(Agence Ecofin) - En Afrique du Sud, la ministre de la Communication, Faith Muthambi, continue d’affirmer que tout va bien à la SABC, le groupe audiovisuel public. « Il n’y a pas de crise à la SABC», a-t-elle affirmé au cours du récent déjeuner d’information organisé par le quotidien « The New Age ». Pour la ministre, l’actualité au sein de la SABC ne saurait être assimilée à une crise.
Pourtant, l’entreprise n’a ni directeur général depuis plus d’un an, ni président de conseil d’administration depuis 7 mois. La SABC vient de perdre son directeur général de la télévision, avec la démission de Leo Manne en avril dernier, suspendu depuis 7 mois. En plus, le conseil d’administration a perdu des membres, exclus ou démissionnaires. Il y a eu la démission en décembre 2014 de la présidente du conseil, Ellen Tshabalala, engluée dans une affaire de faux diplômes. Puis le Pr Bongani Khumalo a quitté ses fonctions de membre. En mars dernier, trois membres ont été exclus. Il s’agit de Hope Zinde, Rachel Kalidass et Ronnie Lubisi.
Accusée d’avoir tiré les ficelles dans l’ombre, la ministre nie et rappelle qu’il s’agit de décisions souveraines du conseil. En moins d’un an, le conseil d’administration de la SABC a perdu 6 de ses 12 membres. Mais il n’y a pas de problème assure la ministre, car le quorum de décision est préservé selon elle.
Une autre question que Faith Muthambi minimise, c’est l’absence d’un directeur général à la SABC depuis la démission du précédent en février 2014. Lulama Mokhobo avait rendu son tablier sans donner d’explication, après 1 an et 2 mois sur les 5 ans de son mandat à la tête du groupe. « Le directeur général sera nommé. Il faut traiter avec diligence toutes les questions qui se posent afin d’éviter une situation où quelqu’un arrive et des problèmes se posent », a expliqué la ministre de la Communication. Pourtant, l’échéance de septembre 2014 était passée sans qu’un Dg ne soit nommé à la SABC.
La ministre de la Communication continue de défendre le directeur des opérations, Hlaudi Motsoeneng. Or, la nomination et la confirmation de ce dernier a été contestée au sein de l’entreprise, même par certains membres du conseil d’administration.
L’institution chargée de défendre le citoyen (Public Protector) a admis que Hlaudi Motsoeneng devait être suspendu pour mauvaise gouvernance et pour avoir produit de faux documents lors de son recrutement. Cette suspension a été ordonnée deux fois par la Haute cour de justice du Cap, mais ces verdicts ne sont pas appliqués. L’affaire est désormais devant la Cour suprême.
Même les antennes de la SABC ont été perturbées. En 2014, on a constaté la disparition pendant des mois de l’émission télévisée « Generations » qui est non seulement le programme le plus regardé sur les différentes chaînes du groupe, mais également celui qui rapporte le plus. Il avait été évoqué un problème de ressources humaines qualifiées que l’entreprise peinait à trouver, car il y a de moins en moins d’engouement à travailler à la SABC. On le voit encore avec l’appel à candidatures pour les postes vacants au sein du conseil d’administration. Face aux 24 Cv reçus, le Parlement a dû ordonner une nouvelle publicité autour, afin d’accroître les chances d’avoir de meilleurs profils.
A côté de ces éléments constitutifs d’une crise interne à l’entreprise, il y a des signaux inquiétants sur sa santé financière. En mai, le journal Sunday Times a annoncé que la SABC affichait une perte annuelle de 1,1 milliard de rands (92 millions $) au 31 mars 2015. Le site d’information Fin14 ajoute que le vérificateur général a constaté qu’en 3 ans, l’entreprise publique a gaspillé 3,39 milliards de rands (environ 272,9 millions $) dans des dépenses irrégulières.
Dans le même temps, il est reproché à la SABC d’avoir mal négocié le contrat avec l’opérateur de télédistribution MultiChoice, pour la diffusion de la nouvelle chaîne Tv dédiée aux archives des décennies 80 et 90. La SABC sera payée 100 millions de rands annuellement pendant 5 ans. Le groupe aurait dû empocher entre 300 et 400 millions de rands par an.
Assongmo Necdem
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