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Tribune

«En Algérie, la question est de savoir si le pays est structurellement apte à absorber en investissements productifs ses excès de réserve»

  • lundi, 19 septembre 2011 21:05

La question de la rentabilité des placements de fonds souverains est-elle centrale pour l’Algérie ? Procédons par comparaison. En Europe, comme pour l’ensemble des pays de l’OCDE, le placement de fonds souverains en bons du trésor ne correspond pas tout à fait à la même logique que celle des pays comme l’Algérie, la Chine ou la Russie par exemple. Le défaut de paiement étant principalement lié aux « risques pays », il y a longtemps que les pays de l’OCDE ont bien compris qu’il était plus utile, pour attirer des fonds, des capitaux et des investissements étrangers, de consolider leur gouvernance par une stabilité politique juridique et administrative.

Autrement dit, leurs investissements en bons du trésor correspond davantage à une constitution de réserves prudentielles (assurantielle en quelque sorte). Généralement, leur montant correspond à environ 9 à 18 mois de leur besoin en financement public. Le rendement de ces fonds est important, mais ce n’est pas le plus important car il s’agit, pour ces pays stables, de placements à très long terme dans des pays dont le défaut de paiement est quasi nul (donc à faible risque de dégradation significative à long terme). En ce sens, je rejoins l’analyse qui consiste à insister sur le fait qu’à très long terme ces titres ont de fortes chances de s’apprécier, et même de contribuer par leur caractère prudentiel à doper l’économie des pays apporteurs de fonds souverains. Ceci, bien évidemment, doit être relativisé par le théorème de l’« équivalence ricardienne » qui établit, sous certaines conditions, une concordance entre l’augmentation de la dette publique à un moment « T » et l’augmentation des impôts requise dans le futur pour le remboursement de cette dette et le paiement des intérêts qui y sont associés.

Dès lors, en effet, le risque est de voir, dans un pays comme les USA, les agents économiques se comporter de manière relativement rationnelle en considérant qu’une politique de relance américaine, par une distribution de revenus financée par la dette publique, ne va pas les pousser à consommer, mais plutôt à économiser du fait de l’augmentation des taux d’épargne et en prévision de hausses d’impôts futures. Autrement dit, sur des courts ou moyens termes, les dépréciations de titres sont envisageables, mais peut-être moins sur des temps très longs compte tenu des effets cumulatifs de la croissance économique. La dégradation de la note US par l’agence de rating internationale Standard and Poor’s est cependant de ce point de vue quelque peu excessive compte tenu du très faible risque d’instabilité politique des USA et donc de leur défaut de paiement consubstantiel.

D’ailleurs, outre les Credit Default Swap qui rassurent les marchés et les investisseurs, la réaction du marché, au lendemain de cette dégradation, en faveur des bons du trésor américain, au même titre que l’or, cautionne cet état de fait. Leur leadership sur les bons européens et japonais (d’ailleurs dégradés par Moody’s) ajoute à cette conviction que les placements de fonds souverains aux USA ne sont pas la moins stratégique des options. Pour résumer, les pays de l’OCDE investissent prioritairement dans leur stabilité politique et économique (leur gouvernance équilibrée, stable et transparente) comme principal garant de leur attractivité et compétitivité. J’en veux pour preuve que ces Etats s’affairent à faire voter une « règle d’or » qui consiste à inscrire dans leur Constitution des règles prévoyant un retour progressif à l’équilibre budgétaire.

L’Espagne vient de la voter, tandis que l’Allemagne et la France s’apprêtent à la faire approuver par la plus forte majorité de leurs instances législatives. Ces Etats privilégient cette stabilité avant de songer, par des investissements prudentiels de fonds souverains, à leur capacité de réaction pertinente à des situations de financements publics exceptionnelles liées à des crises dont la nature est diverse. La rentabilité de ces fonds est, de mon point de vue, dès lors secondaire et peu risquée. En revanche, pour un pays comme l’Algérie, c’est aussi le cas de la Chine ou de la Russie et bien d’autres pays, la situation est un peu différente. La gouvernance de ces Etats, leurs risques pays sont tels que les marchés internationaux ne leur accordent pas une confiance sans limite quant à la sécurisation des investissements et des transactions commerciales.

Alors, on peut imaginer, bien entendu, toutes sortes de cadres juridiques et financiers facilitant la confiance des investisseurs et des partenaires étrangers, et même les rassurer par l’accumulation de réserves financières qui dépassent de loin les canons internationaux, et même encore avoir des placements en bons du trésor américain qui surpassent orgueilleusement les ratios habituels. Rien cependant ne remplacera jamais le critère de la stabilité politique et des risques pays comme seul signal positif et garant efficace sur les marchés internationaux. C’est la raison pour laquelle le meilleur investissement que pourrait engager ces pays réside d’abord dans leur transparence, leur gouvernance stable, et la légitimité pérenne de leurs institutions. Pour ces derniers pays, les excès d’investissements en bons du trésor américains sont à la fois indispensables par compensation des instabilités et des carences institutionnelles (la Chine détient 1150 milliards de dollars en bons du trésor US, dépassant très largement le ratio requis), et structurellement moins efficaces à court, moyen et long termes, d’autant qu’ils sont souvent privilégiés au détriment d’investissements en fonds souverains sur des titres d’entreprises multinationales ou transnationales appartenant à des secteurs à forte potentialité.

A court et moyen termes, ces Etats sont susceptibles de subir les effets indirects de l’équivalence ricardienne (donc des dépréciations significatives). A long terme, certes ces pays encourent moins de risques de dépréciation, mais handicapent pour certains (les plus fragiles en termes de facteurs d’infrastructures productives ou d’innovation) leur capacité de développement économique.

En Algérie, la question, de mon point de vue, est moins de savoir si ces placements de fonds souverains sont rentables ou pas à court, moyen et long termes, mais plutôt de savoir si le pays est structurellement apte à absorber en investissements projets ses excès de réserve. Il est probable qu’un juste milieu consisterait pour l’Algérie à associer trois efforts convergents : (a) envoyer des signes forts de stabilité de gouvernance aux marchés internationaux, (b) réviser son ratio de placement de fonds souverains (ses réserves) dans des normes prudentielles acceptables et (c) favoriser le développement des investissements étrangers et locaux par la favorisation de l’innovation, de l’entrepreneuriat et l’émergence de projets et d’entités économiques robustes. Ces efforts doivent être pensés de concert au sein d’une équipe ministérielle soudée associant leurs efforts, leurs politiques et des fonds uniques interministériels de développement ; et non pas de manière dissociée et peu cohérente dans l’ensemble.

Par ailleurs, toutes les parties prenantes doivent être associées à cet effort collectif. L’Algérie doit prioritairement se poser la question de sa cohésion et de sa stabilité susceptible de générer la confiance par des lois organiques de stabilité convaincantes, avant de se focaliser à tout prix sur des notions de rentabilité (source de croissance). Cette dernière serait d’ailleurs faussée par l’état de la rente algérienne et le poids de l’économie informelle, et éclipserait la notion centrale de compétitivité régionale.

Boualem Aliouat, professeur de sciences économiques à l’université de Nice France



 
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