Agence Ecofin TikTok Agence Ecofin Youtube Agence WhatsApp
Ecofin Finance
Agence Ecofin
Yaoundé - Cotonou - Lomé - Dakar - Abidjan - Libreville - Genève

Tribune

« C’est le moment pour la BEAC de soutenir l’économie en zone CEMAC »

Lucas Abaga Nchama, gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale Lucas Abaga Nchama, gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale
  • dimanche, 21 juillet 2013 05:06

A l’issue de la deuxième rencontre du Comité de politique monétaire de l’institution, le gouverneur de la BEAC a répondu aux questions des journalistes présents.

 

Monsieur le Gouverneur, nous avions reçu une projection de 5,1% de croissance en zone CEMAC et là, on se retrouve avec des prévisions réajustées à 3,2%. Peut-on peut savoir ce qui n’a pas marché ?

Lucas Abaga Nchama : Ça marche puisque nous avons une croissance de 3,2%, nous ne sommes pas en récession comme certaines autres économies dans le monde. Mais par contre, effectivement, les performances sont moins importantes que l’année précédente. La CEMAC vit dans un environnement international, nous sommes dans la mondialisation. Lorsque nos partenaires enregistrent un certain ralentissement de la croissance, la demande de ces pays diminue, et à cela il faut ajouter que la production pétrolière sur laquelle repose la croissance de 5 Etats sur les 6 de la sous-région, nous l’avons projetée à la baisse pour cette année. Mais qu’à cela ne tienne les perspectives pour 2014 et 2015 sont prometteuses. Nous allons assister à une accélération de la croissance. Nous faisons face à des économies qui dépendent beaucoup de l’exportation des matières premières et lorsque ces secteurs souffrent cela ressent dans la croissance du produit intérieur brut. C’est pour cette raison qu’une fois encore nous exhortons les Etats à poursuivre les réformes économiques, à diversifier l’activité économique, à élargir les sources de croissance dans notre sous-région, pour que nous puissions retrouver une croissance saine et durable dans les années à venir.

 

Vous avez dit dans votre propos liminaire que la BEAC devait désormais soutenir les économies de ses pays membres pour renforcer la croissance de la sous-région, comment est-ce que vous comptez faire cela ?

LAN : La BEAC c’est la Banque centrale et il faut noter que la croissance résulte d’abord des activités du secteur privé. Mais en tant que Banque centrale nous pouvons, à travers notre politique monétaire, prendre un certain nombre de mesures pour inciter l’octroi des crédits, c’est ce que nous sommes en train de faire. Lorsque nous le faisons, nous espérons que les banques vont aussi abaisser leurs taux de crédit aux opérateurs économique. Cela devrait, nous l’espérons, relancer l’activité économique et donc la croissance. Mais comme je l’ai dit plus tôt, nous sommes composés de pays pétroliers et les perspectives de croissance pour 2014 sont beaucoup plus intéressantes. Il y aura une accélération, parce qu’il y a des Etats membres qui, au moment de l’élaboration des cadrages macro-économiques, présentaient des statistiques qui ne permettaient pas d’élaborer des taux de croissance importants cette année. Mais compte tenu de l’entrée en production de certains champs pétroliers dans certains pays, et combiné à cela le souhait que nous avons de voir l’accalmie se poursuivre en République Centrafricaine (qui présente une récession de 14% au lieu d’une croissance de 3% prévue) avec l’annonce des élections qui, on l’espère, interviendront en temps indiqué.

 

Est-ce qu’on devrait établir une corrélation directe entre la baisse des prévisions de croissance de 2 points de pourcentage et la décision prise par la BEAC de soutenir les émissions de titres à souscription libre et peut-on arriver à terme à la voir conduire cette opération jusqu’à l’émission des eurobonds par exemple ?

LAN : Vous savez qu’il y a un problème de financement dans la sous-région, et les Etats ont besoin de fonds, notamment pour réaliser leurs investissements en vue de soutenir la diversification de leurs économies. Je pense personnellement que s’il n’y a pas de route, pas d’énergie et autres infrastructures, il y a peu de chance qu’on puisse doper la croissance qui n’est pas que pétrolière. Cette croissance dont nous parlons nous l’obtenons grâce au secteur non pétrolier. Pour ce qui est du financement, effectivement c’est une question qui est en débat. C’est pour cela que nous avons organisé une conférence à Libreville. Nous sommes dans une sous-région où le système bancaire est excédentaire, mais malheureusement il n’y a pas de financement. La Banque centrale a piloté certains projets, comme celui du marché des titres publics à souscription libre. Cela permet aux Etats de lever des fonds sur leur marché (de capitaux ndlr) mais que, pour l’instant, la Banque centrale coordonne. Mais il arrivera un moment où elle va laisser les opérateurs entre eux, c’est-à-dire permettre à l’agent demandeur et les agents à capacité de financement de se rencontrer. Vous savez aussi que nous faisons face à l’étroitesse de notre système financier, puisque les Bourses ne marchent pas encore pour qu’il y ait un financement direct important qui en provienne. La rencontre de Libreville nous a permis effectivement de faire un diagnostic, d’identifier les goulots d’étranglement qui minent les financements dans la sous-région, et d’établir les responsabilités des uns et des autres dont celles de la Banque centrale. C’est pour cela que nous sommes en train de reformer nos instruments de politique monétaire, pour mieux servir l’activité économique et utiliser d’autres moyens pour que les opérateurs puissent trouver d’autres voies de financement.

Pour ce qui est des investissements étrangers, il appartient à nos Etats de poursuivre l’amélioration du climat des affaires, il faut encadre les PME et, d’ailleurs à ce sujet, je me réjouis d’annoncer que je viens de signer un avis conforme pour la création d’une Banque des PME au Cameroun. Donc ce marché des titres publics contribue effectivement à doper la croissance à travers les financements dont les Etats bénéficient pour la construction des infrastructures et les projets structurants dans notre sous-région.

 

Il a été observé que la souscription des établissements financiers aux titres obligataires émis par les Etats ont un impact sur les ratios prudentiels auxquels doivent se conformer les banques parce que ces titres ont un problème de refinancement auprès de la Banque centrale, ce qui limite leur capacité à financer les autres segments de l’économie. Quelles sont les dispositions prises pour faire face à ce problème ?

Les banques qui se plaignent sont celles qui ont fait des souscriptions avant le lancement du marché des titres publics à souscription libre. Mais pour ce qui est des opérations comme celles que fera le Gabon aujourd’hui, naturellement auront un refinancement de la Banque centrale. Celles qui se plaignent ce sont celles qui, hier surtout, pour l’emprunt du Cameroun, se sont engagées alors que le marché n’était pas encore d’actualité. Nous disons que nous n’avions pas pris un engagement pour refinancer ces banques sur la base des titres qu’elles détiennent. A l’heure d’aujourd’hui le Gabon veut lever des fonds et nous sommes garants de cette opération.

 

Pour revenir sur le séminaire de Libreville qui a planché sur la recherche des financements alternatifs, quelles sont les pistes de réflexions que vous avez déjà menées jusqu’ici ?

Nous sommes toujours dans la réflexion. Nous pensons que l’idée selon laquelle tout va bien en Afrique et qu’en Europe, chez nos partenaires, tout va mal, n’est pas vraie. La crise financière est mondiale, elle nous affecte également. A travers le monde, des Banques centrales qu’on peut qualifier de modernes, utilisent des méthodes qualifiées de « peu conventionnelles », pour soutenir leurs économies et leurs Etats. La BEAC qui aspire à atteindre le niveau de performance de ces institutions doit, sans remettre en cause ses missions statutaires, et c’est la thèse que je défends, faire d’avantage pour améliorer le financement de leurs économies. Pour l’heure, je ne peux pas trahir les secrets de notre réflexion. Mais ce que je peux dire c’est que nous réfléchissons sur des mesures urgentes, pour faire face à des situations jugées urgentes. Vous savez que les chefs d’Etat de la CEMAC ont adopté un programme économique régional, il y a la question de financement qui est un problème. Nous sommes disposés, pourquoi pas, à ouvrir une ligne de crédit à la BDEAC (Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale), dès lors que certains problèmes qu’on décèle là-bas seront réglés, pourquoi pas, on pourra leur mettre à disposition 1000 milliards de FCFA. Je pense que c’est le moment aujourd’hui de nous concentrer sur notre métier qu’est la protection de la monnaie et le financement de l’économie.

 

Quinze pays de l’Afrique de l’Ouest envisagent à l’horizon 2020 d’adopter une monnaie qui ne sera pas le CFA. Est ce que dans la zone CEMAC cette réflexion est aussi conduite ?

Vous parlez de 20 pays alors que je vais assister bientôt à une rencontre à l’Ile Maurice au cours de laquelle toute l’Afrique réfléchira d’une monnaie unique. C’est toujours une bonne chose lorsque des pays décident de mettre leur destin dans une seule direction. Il n’est pas exclu que l’Afrique centrale emboite le pas à cette réflexion. Maintenant, vous me demander si cette monnaie-là s’appellera le CFA, je ne peux pas le dire. Mais je voudrais préciser que la valeur d’une monnaie ne se mesure pas à son nom mais à ce qu’elle contient et à son niveau de stabilité. Si ces conditions sont respectées nous sommes disposés à entrer dans le même bateau et voyager avec eux.

Propos recueillis par Idriss Linge pour l’agence Ecofin

Lucas Abaga Nchama, gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale

 
GESTION PUBLIQUE

Les syndicats nigérians appellent le gouvernement à appliquer le nouveau salaire minimum d’ici fin mai

Le traitement contre le palu, gratuit en Côte d'Ivoire : le point santé hebdomadaire

Cameroun : une ligne de crédit de 800 millions $ de la BID pour soutenir l'économie et le commerce

Le Burkina Faso bénéficiera d’une aide humanitaire de 55 millions $ des Etats-Unis

 
AGRO

Tanzanie : la récolte d’anacarde a atteint 305 000 tonnes en 2023/2024, son plus haut niveau en 5 ans

La colère contre les tomates marocaines ne faiblit pas en France

L’Inde ouvre son marché aux avocats sud-africains

Côte d’Ivoire : l’UE annonce un appui de plus de 10 millions $ en faveur de la production agricole

 
MINES

Le Zimbabwe place sous administration judiciaire sa seule mine de nickel, en raison de difficultés financières

L’australien Walkabout Resources ne produit toujours pas de graphite en Afrique, malgré les récentes avancées

Ghana : le propriétaire de la première mine de lithium autorisé à être coté sur la bourse locale

Guinée : l’australien Predictive annonce une levée de fonds de 32,6 millions $ pour son projet aurifère Bankan

 
TELECOM

La data a soutenu une croissance de 32,5 % du chiffre d’affaires de MTN Ghana au 1er trimestre 2024

Airtel Africa négocie un prêt de 200 millions $ avec la SFI pour financer ses activités en RDC, au Rwanda et au Kenya

Une amende de plus d'un demi-million de dollars pour les opérateurs télécoms égyptiens au 1er trimestre

Telecom Namibia a recruté deux nouvelles agences de recouvrement de dettes pour traquer ses mauvais payeurs

 
TRANSPORT

Afrique du Sud : 200ème rame de train de fabrication locale livrée par le consortium Gibela à la PRASA

Burkina Faso : financé par la BID, le lot 2A de l'aéroport Ouagadougou-Donsin achevé à 92%

Côte d’Ivoire Terminal obtient la certification EDGE-Advanced pour l’efficacité énergétique de ses bâtiments

Angola : le gouvernement dévoile un projet d'interconnexion des 3 corridors ferroviaires nationaux

 
ENTREPRENDRE

Le Triple-Double: NBA Africa Startup Accelerator appuiera les jeunes pousses africaines axées sur le sportif

Cameroun : l’État multiplie les accords avec les banques pour aider les PME à accéder aux financements

Avec Caytu Robotics, le Sénégalais Sidy Ndao permet de contrôler des robots multi-tâches à distance

La start-up malienne Kénèya Koura digitalise des processus de prise en charge sanitaire

 
ECHO

Afrique : les pays acceptant le plus de passeports africains sans visa (2023)

Le passeport du Cameroun en 2023

UEMOA : les pays acceptant le plus de passeports africains sans visa

CEMAC : les pays acceptant le plus de passeports africains sans visa

 
FORMATION

L’ESC Clermont Business School implante un campus au Maroc

Lancement des candidatures 2024 pour l'Ecole ouest-africaine sur la gouvernance de l'Internet

Au Nigeria, Google et l’Etat de Kaduna lancent une formation en intelligence artificielle en langue haoussa

La Gambie annonce la création d’une université spécialisée en sciences de l’éducation

 
COMM

Kenya : la radio est le média qui suscite le plus de confiance dans la population

A Cotonou, clap de fin grandiose pour le FInAB : une fusion entre art et culture

L’Arès Fighting Championship compte toujours organiser des évènements en Afrique mais « à moyen ou long terme »

LinkedIn lance des jeux pour mettre en compétition ses utilisateurs