(Agence Ecofin) - C’est une rencontre qui aurait dû rassembler, pays producteurs et industriels autour d’un sujet commun : la durabilité de l’industrie cacao. Au final, elle a surtout montré les tensions qui règnent entre les deux parties.
La réunion internationale organisée les 26 et 27 octobre par la Fondation mondiale du cacao à Bruxelles, en Belgique se déroule en effet en l’absence de la Côte d’Ivoire et du Ghana qui produisent à eux deux, près de 60 % du cacao mondial. « Nous voulons envoyer un message clair indiquant que nous ne compromettrons pas les moyens de subsistance de nos producteurs », indique Alex Assanvo, secrétaire exécutif de l’Initiative Cacao Côte d’Ivoire-Ghana (ICCIG).
Les raisons de la discorde
Cette décision de boycott de l’évènement annoncée conjointement par les instances de régulation des deux pays s’explique essentiellement par un désaccord autour du différentiel d’origine du cacao.
Côte d’Ivoire-Ghana Cocoa Initiative (CIGCI) member countries boycott World Cocoa Foundation (WCF) partnership meeting in Brussels. @CIGhCocoa @conseilkfekko @AlexAssanvo pic.twitter.com/Qs019EYbhm
— Ghana Cocoa Board (@ghcocobod) October 26, 2022
Selon le Cocobod et le Conseil du Café-Cacao (CCC), les industriels négocieraient actuellement à la baisse, cette prime sur les contrats de la prochaine campagne 2023/2024. Une démarche qui va à l’encontre des engagements pris par les entreprises pour améliorer les revenus des producteurs et qui sape les efforts déployés par les autorités des deux pays.
En juillet dernier, le Ghana et la Côte d’Ivoire ont en effet annoncé qu’ils ne vendraient plus le cacao avec un différentiel d’origine négatif. Sur ces dernières années, la prime était en effet tombée en dessous de zéro sous la pression des multinationales dans le contexte de la mauvaise conjoncture économique liée à la pandémie de coronavirus, ce qui avait eu pour effet d’annuler l’effet du différentiel de revenu décent (DRD) fixé à 400 $ la tonne depuis 2020/2021.
« Un processus a également été lancé avec l’industrie pour tracer la voie d’un pacte économique qui a été signé par toutes les grandes entreprises. Le partenariat que nous devons forger ensemble est celui du respect mutuel de nos engagements à lutter pour sortir de la pauvreté les millions de petits producteurs de Côte d’Ivoire et du Ghana [et ceux du Nigeria et du Cameroun à l’avenir] », souligne un communiqué conjoint publié le mardi 25 octobre.
Selon les observateurs, l’absence des deux principaux producteurs devrait limiter la portée de l’évènement ainsi que l’impact des décisions qui en sortiront.
Alors que la question de la durabilité de l’industrie du cacao fait rage depuis quelques années, certains analystes estiment que plus que jamais, celle-ci dépendra du niveau de rémunération des planteurs et en premier lieu de la capacité de la Côte d’Ivoire et du Ghana à défendre les intérêts de leurs exploitants qui restent encore démunis. D’après une étude de la Banque mondiale, plus de la moitié des planteurs ivoiriens vivent sous le seuil de pauvreté, une situation identique au Ghana.
Espoir Olodo
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Meknès, Maroc.