(Agence Ecofin) - Le 25 juillet dernier face à la crise que traverse la Tunisie, le président Kaïs Saïed a annoncé la suspension du Parlement pour 30 jours. Ce délai désormais prolongé jusqu’à nouvel ordre suscite l’inquiétude quant aux possibles dérives autoritaires qui pourraient en résulter.
Le président tunisien Kaïs Saïed (photo) a décidé de prolonger la décision de suspension des activités du Parlement national. L’annonce a été faite par la présidence, dans un communiqué publié dans la nuit du lundi 23 août.
Le chef de l’Etat « a émis un décret présidentiel prolongeant les mesures d'exception concernant le gel des activités du Parlement ainsi que la levée de l'immunité de tous les députés, et ce, jusqu'à nouvel ordre », a indiqué le document.
#Tunisie @TnPresidency
— FRANCE MAGHREB 2 (@FMAGHREB2) August 24, 2021
? Le Président #Kais_Saied publie un décret présidentiel PROROGEANT LES MESURES EXCEPTIONNELLES édictées en vertu du décret N°80 concernant la suspension du Parlement et la levée de l'immunité parlementaire de ses députés JUSQU’À NOUVEL ORDRE ⤵️ https://t.co/RZk9Br4bEJ
Ce nouveau gel fait suite à un premier annoncé le 25 juillet dernier par le président Saïed face à la crise que traverse le pays. Diversement appréciée de la population tunisienne divisée entre les soutiens et les opposants au président de la République, la mesure ne devait initialement durer que trente jours. Sa prolongation « jusqu’à nouvel ordre » devrait raviver les contestations notamment au sein du parti islamiste Ennahdha, majoritaire au Parlement qui avait déjà dénoncé un « coup d’Etat contre la Révolution ».
Pour rappel, Kaïs Saïed légitime sa décision par l’article 80 qui permet de geler les activités de l’Assemblée nationale en cas de « péril imminent » contre la nation. Ce péril pourrait être justifié par la crise socio-économique et sanitaire que traverse le pays, favorisée par une paralysie de l’appareil étatique due selon plusieurs observateurs, aux bras de fer incessants entre les différentes forces qui se partagent le pouvoir. Entre 2019 et 2020, le pays a vu trois différents premiers ministres se succéder à la tête de gouvernements aussi instables les uns que les autres, alors que les cas de covid-19 continuent d’augmenter, atteignant 642 788 cas répertoriés à ce jour pour 22 609 morts.
Avec cette prolongation du gel du Parlement, la purge anticorruption entamée par Kaïs Saïed devrait se poursuivre alors que la communauté internationale et les organisations de la société civile craignent un retour aux années sombres de dérives autoritaires. Des craintes, essentiellement fondées par les pleins pouvoirs que cette suspension du Parlement accorde au chef d’Etat tunisien.
D’après les autorités, « le président s’adressera dans les prochains jours au peuple tunisien ».
The President will, in the upcoming days, deliver an address to the Tunisian people. #TnPR
— Tunisian Presidency - الرئاسة التونسية (@TnPresidency) August 23, 2021
Moutiou Adjibi Nourou
Palais du Pharo, Marseille, France - Explorer, Investir, Réussir.