Thierry Tanoh, qui a mené une large partie de sa carrière au sein du groupe de la Banque mondiale, a expliqué à l’Agence Ecofin la différence qu’il constate entre le management public d’une institution financière comme la SFI et le management privé d’un groupe bancaire comme Ecobank :
« Il y a tout de même de grosses différences. Quand j’étais vice président à la SFI, je peux dire que nos ressources étaient quasiment illimitées. Dès l’instant où j’avais des projets, je pouvais les financer sans problème. Mes ressources n’étaient finalement limitées que par ma capacité à proposer des projets.
La seconde différence, c’est qu’à la SFI, je n’avais pas à me préoccuper de la valorisation de mon action sur les marchés boursiers. Comme vous l’avez vu lors de notre Assemblée générale, pour les gens qui ont acheté nos actions au moment de l’IPO, la valeur de l’action aujourd’hui suscite des questions auxquelles je dois apporter des réponses. A la SFI, je n’avais pas non plus besoin de distribuer des dividendes. Vous avez également vu lors de l’Assemblée générale, l’importance que les actionnaires accordent à cet aspect de choses…
Un troisième point, c’est qu’à la SFI, j’avais un conseil d’administration diversifié du point de vue politique, mais orienté majoritairement sur les objectifs de développement. Alors que chez Ecobank, il y a des actionnaires, institutionnels ou individuels, dont les aspirations ne vont pas toujours dans le même sens.
Donc la différence, c’est qu’il faut d’abord gérer les actionnaires, gérer les investisseurs potentiels, et en même temps faire face à une concurrence accrue. Avant, j’offrais des financements et les gens étaient preneurs, maintenant, pour pouvoir offrir ces mêmes financements, il faut préalablement que j’obtienne des ressources à long terme. Donc la situation est très différente.
Par contre, ce qui reste constant, au-delà de la gestion des hommes qui est toujours la même, c’est la vison à long terme sur l’Afrique. Pour Ecobank, cette vision à long terme est essentielle puisque l’Afrique est notre marché et que nous n’en avons pas d’autre. Dans ce sens, nous ne devons pas être seulement une banque. Pour nous garantir notre croissance à long terme, il n’y a pas qu’une question d’argent. Nous devons nous impliquer dans les débats sur la mise en place des réformes, notamment au niveau bancaire, mais aussi dans certains secteurs déterminants pour la croissance de l’Afrique. Nous avons atteint aujourd’hui une taille qui nous permet de participer à ce débat. Comme vous l’avez constaté, le fait que, pour nos 25 ans, nous avons pu réunir trois chefs d’Etat (Burkina Faso, Togo et Bénin, NDLR) et un vice-président (Ghana, NDLR), démontre l’attention particulière qui est portée à notre groupe, au plus haut niveau. »
Le regard de Thierry Tanoh, DG du groupe Ecobank
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.