(Agence Ecofin) - Pointés du doigt, les rebelles hutus rwandais du FDLR tentent de se défendre, alors que l’ONU réclame une enquête diligente sur les circonstances et les auteurs de l’attaque contre le convoi du PAM, ayant coûté la vie à l’ambassadeur italien en RDC.
Les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) ont accusé le lundi 22 février, les « éléments » rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) d’être responsables de l’attaque au cours de laquelle ont péri l’ambassadeur italien, Luca Attanasio, son garde du corps italien, Vittorio Iacovacci, et un chauffeur congolais du Programme alimentaire mondial (PAM), Mustapha Milambo, dans la province orientale du Nord-Kivu.
Selon le ministère congolais de la Défense, quatre personnes ont été kidnappées lors de l'attaque, dont l'une « a été retrouvée » par des soldats congolais. Plusieurs blessés sont également signalés.
Mes condoléances les plus attristées à la République d'Italie et à la famillebiologique, la perte de l'ambassadeur Attanasio, dans des circonstances tragiques, non encore élucidées, nous affecte au plus haut point. Ce crime ne restera pas impunis. pic.twitter.com/MfqF85RfHz
— RDC Félix News (@TshitshiNews) February 23, 2021
Dans une déclaration lue dans la soirée du lundi à la Télévision nationale par son porte-parole, Kasongo Mwema Yamba Y'amba, le président de la RDC, Félix Tshisekedi, a condamné « avec la plus grande fermeté cette attaque » qualifiée de « terroriste ». Il a dans le même temps, réclamé une enquête afin que les auteurs soient « identifiés et traduits devant la justice ».
Faire tte la lumière sur le meurtre de l'ambassadeur d'Italie ! @fatshi13 dépèche 1 équipe en appui aux enquêtes sur le terrain. Ds le mm temps, 1 émissaire porte ce jour, 1 message au Pdt italien, 1 autre va à chq famille des victimes de l'attentat terroriste de ce lundi.
— Kasongo Mwema Yamba Y'amba (@mwema_y) February 23, 2021
Une enquête a également été demandée « avec diligence » par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Dans une déclaration, les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont aussi fermement condamné l’attaque.
I strongly condemn the attack against a @WFP joint field mission in the Democratic Republic of the Congo, which resulted in the killing of the Italian Ambassador to the country, his bodyguard & a WFP colleague.
— António Guterres (@antonioguterres) February 22, 2021
The perpetrators must be brought to justice. https://t.co/HnlwbHLA6o
Indexées, les FDLR ont nié être « impliquées dans l’attaque». Dans une déclaration citée par l’AFP, elles « demandent aux autorités congolaises et à la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) de faire toute la lumière sur les responsabilités de cet ignoble assassinat au lieu de recourir à des accusations hâtives ».
D’après les rebelles hutus rwandais, « le convoi de l’ambassadeur a été attaqué dans une zone dite des trois antennes, près de Goma sur la frontière avec le Rwanda, non loin d’une position des FARDC [Forces armées de la RDC, Ndlr] et des Forces rwandaises de Défense [Armée du Rwanda, Ndlr] ».
« Les responsabilités de cet ignoble assassinat sont à rechercher dans les rangs de ces deux armées », soutiennent de leur côté les FDLR.
Des accusations que les autorités congolaises et rwandaises ont aussitôt rejetées selon Le Parisien, niant systématiquement toute présence des troupes rwandaises sur le territoire congolais.
Selon un expert du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), l’attaque du convoi du PAM a eu lieu en territoire de Nyiragongo. A proximité, se trouvent aussi bien les fiefs de la rébellion hutu rwandaise FDLR que des milices hutus congolaises Nyatura, ainsi que ceux des rebelles congolais du M-23, rapportent plusieurs médias.
D’après le ministère congolais de l'Intérieur, « les services de sécurité et les autorités provinciales n'ont pu ni assurer des mesures de sécurisation particulière du convoi ni venir en aide [aux personnes qui s'y trouvaient, Ndlr], faute d'informations sur leur présence dans cette partie du pays pourtant réputée instable ».
Créées au début des années 2000 par des rebelles hutus rwandais, les FDLR sont l'un des nombreux groupes armés qui sévissent dans l’est de la RDC. Pas moins d'une quarantaine y ont été dénombrés faisant de la région un territoire particulièrement instable, et où persiste une crise grave humanitaire.
Borgia Kobri
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