(Agence Ecofin) - Les derniers mois ont été une période de vaches grasses pour le contenu audiovisuel africain. Pour de nombreux experts, cela est dû à l’arrivée sur le continent des principales plateformes étrangères de streaming. Néanmoins, leur présence ne fait pas que des heureux.
Depuis quelques semaines, les plateformes de streaming présentes sur le continent se tournent de plus en plus vers le contenu local. Cette tendance, bénéfique pour les créateurs du continent, a réjoui de nombreux acteurs du secteur. Dans une récente interview accordée au média spécialisé Broadcasting Media Africa, Joel Phiri (photo), le président de la société production Known Associates Entertainment (KAE), a déclaré « c'est le bon moment pour être producteur de contenu en Afrique ».
Celui qui est à l’origine de l’adaptation locale de la série américaine à succès « Ugly Betty » se réjouit notamment du nombre de plateformes de streaming qui arrivent sur le marché africain. Pour lui, elles recherchent un contenu local de qualité pour remplir leur catalogue et, en retour, s'appuient sur la créativité des producteurs africains locaux. C’est également le point de vue de médias comme le magazine américain Variety, qui dans un reportage suggère que la « ruée vers les contenus locaux » a contribué à l'essor de la production en Afrique du Sud.
Néanmoins, il semble important de faire une nuance. L’arrivée des plateformes étrangères et de leur contenu pourrait tout aussi bien s’avérer négative pour un certain type de producteurs de contenus. Il s’agit de ceux qui produisent, mais distribuent leurs créations. Effectivement, il devient de plus en plus difficile pour les plateformes locales de rivaliser avec le mix naissant – contenu local et grands programmes internationaux – apporté par les fournisseurs de streaming étrangers.
Actuellement, aucune plateforme africaine de streaming ne peut prétendre rivaliser avec Netflix qui acquiert de plus en plus de contenu africain. Le leader mondial du streaming en coproduit également et offre ainsi une alternative à la production et distribution visée par certaines entreprises continentales.
Effectivement, la ruée vers l’arrivée des plateformes de streaming étrangères a permis d’augmenter l’intérêt pour le contenu africain, mais condamne également les créateurs à proposer leurs programmes prioritairement aux plateformes étrangères qui dominent déjà le secteur du streaming africain. Heureusement, sur le continent la télévision traditionnelle reste encore une option.
Selon le cabinet américain Digital TV Research, la télévision payante affichera 51 millions d’abonnés en 2026. A cet horizon, aucune estimation ne voit les parcs d’abonnés des OTT dépasser les 25 millions.
Malgré tout, il faut savoir que les plateformes de streaming étrangères concurrencent aussi les opérateurs de télévision payante. MultiChoice voit, par exemple, Netflix et Amazon Prime Video tuer son activité de télévision payante si rien ne change.
Servan Ahougnon
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