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Tunisie : Kaïs Saïed limoge le Premier ministre et suspend le Parlement

  • Date de création: 26 juillet 2021 09:36

(Agence Ecofin) - Ce matin, des affrontements ont eu lieu à Tunis entre les partisans du président Kaïs Saïed et des manifestants pro-Ennahdha. Ces derniers dénoncent la décision du chef de l'Etat de suspendre le Parlement pour 30 jours et de concentrer le pouvoir exécutif entre ses mains.

Après une journée de manifestations, le dimanche soir, le président tunisien Kaïs Saïed (photo) a limogé le gouvernement de Hichem Mechichi et suspendu pour 30 jours les travaux du Parlement. Le dirigeant indique avoir pris cette décision conformément à l’article 80 qui permet de geler les activités de l’Assemblée nationale en cas de « péril imminent » contre la nation.

« Selon la Constitution, j'ai pris des décisions que nécessite la situation afin de sauver la Tunisie, l'Etat et le peuple tunisien. Nous traversons les moments les plus délicats de notre histoire », a déclaré Kaïs Saïed. « Ce n'est ni une suspension de la Constitution ni une sortie de la légitimité constitutionnelle, nous travaillons dans le cadre de la loi », a-t-il ajouté.

A Tunis, la capitale du pays, l’annonce a été accueillie avec des scènes de liesse de la part des partisans du président de la République. Il faut dire que ceux-ci protestent depuis plusieurs jours contre l’incapacité du gouvernement et du Parlement à gérer la crise que traverse le pays. Ils réclamaient entre autres un changement de Constitution et l’installation d’une période de transition au cours de laquelle le président Saïed maintiendrait son pouvoir tout en laissant une large place à l'armée.

Cependant, du côté des parlementaires, la nouvelle passe mal. Plusieurs manifestants ont protesté contre la décision du chef de l’Etat, la jugeant inconstitutionnelle. Ce qui a donné lieu à des scènes d’affrontements. Ennahdha, le parti islamiste, dénonce un coup d’Etat : « ce qu'a fait Kaïs Saïed est un coup d'Etat contre la Révolution et contre la Constitution », a déclaré le parti, assurant son intention de « défendre la Révolution».

Ce lundi matin, Rached Ghannouchile, président du Parlement, observait un sit-in devant le siège de l’institution, après avoir été empêché d'y entrer par les soldats déployés pour faire respecter la décision du président de la République.

Pour rappel, dans la Constitution tunisienne, depuis 2014, le pouvoir est réparti entre le Parlement et le président qui n’est chargé que de la sécurité et de la diplomatie. Cependant, ce système censé renforcer la démocratie chèrement acquise après la chute du président Ben Ali a donné lieu à des bras de fer incessants entre les différentes forces qui se partagent le pouvoir, paralysant ainsi l’appareil étatique qui devient inutile à faire face aux situations d‘urgence. Entre 2019 et 2020, le pays a vu trois différents premiers ministres se succéder à la tête de gouvernements aussi instables les uns que les autres.

Cette désorganisation du pouvoir public est d’ailleurs désignée par de nombreux Tunisiens comme l’une des principales causes de la dégradation de la situation sanitaire du pays. Dépassé par les 18 600 morts répertoriés de la covid-19 pour plus de 569 289 cas enregistrés à ce jour, le système sanitaire de la Tunisie est devenu dépendant de l’aide de pays étrangers, comme la France qui l’approvisionne notamment en oxygène pour faire face à la crise.

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