Mali : Bah N'Daw et Moctar Ouane démissionnent, le M5 en discussions pour jouer un rôle plus important dans la Transition

(Agence Ecofin) - Après avoir été mis aux arrêts par les hommes du colonel Assimi Goïta, le président et le Premier ministre de Transition au Mali sont enfermés depuis lundi au camp militaire de Kati. Des négociations menées par une mission de médiation sont actuellement en cours pour leur libération.

Le Mali est désormais officiellement sans président et sans Premier ministre. Mercredi 26 mai, un responsable de l’armée malienne a annoncé que Bah N’Daw et Moctar Ouane ont officiellement démissionné de leurs fonctions respectives.

Les deux responsables ont annoncé leur démission aux membres de la mission internationale de médiation qui a été dépêchée pour trouver une solution à la crise malienne. « Les négociations sont en cours pour leur libération et la formation d'un nouveau gouvernement », a déclaré Baba Cissé, conseiller spécial du colonel Assimi Goïta.

?? Au palais de Koulouba à Bamako, le point presse de la junte vient de s'achever. Le Mali est plongé dans l'inconnu depuis l'arrestation et la démission dans des conditions inconnues du président Bah N'Daw et du premier ministre de la transition malienne Moctar Ouane. pic.twitter.com/n6Hp4hPdHd— Le journal Afrique (@JTAtv5monde) May 26, 2021

Arrêtés le lundi 24 mai par les membres de la junte malienne, le président et son Premier ministre ont été démis de leurs fonctions le lendemain par le colonel Goïta, vice-président de la Transition. Ce dernier les accuse d’avoir violé la charte de la Transition en formant un gouvernement excluant certains de ses proches, ce, sans l’avoir consulté.

Depuis ce nouveau coup de force, de nombreux observateurs se demandent ce qu’il adviendra de la Transition malienne, censée se terminer au bout de 18 mois par des élections libres, transparentes et démocratiques. Si Assimi Goïta a réaffirmé son intention de maintenir les élections pour 2022, il n’a en revanche pas indiqué publiquement comment la junte comptait s’organiser pour assurer la transition jusque-là.

Concernant ce dossier, le magazine Jeune Afrique a révélé que des négociations avaient démarré depuis peu entre les militaires et le mouvement du 5 juin -Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Ce mouvement d’opposition qui avait alimenté la contestation contre l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) s’est également montré assez critique envers la Transition en cours dans le pays qu’il accusait de ne pas être assez inclusive.

D’après Jeune Afrique, le colonel Goïta  aurait demandé aux membres du M5-RFP de lui proposer le nom d’une personnalité qui pourrait devenir le nouveau Premier ministre. Le mouvement aurait déjà donné son accord de principe, tout en posant des conditions aux militaires.

Notons que ce nouveau coup d’Etat fait craindre une escalade dans la crise sécuritaire que traverse le Mali depuis des décennies. En effet, depuis l’insurrection djihadiste qui a secoué le nord en 2012, le pays est le théâtre d’attaques répétitives de groupes terroristes contre des civils qui fuient massivement les exactions, mais également contre les militaires. Ces derniers avaient démis IBK de ses fonctions en août 2020.  

Désormais, tous les regards sont tournés vers les prochaines déclarations publiques d’Assimi Goïta, véritable homme fort du pays depuis le coup d’Etat de 2020 et qui semble être le nouveau métronome de la vie politique malienne.

Moutiou Adjibi Nourou