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Kenya : un ultimatum de 14 jours pour fermer les camps de réfugiés de Dadaab et Kakuma (gouvernement)

  • Date de création: 25 mars 2021 16:57

(Agence Ecofin) - Dans un contexte d’escalade des tensions entre le Kenya et la Somalie, l’exécutif kényan prend une décision qui pourrait fragiliser davantage la paix dans la Corne de l’Afrique. Nairobi veut contraindre des centaines de milliers de réfugiés, majoritairement somaliens, à retourner chez eux.

Au Kenya, le gouvernement a ordonné la fermeture des camps de réfugiés de Dadaab et de Kakuma, invoquant des raisons de sécurité. Dans un tweet publié, mercredi 24 mars, le ministre de l’Intérieur Fred Matiang’i a donné un ultimatum de 14 jours au Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) pour mettre en place une feuille de route d’évacuation des deux camps qui abritent environ 500 000 réfugiés somaliens et sud-soudanais, pour la plupart.

« Il n’y a pas de place pour d’autres négociations », a affirmé Matiang’i, faisant référence aux nombreuses initiatives du gouvernement de fermer le camp de Dadaab, proche de la frontière somalienne. La première décision de fermeture, en 2016, avait achoppé sur un arrêt de la Haute cour du Kenya qui l'avait qualifiée d’inconstitutionnelle. En 2019, le Kenya avait plié face aux pressions diplomatiques.

Les tentatives du gouvernement kényan de fermer Dadaab étaient motivées par des rapports des services de sécurité décrivant le camp comme un foyer de terrorisme. Les attaques ayant visé le centre commercial Westgate et l’université de Garissa, respectivement en 2013 et 2015, auraient eu lieu avec la participation d'éléments issus du camp.

Pour de nombreux observateurs, cette nouvelle tentative est un moyen de pression sur la Somalie, dans un contexte d’exacerbation des tensions entre les deux pays. Ce que nie le Kenya. L’initiative n’aurait aucun lien avec la brouille diplomatique actuelle entre les deux pays.

L’ultimatum de Nairobi prend de court le HCR qui a exhorté l’exécutif à reconsidérer sa décision de fermer les deux camps. « Le HCR est préoccupé par l'impact que cette décision aurait sur la protection des réfugiés au Kenya, y compris dans le contexte de la pandémie actuelle de COVID-19. Nous poursuivrons notre dialogue avec les autorités kényanes sur cette question », a déclaré l'agence dans un communiqué.

Autrefois, le plus grand du monde, le camp de réfugiés de Dadaab a été créé en 1991. Avec le camp de Kakuma, ils ont pris des proportions gigantesques et abritent, outre les Somaliens et les Sud-soudanais, des réfugiés burundais, éthiopiens et congolais. Toutefois, les conditions d’un retour ne se présentent pas sous le même jour pour tous ces déplacés. Le contexte sécuritaire de la Somalie est toujours aussi préoccupant qu’en 1991.  

Stéphane Alidjinou

Stéphane ALIDJINOU
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