ?
DF: Des pays comme le Maroc ou la Tunisie ont des niveaux de bancarisation des populations beaucoup plus élevés que ceux des pays d’Afrique subsaharienne, mais on observe une même tendance au développement de services de mobile banking.
Au Maroc, des banques ont opté pour une diversification. Le conseil de Bank Al-Maghrib (Banque Centrale du Maroc) a, dans le cadre de l’effort de bancarisation, fixé un objectif aux banques de bancariser les deux tiers de la population dans les trois années à venir. Maroc Telecom en partenariat avec Attijariwafa bank et le Groupe Banque Populaire, ainsi que Méditel, en partenariat avec BMCE Bank, ont tous deux lancé leur offre de mobile banking l’an dernier.
Par ailleurs, le Maghreb représente une destination privilégiée des transferts d’argent en provenance de la France. C’est dans ce cadre que le gouvernement français a lancé un plan d’action en juin dernier lors du sommet France –Afrique. Les objectifs affichés sont le développement des nouvelles technologies pour favoriser le développement des transferts de fonds via les canaux formels et pour contourner le frein de la faible bancarisation des populations dans les pays africains. Un accord a été annoncé entre le gouvernement et Maroc Telecom pour la mise en place d’un service de transfert par mobile entre la France et des pays africains d’ici juin 2011.
Je pense que ce palier sera le prochain challenge des opérateurs de services de mobile banking car plus générateur de revenus.

RTN: L’expérience asiatique est-elle comparable ?
DF: En Asie du Sud Est, les Philippines ont lancé leur premier service de mobile banking dès 2001. Les abonnés se comptent en plusieurs millions. Au-delà d’un contexte favorable à l’émergence du mobile banking, le pays a bénéficié d’une attitude clémente du régulateur. La Banque centrale a mis en place une régulation test & learn avec les opérateurs et les partenaires bancaires, permettant l’émergence et l’évolution de deux modèles de mobile banking. Aujourd’hui, en plus des services de retrait et de dépôt d’argent sur les comptes, les opérateurs proposent aussi des services avancés. Le service Smart Money (opérateur Smart) a lancé une carte de paiement Mastercard associée au compte virtuel, permettant de payer dans les magasins. L’autre service, GCash (opérateur Globe) a évolué en ciblant plus particulièrement les besoins des zones rurales. Ainsi, en collaboration avec la Rural Bank Association, GCash est devenu un outil à destination des PME, qui ont la possibilité gérer leur compte professionnel, de payer leurs fournisseurs, leurs employés via mobile et qui permet aux clients de payer biens et services via leur compte GCash. Ces outils mériteraient d’être inscrits dans les bonnes pratiques pour favoriser les échanges avec les acteurs africains.
En Inde où le développement de la Grameen Bank a eu un impact très important dans l’accès des populations aux services financiers, le mobile banking est perçu comme l’outil idéal de gestion. En réalité, si le potentiel est fort, la réglementation très stricte a quelque peu freiné le lancement d’initiatives. L’assouplissement récent devrait permettre de faire émerger des bonnes pratiques de ce côté de l’Asie.

RTN: Quel avenir pour Western Union ou MoneyGram ?
DF: Effectivement, ces acteurs travaillent déjà sur le sujet. Western Union est d’ailleurs fortement impliqué aux côtés de la GSMA (association mondiale des opérateurs) pour mettre au point des solutions de transferts internationaux via mobile. Aujourd’hui, les solutions de paiement sur mobile se développent des deux côtés de la Méditerranée. L’intérêt de pouvoir lier les deux est évident et les sommes transférées chaque année entre les pays occidentaux et l’Afrique en font rêver plus d’un. Les opérateurs télécoms ayant une présence mondiale regardent avec intérêt ce marché. Des pilotes sont lancés régulièrement, c’est le cas de Safaricom en partenariat avec Vodafone UK qui teste le transfert entre la Grande Bretagne et le Kenya via M-Pesa.

Propos recueillis par Mohamadou Diallo pour le magazine Réseau Télécom Network

Delphine Favier, consultante chez 4icom

 
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