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Tribune

Moussa Diomandé : « L’import export n’a jamais développé un pays ! »

Moussa Diomandé : « L’import export n’a jamais développé un pays ! »
  • dimanche, 11 août 2013 23:57

Entrepreneur ivoirien, Moussa Diomandé a créé l’entreprise GLS Catering qui fournit, sur une dizaine de pays, toute une gamme de services à la personne pour des écoles, des hôpitaux, des plateformes pétrolières, des sites miniers, des chantiers. Sa PME tient la dragée haute aux plus grandes entreprises du secteur, comme Sodexho ou CIS, et elle démontre chaque jour que l’émergence économique de la Côte d’Ivoire passera nécessairement par le développement d’un tissu de PME audacieuses et conquérantes. Entretien.

Agence Ecofin : La Côte d’Ivoire reçoit depuis deux ans un afflux important de financements publics. A quelles entreprises ivoiriennes cette manne profite-t-elle ?

Moussa Diomandé : Les fonds d’investissement publics sont destinés à l’Etat pour développer les infrastructures et les équipements collectifs. Mais généralement, ceux qui apportent ces fonds font travailler leurs entreprises. En règle générale, les fonds chinois font travailler les entreprises chinoises, les fonds français font travailler les entreprises françaises…

AE : Est-ce que ces entreprises étrangères sous traitent à des PME ivoiriennes ?

MS : Très peu. Les entreprises chinoises, par exemple, viennent avec leurs employés. Mais il faut reconnaître que, sur les gros chantiers, nos entreprises ne sont pas toujours en mesure de satisfaire aux exigences des cahiers des charges. Elles ont rarement la surface financière et la capacité technique suffisante. C’est à nous, Ivoiriens, de créer un vrai tissu productif avec des entreprises performantes, capables de relever ces défis. Si nous développions un tissu de bonnes entreprises, les investisseurs, comme les pouvoirs publics, seraient sans doute plus enclins à recourir à nos services.

AE : Les entreprises ivoiriennes ont-elles un accès satisfaisant aux marchés publics ?

MS : Sur le plan administratif, oui, bien sûr. Les entreprises ivoiriennes parviennent d’ailleurs à gagner de petits mandats sur des services de base, comme le nettoyage, le transport, etc. Mais ce n’est pas ça qui fera l’émergence… Il nous faut des entreprises ivoiriennes capables de fournir des services de haute qualité, compétitives. Dès lors, elles auront toutes leurs chances de capter des marchés publics importants, pas seulement d’assurer les petits boulots en sous-traitance.

AE : Quel est, en règle générale, le principal point faible des entrepreneurs ivoiriens ?

MS : Les entrepreneurs sont partout les mêmes, ils veulent vendre les produits ou les services de leur entreprise et gagner de l’argent… Mais ce qui nous manque encore, en Côte d’Ivoire, c’est une bonne compréhension des marchés, de l’économie mondiale. Une fois qu’on a compris ça, on peut caper les tendances, identifier les besoins du marché et définir une stratégie pour fournir le service ou les biens qui se vendront. A partir d’une stratégie bien pensée, les entrepreneurs ivoiriens sont tout aussi capables que d’autres de se développer.

AE : Qu’est-ce qui justifie cette difficulté à définir une stratégie ?

MS : La Côte d’Ivoire n’a pas une culture d’entreprenariat très ancienne. C’est quelque chose de nouveau, ici. Autrefois, le pays a bâti « le miracle ivoirien » sur l’exportation du cacao. Toute notre production était achetée. On ne se souciait pas trop de stratégie ou de comprendre la demande. Aujourd’hui, c’est différent, toute l’économie mondiale est interconnectée. Nous sommes en concurrence avec le monde entier… Il n’y a plus de situations de rente. Mais, heureusement, la jeune génération est davantage ouverte sur le monde, nos jeunes entrepreneurs fréquentent les universités internationales. Ils comprennent la marche du monde et ils sont de plus en plus capables de définir des stratégies économiques, d’imaginer quels sont les services ou les produits que nous pouvons proposer au monde ? Ils ont la capacité, à partir de notre culture et de nos spécificités, de faire la différence sur certains marchés.

AE : Vous-même dirigez une entreprise ivoirienne qui a su s’imposer sur le marché international. Qu’avez-vous fait de différent des autres pour y parvenir ?

MS : Nous faisons justement partie de la première vague de responsables de PME qui sont nés après les années 70 et qui ont reçu une formation plus adaptée au contexte mondial. Nous savons qu’il faut produire ce que demande le marché, nous connaissons la valeur d’un client, nous savons ce qu’est une offre et comment elle peut faire la différence.

AE : Vous pensez donc que les entrepreneurs de votre génération sont prêts à conduire la Côte d’Ivoire vers l’émergence ?

MS : Oui, bien-sûr, ils en ont la capacité. Mais ils ont besoin d’être soutenus par des politiques publiques d’investissement et de promotion économique qui stimulent leurs affaires. Regardez comment les autorités chinoises accompagnent leurs entreprises, soutiennent leurs investissements et leurs expansions internationales. Regardez en Europe les mécanismes d’accompagnement dont bénéficient les entreprises. Voyez même, plus près de nous, comment le Maroc accompagne le développement de ses entreprises partout en Afrique. Nos PME ivoiriennes ont impérativement besoin de ce type d’appuis de la part de l’Etat, partout où elles peuvent conquérir de nouveaux marchés.

AE : C’est dans cet esprit que vous avez appelé les autorités à créer un grand fonds souverain pour stimuler l’économie nationale ?

MS : Oui, je recommande aux autorités ivoiriennes de créer un fonds souverain qui sera capable d’identifier les opportunités et de préparer l’avenir en soutenant les entreprises ivoiriennes les plus prometteuses.

Mais il faut aussi canaliser l’épargne des Ivoiriens vers les entreprises du pays. Les grandes entreprises actives en Côte d’Ivoire ont également un rôle à jouer en soutenant les PME locales qui les accompagnent dans leur secteur.

AE : Les banques jugent souvent que les PME présentent trop de risques pour être éligibles à des financements. Qu’en pensez-vous ?

MS : La plupart de ces banques sont restées sur une vision des PME africaines qui est périmée. Aujourd’hui les entrepreneurs ivoiriens ne sont pas différents des entrepreneurs du monde entier. Ils ne vont pas partir avec la caisse. Le monde est interconnecté. Des pratiques qui ont eu cours autrefois ne sont plus de mise.

AE : Peut-être jugent-elles plus facile de financer de l’import export que des PME ?

MS : Sans doute, mais l’import export n’a jamais développé un pays. Seul un tissu productif peut faire décoller une économie.

AE : Pour financer le développement des entreprises, la BRVM peut-elle constituer une alternative à la frilosité des banques ?

MS : La BRVM peut aider des entreprises d’une certaine taille, déjà installées et qui veulent se développer. C’est très bien, mais aujourd’hui, elle ne peut pas grand-chose pour les jeunes entreprises. Elle ne finance pas l’innovation, encore moins la création d’entreprise.

AE : Quels sont, selon vous, les biens que la Côte d’Ivoire importe, et qui pourraient tout aussi bien être fabriqués par des entreprises ivoiriennes ?

MS : Tout ce qui est biens de consommation courante. L’électroménager, par exemple, ne fait pas appel à des technologies très complexes. Notre pays est capable d’en produire. La Turquie l’a bien fait. Ce n’est pas difficile. Et c’est tout aussi vrai dans de nombreux domaines, l’agroalimentaire, la santé, le tourisme, etc.

AE : Vous-même dans votre activité de catering international, vous utilisez beaucoup de produits ivoiriens ?

MS : Oui, bien sûr. Nous achetons beaucoup de produits agricoles locaux, Nous essayons, d’une manière générale, de produire aussi frais et aussi local que possible.

AE : Quel rôle devrait jouer la Chambre de Commerce de Côte d’Ivoire pour soutenir les PME ?

MS : C’est une structure qui doit conseiller et accompagner les politiques publiques en faveur de nos entreprises, en termes de promotion, de formation, de fiscalité... Elle doit se placer résolument du côté des PME ivoiriennes car ce sont elles qui assureront l’émergence de la Côte d’Ivoire et personne d’autre.

Propos recueillis par Dominique Flaux

Moussa Diomandé, GLS Catering

 
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