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La France menace de se retirer du Mali si le pays « va dans le sens » de l'Islamisme radical

  • Date de création: 30 mai 2021 19:38

(Agence Ecofin) - D’après le chef d’Etat français, qui s’était déjà montré défavorable à l’arrestation par les militaires du président Bah N’Daw, la France ne restera pas aux côtés du Mali, s’il n’y a plus ni « légitimité démocratique, ni transition ».

La France pourrait se retirer du Mali si le pays choisit d’aller dans le sens de l’islamisme radical. C’est ce qu’a indiqué le président français Emmanuel Macron, dans une interview accordée au Journal du Dimanche (JDD), dans le cadre de son voyage au Rwanda et en Afrique du Sud.

« Au président malien Bah Ndaw, qui était très rigoureux sur l'étanchéité entre le pouvoir et les jihadistes, j'avais dit : 'L'islamisme radical au Mali avec nos soldats sur place ? Jamais de la vie !' Il y a aujourd'hui cette tentation au Mali. Mais si cela va dans ce sens, je me retirerai » a déclaré le chef d’Etat. Sa déclaration intervient en plein bouleversement de l’échiquier politique malien, qui a vu deux coups d’Etat se succéder en l’espace de neuf mois.

Avec plus de 5100 hommes présents au Sahel dans le cadre de l’opération Barkhane, la France est engagée depuis 2013 au Mali dans la lutte contre le djihadisme. Cependant, la persistance des attaques de ces groupes contre les civils et militaires a souvent plombé le bilan de cette force que plusieurs détracteurs qualifient d’outil de domination de la France sur son ancienne colonie dont il voudrait, toujours selon le discours anti-français, s’accaparer les ressources.

D’ailleurs certaines organisations djihadistes n’avaient pas hésité à surfer sur cette vague, et lors du sommet de Pau en janvier 2020, Emmanuel Macron avait lui-même accusé des « groupements terroristes » d’être derrière ces manifestations anti-françaises.

Dans cet environnement de moins en moins favorable à sa présence au Mali, Paris a ainsi vu l’un de ses principaux alliés, Ibrahim Boubacar Keita être déchu par un putsch en 2020. Alors que les discussions semblaient avoir abouti à une transition pacifique dirigée par un duo civil à savoir, l’ancien président Bah N’Daw et l’ancien premier ministre Moctar Ouane, un nouveau coup de force du colonel Assimi Goïta avait conduit à l’arrestation puis à la démission des deux personnalités la semaine dernière.

Ainsi, la nouvelle déclaration d’Emmanuel Macron, qui avait déjà condamné ce « coup d’Etat dans le coup d’Etat » sonne comme un coup de pression sur le nouveau pouvoir malien, incarné par le colonel Assimi Goïta, devenu depuis le 28 mai dernier le nouveau président du pays. Dans son entretien, le patron de l’Elysée a rappelé que la France ne resterait pas « aux côtés d'un pays où il n'y a plus de légitimité démocratique ni de transition ».

La question du retrait des soldats français du théâtre malien est au centre de plusieurs débats en France et est même considérée par certains observateurs comme un des points autour desquels tournera l’élection présidentielle de 2022 pour laquelle Emmanuel Macron devrait chercher à succéder à lui-même. D’ailleurs, le chef d’Etat avait lui-même déjà émis l’hypothèse d’un retrait progressif de ses forces du Sahel, et avait annoncé en début d’année un « réajustement » des effectifs français dans la région, avant de se rétracter.

Moutiou Adjibi Nourou

Moutiou ADJIBI NOUROU
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