En créant le Groupement interbancaire monétique de l’Afrique centrale (GIMAC), la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) a voulu par cet acte rendre opérationnel le Système monétique interbancaire (SMI) de la Communauté des Etats de l’Afrique centrale (Cemac). Il s’agit de décloisonner l’usage de la carte bancaire dans la sous-région, avec pour objectif affiché le développement de l’usage de la carte bancaire comme moyen de paiement. Le GIMAC est doté d’un capital de 3,5 milliards. Entretien avec Valentin Mbozo’o, nouvellement désigné à la tête de ce groupement.
Quelles sont les ambitions de ce nouveau groupement ?
Valentin Mbozo’o : Le GIMAC est un groupement d’intérêt économique (GIE) qui réunit une cinquantaine de banques autour de la Banque centrale, porteur du projet au départ, devant reprendre en une structure unique les activités de l’Office monétique de l’Afrique centrale (OMAC) et de la Société monétique de l’Afrique centrale (SMAC), en charge depuis fin 2005 de l’animation du SMI. Par cette structure unique, la communauté financière de la sous-région entend rendre plus efficient le développement d’une monétique interbancaire à faible coût pour les utilisateurs de la région, avec pour objectif in fine la vulgarisation de l’usage de la carte par le décloisonnement des transactions entre tous les établissements financiers. Avec l’opérationnalité du SMI, les opérations interbancaires par carte seront fluidifiées, et qui plus est à moindre coût pour le porteur de carte.
Quels types de cartes sont concernés par ces opérations ?
VM : Dans un premier temps, toutes les cartes des banques de la sous-région adhérentes au GIMAC, émettrices de cartes à piste ou à puce, bien qu’à brève échéance et pour plus de sécurité des transactions monétiques, le groupement se voie dans l’obligation de promouvoir la technologie carte à puce telle que préconisée par les textes régissant le Système monétique interbancaire de la Cemac.
Combien cette interopérabilité va-t-elle coûter et qui en supportera les frais ?
VM : L’important pour les populations de la sous-région, à notre humble avis, n’est pas de savoir à combien revient la mise en œuvre de l’interopérabilité à travers le GIMAC. La pertinence de l’œuvre repose plutôt sur l’impact au porteur de carte en termes de sécurisation de ses finances dans sa mobilité et de moindre coût, de facilitation de paiement et de règlement lors de ses déplacements, toutes des opportunités facteurs de développement de l’activité économique et d’intégration dans l’espace Cemac. De même que l’interopérabilité avec les réseaux régionaux et internationaux des banques de l’espace communautaire favorisera l’accroissement de l’activité commerciale et l’intégration dans la sous-région et à l’international, sans oublier les rentrées de devises inhérentes au développement du tourisme, ainsi que la libre circulation des capitaux.
S’agissant du deuxième volet de votre question, les coûts seront supportés par la communauté financière de la Cemac. La quasi-totalité du capital du GIMAC est apportée par la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), en tant que porteur au départ de la réforme du SMI de la Cemac, dont elle est garante du bon fonctionnement, l’activité « Paiement et règlement par carte bancaire » faisant partie de ses attributions d’émission et de supervision monétaire.
Cette idée a été essayée il y a quelques années, sans succès. Quelles garanties avez-vous que cette fois est la bonne ?
VM : Si l’idée avancée dans votre question s’apparente à la mise en œuvre d’une interopérabilité des banques de la Cemac, autrement dit au succès du Système monétique interbancaire (SMI), au lieu de parler de garantie, j’évoquerai plutôt les préalables favorables au succès réunis par la Banque centrale, qui a conduit cette réforme avec la participation de toutes les banques de la sous-région à travers leurs différentes Associations des établissements de crédit (APEC) et des équipes de l’Office monétique de l’Afrique centrale (OMAC) et de la Société monétique de l’Afrique centrale (SMAC) – structures appelées à une dissolution anticipée dans les jours qui viennent –, et assistée du Cabinet Deloitte Sénégal. D’ores et déjà, une amorce du succès s’est manifestée par l’engouement de l’ensemble des banques de la sous-région lors de l’assemblée générale constitutive du groupement en question, assemblée qui s’est tenue à Douala le 4 juin 2012. Il y a une forte adhésion des banques de la sous-région pour la mise en place de cette interopérabilité interbancaire. Cela se manifeste par l’augmentation des demandes d’interconnexion et d’hébergement des banques enregistrées en quelques semaines. Le personnel du GIMAC, avec l’appui de la Banque centrale et de l’ensemble des banques de la région, se trouve à la croisée des chemins d’un challenge historique pour les générations futures. Face à tous ces défis, l’échec n’est pas permis.
Bio express de Valentin Mbozo’o, expert en monétique
1992 : diplôme d’ingénieur à Télécom et Management SudParis.
1994 : promoteur de la Société d’ingénierie et de conseil en informatique et télécommunications (SICIT).
2000 : chef du département Informatique d’ECA SA.
2003 : directeur des systèmes d’information (DSI) à la Commercial Bank Cameroun.
2007 : consultant résident à l’Office monétique de l’Afrique centrale (OMAC).
2008 : directeur du pôle technique à la Société monétique de l’Afrique centrale (SMAC).
2008 : chef de projet, puis directeur du Centre de personnalisation de cartes bancaires de l’OMAC.
Mai 2012 : chef de projet de la réforme du Système monétique interbancaire (SMI).
Novembre 2012 : directeur général du GIMAC.
Propos recueillis par Hafid Jalim pour le magazine CIO MAG No 23
Valentin Mbozo’o, directeur général du GIMAC
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.