Les Etats-Unis accusent la Russie de campagne de désinformation sur les risques de crise alimentaire en Afrique

(Agence Ecofin) - Depuis le début de la crise ukrainienne, la Russie et les nations occidentales se livrent une véritable guerre médiatique. L’un des territoires où cet affrontement est le plus visible se trouve être le continent africain.

Le département d’Etat américain accuse, dans un rapport publié le 22 juin, la Russie de mener une campagne de désinformation visant le Moyen-Orient et l'Afrique. D’après les Etats-Unis, le Kremlin essaie de faire croire que l'Ukraine et l'Occident sont responsables de la crise alimentaire mondiale qui se dessine.

Le 25 mai, par exemple, à l'occasion de la Journée de l'Afrique, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, a exhorté les ambassadeurs africains à demander la levée des sanctions « illégales et anti-russes » afin de renforcer la sécurité alimentaire. Dans une interview accordée le lendemain à RT Arabic, il a accusé l'Occident de néocolonialisme et de faire chanter les pays africains et arabes pour qu'ils adhèrent aux sanctions.

Pour les Etats-Unis qui ont également dénoncé des tweets défendant ce point de vue, la Russie essaie de faire oublier que c’est le blocus russe de la mer Noire qui empêche des millions de tonnes de céréales de quitter l'Ukraine.

Rappelant l’importance de la présence médiatique russe en Afrique, le département d’Etat américain ne met pourtant pas l’accent sur ses propres initiatives pour contrer le discours russe, dans ce qui n’est en réalité qu’une nouvelle bataille médiatique de la crise ukrainienne.

Pour le spécialiste du marché des matières premières Philippe Chalmin, la communauté internationale dramatise un peu la situation. « Il y a peu de céréales qui sortent aujourd'hui d'Ukraine, mais je rappelle que l'Afrique est surtout concernée par le blé et l'Ukraine avait presque terminé sa campagne d'exportation de blé. Dans les silos ukrainiens, avant la nouvelle campagne, il reste peut-être 4 à 5 millions de tonnes de blé. Mais en réalité, le véritable impact de la guerre en Ukraine sur les importations africaines de blé, c’est par le biais des prix. Depuis le déclenchement de la guerre, les prix mondiaux du blé ont bien pris quand même une centaine de dollars la tonne de plus », a-t-il expliqué.

Servan Ahougnon