Dans un entretien qu’il a accordé à Chérif Elvalide Seye, Michel Camdessus dit son optimisme à l’égard de l’Afrique qui, en dix ans a réalisé des progrès « considérables ».

« Les progrès sont tels depuis 10 ans que l’on peut dire, et c’est la Banque mondiale qui le dit, que l’Afrique est à un décollage économique un peu à la manière de la Chine, il y a 30 ans et de l’Inde, il y a 20 ans. L’Afrique est à un moment spécial qui peut être un moment de décollage, le moment où il faut se demander quels sont les ingrédients à mettre dans le cocktail du développement pour que celui-ci soit accéléré », a déclaré l’ancien patron du FMI, aujourd’hui membre de l’Africa Progress Panel, exhortant le secteur privé international à s’investir davantage sur ce continent en émergence.

Assez remarquable

Michel Camdessus lance quelques arguments irréfutables : « Le développement que l’Afrique a connu depuis 10 ans et qui lui a permis de réduire le taux de pauvreté à raison de 1% net par an. Le taux de pauvreté est descendu de 60% à 50%. A noter également un taux de croissance qui pendant les années 95 à 2005 a été en moyenne de 5%/an, puis s’est accéléré entre 2006 et 2008 à 6%. Ce que nous avons également observé d’assez remarquable, c’est aussi la vigueur de la reprise africaine dès le début de la sortie de crise. ». Seul bémol, dans ce concert de louanges, la nécessité d’améliorer la gouvernance des Etats : « En effet, il y a en Afrique, comme ailleurs, beaucoup de dirigeants qui sont inégalement légitimes, qui voient le pouvoir comme une fin en soi. Mais ce n’est pas parce qu’il y a des difficultés et des problèmes qu’il faut baisser les bras. »

Le meilleur pour la Côte d’Ivoire

Naturellement Chérif Elvalide Seye n’a pas manqué de demander à l’ancien directeur général du FMI ce qu’il pense de l’accession douloureuse de son ancien adjoint à la tête de l’Etat ivoirien. La réponse est nette : « Pour ce pays avoir enfin un président, une stabilité et un homme par-dessus le marché qui connait mieux que personne les problèmes dont nous parlons, je peux vous dire pour ce qui me concerne, que j’ai une très grande confiance dans l’avenir de la Côte d’Ivoire. Le président Ouattara va rencontrer d’énormes difficultés, mais je sais aussi que s’il y a un homme en Côte d’Ivoire capable de rassembler les Ivoiriens dans une nouvelle perspective de développement, de les réconcilier, c’est bien lui. »