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RDC : la Chine s’oppose à un rapport pointant les déséquilibres du méga-contrat « mines contre infrastructures »

  • Date de création: 21 février 2023 15:07

(Agence Ecofin) - Alors que l’Inspection générale des finances congolaise pointe le « non-respect » par les entreprises chinoises de leurs engagements dans le volet infrastructures, Pékin dénonce un rapport « plein de préjugés et qui ne correspond pas à la réalité ». 

Le gouvernement chinois a rejeté en bloc, vendredi 17 février, le contenu d’un rapport publié la veille par l’Inspection générale des finances congolaise (IGF) qui fait état d’un « grand déséquilibre » dans le méga-contrat « ressources naturelles contre infrastructures » signé avec la Chine en 2008 par l’administration de l’ancien président Joseph Kabila.

« Nous avons appris avec stupéfaction la publication d’un rapport sur le contrat chinois par l’Inspection générale des finances de la République démocratique du Congo. Nous avons le regret de constater que le rapport, dont le contenu est plein de préjugés, ne correspond pas à la réalité, ne peut pas être considéré comme crédible et n’a pas de valeur constructive », a souligné l’ambassade de Chine en RDC dans un communiqué publié sur son compte Twitter.

« Le contrat chinois constitue un bel exemple de partenariat gagnant-gagnant. Il s’agit d’un fait indéniable. De nombreuses réalisations palpables prouvent que la partie congolaise a bénéficié effectivement de cette coopération », a-t-elle ajouté.

Pékin a également exhorté les entreprises chinoises impliquées dans le contrat minier à « travailler avec leur partenaire congolais pour améliorer la coopération en la faisant bénéficier davantage à la partie congolaise et résoudre les désaccords à travers le dialogue amical et raisonnable ».

L’empire du Milieu a cependant promis de « défendre fermement les droits et intérêts légitimes des entreprises chinoises » et de « riposter résolument à toute violation » de ces droits.

L’IGF avait exigé, dans un rapport rendu public jeudi 16 février, 17 milliards de dollars d'investissements supplémentaires dans les infrastructures dans le cadre de cet accord en vertu duquel les groupes chinois Sinohydro Corporation et China Railway Engineering Corporation ont accepté de construire des infrastructures (routes,  ponts, hôpitaux, fourniture de l’eau potable, etc.) en échange d'une participation de 68 % dans la Société sino-congolaise des mines (Sicomines), une coentreprise spécialisée dans l’exploitation du cuivre et du cobalt avec la société minière publique congolaise Gécamines.

Dans le cadre de ce deal, baptisé « le contrat du siècle » au moment de sa signature, les investisseurs chinois se sont engagés à consacrer 3 milliards de dollars à des projets d'infrastructure, mais l'IGF a demandé que cet engagement soit porté à 20 milliards de dollars, afin de refléter la valeur réelle des concessions minières que la Gécamines a apportées à l'accord. 

L’institution a révélé dans son rapport que Sicomines n’a jusqu’ici investi que 822 millions de dollars dans les infrastructures alors que les entreprises chinoises ont déjà engrangé 10 milliards de dollars. « Les entreprises chinoises ont déjà encaissé un gain évalué à près de 10 milliards de dollars américains, tandis que la République démocratique du Congo n’a bénéficié que de 822 millions de dollars en termes d’infrastructures », a souligné l’Inspection.

« Le déséquilibre criant qui a été constaté, le bradage, la dilapidation de nos minerais constatés dans ce contrat a été également l’œuvre de fils égarés de notre pays, qui ont accompagné les entreprises chinoises dans cette œuvre macabre contre notre pays », a-t-elle ajouté, demandant un investissement « immédiat » d'un milliard de dollars par la Sicomines, et un engagement à ce que la main-d'œuvre des projets d'infrastructures soit congolaise à 50 %.

L’IGF a également appelé le gouvernement congolais à « renégocier le contrat minier afin d'ajuster et d'équilibrer les devoirs et les avantages des deux parties et de les mettre en conformité avec la valeur de leurs contributions respectives ». Elle a par ailleurs plaidé pour une révision à la hausse de la participation de la Gécamines dans la Sicomines, qui se limite actuellement à 32 %.

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