Tchad : Idriss Déby Itno mortellement blessé au front, l’armée annonce une transition de 18 mois

(Agence Ecofin) - Réélu hier pour un sixième mandat, le chef de l’Etat tchadien Idriss Déby est décédé à l’âge de 68 ans dans des combats contre les rebelles du FACT. Un conseil de transition a été annoncé, le gouvernement et le parlement dissous et toutes les frontières fermées.

Le président tchadien Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 30 ans, et qui venait tout juste d’être réélu, est décédé des suites de blessures reçues alors qu'il commandait son armée dans des combats contre des rebelles. C’est ce qu’a annoncé le porte-parole de l’armée tchadienne le général Azem Bermandoa Agouna sur la télévision d'Etat.

« Le président de la République, chef de l'Etat, chef suprême des armées, Idriss Déby Itno, vient de connaître (sic) son dernier souffle en défendant l'intégrité territoriale sur le champ de bataille. C'est avec une profonde amertume que nous annonçons au peuple tchadien le décès, ce mardi 20 avril 2021, du maréchal du Tchad » a annoncé le général Agouna. « Le maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno, comme il le fait chaque fois que les institutions républicaines sont gravement menacées, a pris la tête des opérations lors du combat héroïque mené contre les hordes terroristes venues de la Libye. Il a été blessé au cours des accrochages et a rendu l’âme, une fois rapatrié à N’Djamena », ajoute-t-il.

Le maréchal Idriss Deby serait décédé, selon une déclaration lue à la Télé #Tchad. pic.twitter.com/0pNPfA8FaB

— THOMAS DIETRICH (@thomasdietrich0) April 20, 2021

Depuis le dimanche 11 avril dernier, le pays sahélien faisait face à une incursion des rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT). Bien que l’armée ait annoncé « avoir vaincu l’ennemi », plusieurs ambassades occidentales avaient conseillé à leurs ressortissants de quitter le Tchad. Des affrontements auraient repris au soir du dimanche 18 avril entre les rebelles et l’armée.

Arrivé au pouvoir en 1990, après avoir renversé le dictateur Hissène Habré, Idriss Déby avait été réélu plusieurs fois depuis lors et venait d’obtenir un sixième mandat à l’issue de l’élection présidentielle du 11 avril dernier. Le scrutin avait été boycotté par une partie de l’opposition qui le considérait comme une mascarade électorale.

Rempart contre le djihadisme au Sahel

Les circonstances de la mort du maréchal autoproclamé de 68 ans restent floues. Par contre son décès représente un coup terrible pour ses alliés, occidentaux comme africains, qui considéraient Idriss Déby comme l’un des derniers remparts contre le terrorisme au Sahel. Sous son leadership, l’armée tchadienne était devenue célèbre pour ses exploits dans la lutte contre le terrorisme.  

Lui-même ancien rebelle, le chef d’Etat n’hésitait d’ailleurs pas à aller au front avec ses hommes. Cela avait été le cas lors de l’opération « Colère de Boma » qui avait permis d’éliminer 1000 djihadistes de Boko-Haram, selon les chiffres gouvernementaux. Cette exposition récurrente qui lui aura vraisemblablement été fatale cette fois participait à la popularité du chef d’Etat auprès de ses partisans et de son armée, malgré les accusations de dérives autoritaires formulées contre lui.

Des élections démocratiques après une transition

Pour remplacer le dirigeant, l’armée a annoncé la mise en place d’un conseil militaire qui sera à la tête du pays pendant 18 mois. A l’issue de ce délai, des élections démocratiques devraient être organisées, apprend-on.

Face à cette situation, les experts se demandent déjà si on assistera à une ouverture de l’espace démocratique tchadien au cours des prochains mois. Rien n’est moins sûr cependant, et en cas d’instabilité, le régime militaire pourrait compter sur ses alliés pour éviter que la déstabilisation du pays ne fasse définitivement basculer le Sahel dans le giron djihadiste.

D’après l’armée, le gouvernement et l’Assemblée nationale ont été dissous. Un deuil de 14 jours a été décrété, toutes les frontières terrestres et aériennes fermées alors qu’un couvre-feu entrera en vigueur de 18h à 5h du matin.

Moutiou Adjibi Nourou