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Ethiopie : les forces tigréennes accusées du massacre d'au moins 600 civils à Mai-Kadra

  • Date de création: 25 novembre 2020 14:34

(Agence Ecofin) - Dans son rapport préliminaire rendu public mardi, la Commission éthiopienne des droits de l'homme accuse les milices et la police tigréennes d’être responsables du massacre d’au moins 600 civils d’ethnies amhara et wolkait à Mai-Kadra, dans le sud-ouest de la région du Tigré.

La Commission éthiopienne des droits de l'homme (EHRC) a accusé un groupe informel de jeunes tigréens, connu sous le nom de « Samri », aidé et encouragé « par des membres de ce qui était alors l'administration locale et l'establishment de la sécurité » du massacre d’au moins 600 civils à Mai-Kadra, au sud-ouest de la région du Tigré, le 9 novembre 2020.

Dans un communiqué publié, mardi 24 novembre, la commission a rendu les conclusions préliminaires après avoir visité les localités de Mai-Kadra, Abrhajira, Sanja, Dansha, Humera et Gonder entre le 14 et le 19 novembre 2020, dans le cadre de son enquête sur les violations des droits de l'homme.

Selon le rapport préliminaire, avant de se retirer, face à l'avancée des troupes fédérales, « la milice locale et l'appareil de sécurité de la police ont uni leurs forces avec des membres du groupe Samri pour mener des raids porte-à-porte et tuer des centaines de personnes identifiées comme appartenant aux ethnies « Amhara et Wolkait », en les battant avec des bâtons, en les poignardant avec des couteaux, des machettes et des haches et en les étranglant avec des cordes ».

Sur la base des témoignages recueillis jusqu'à présent, l'EHRC a estimé qu'au moins 600 civils ont été tués. « Le nombre de morts pourrait être encore plus élevé, car il y a des rapports d'individus portés disparus au moment de la visite et de corps cachés dans des champs à l'extérieur de Mai-Kadra ».

De graves droits humains qui peuvent constituer, selon la Commission, « des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre ».

Le rapport préliminaire de l'EHRC vient confirmer celui d’Amnesty International qui avait récemment affirmé que des milices affiliées au gouvernement régional local du Tigré avaient tué de nombreux - voire des centaines - de civils, dont certains étaient des Amharas de souche à Mai-Kadra.

Le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) avait, à l’époque, nié toute implication dans ces massacres, affirmant qu'il accueillera favorablement une enquête internationale indépendante.

Une situation humanitaire alarmante

Un ultimatum de 72 heures, lancé par le gouvernement fédéral pour la reddition des forces tigréennes, doit expirer ce mercredi soir, alors que les troupes fédérales sont aux portes de la capitale de la région du Tigré, Mekele, et s’apprêteraient à donner l’assaut. Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed restant sourd aux appels incessants de la communauté internationale pour un dialogue avec les autorités du Tigré, afin d’éviter une aggravation de la situation humanitaire déjà préoccupante.

De son côté, le président de cet Etat régional et chef du TPLF, Debretsion Gebremichael, a rejeté cet ultimatum et affirmé être prêt à se battre jusqu’au bout. « Combien de fois [Abiy Ahmed, Ndlr] a-t-il dit trois jours ? Il ne comprend pas qui nous sommes. Nous sommes un peuple de principes et prêt à mourir pour défendre notre droit à administrer notre région », a-t-il déclaré lundi à l'AFP.

Le TPLF a également annoncé, via son agence de presse officielle, Tigray Mass Media Agency, avoir tiré, lundi, des roquettes sur l'aéroport de Bahir Dar, capitale de la région voisine de l'Amhara. Il s’agit de la troisième attaque du genre contre cet aéroport par le TPLF, qui affirme qu'il est utilisé par les appareils éthiopiens pour bombarder le Tigré.

Selon l’ONU, en deux semaines, plus de 33 000 personnes ont traversé la frontière avec le Soudan pour fuir les violences dans le Tigré. Et les réfugiés continuent d’affluer au rythme de plus de 2 500 par jour.

Au rythme actuel, les projections font craindre un afflux de 200 000 réfugiés pour les six prochains mois, ajoute l’institution.

Le 20 novembre, l’ONU et ses partenaires humanitaires avaient indiqué qu’ils avaient besoin de 200 millions $ pour aider les réfugiés éthiopiens, dont 50 millions $ immédiatement.

Borgia Kobri

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Borgia Kobri

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