Ethiopie : la situation humanitaire toujours alarmante dans le Tigré malgré une baisse du flot de réfugiés vers le Soudan

(Agence Ecofin) - Deux mois après la fin officielle des opérations militaires dans le Tigré, annoncée par les autorités fédérales d’Ethiopie, la situation humanitaire et sécuritaire dans cette région au nord du pays demeure préoccupante avec un risque de famine généralisée.

Dans son rapport périodique sur la situation humanitaire au Soudan, publié le dimanche 7 février, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) indique que le nombre de réfugiés éthiopiens fuyant l’insécurité dans la région frontalière du Tigré, dans le nord de l'Ethiopie, avait atteint 60 889 contre 60 500, une semaine plus tôt.

D’un pic de plus de 6000 arrivées journalières en novembre, l’afflux quotidien de réfugiés a significativement baissé à un peu plus d’une quarantaine, ces dernières semaines.

Même si le flot quotidien d’arrivées de réfugiés éthiopiens traversant la frontière pour rejoindre le Soudan a considérablement faibli depuis le déclenchement du conflit militaire dans le Tigré en novembre 2020, la situation sécuritaire et humanitaire dans cette région d’Ethiopie reste encore préoccupante. Et ce, malgré les assurances données par les autorités fédérales du pays.

Le samedi 6 février, le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), David Beasley, a déclaré avoir conclu un accord avec l'Ethiopie pour élargir l'accès aux travailleurs humanitaires et « intensifier » les opérations dans la région du Tigré.

Le gouvernement et le PAM « se sont mis d'accord sur des mesures concrètes pour élargir l'accès des humanitaires à travers le Tigré, et le PAM intensifiera ses opérations », a déclaré Beasley sur Twitter, après une visite à Mekelle, la capitale de l’Etat régional.

« Près de 3 millions de personnes ont besoin de notre aide maintenant et nous n'avons pas de temps à perdre », a-t-il ajouté.

Important breakthroughs in #Ethiopia today! @WFP and the Government of Ethiopia have agreed on concrete steps to expand access for humanitarians across #Tigray, and WFP will scale up its operations. Nearly 3 million people need our help NOW and we have no time to waste. pic.twitter.com/u3y919K3bK

— David Beasley (@WFPChief) February 6, 2021

Dans un communiqué, le PAM a fait savoir que les autorités éthiopiennes avaient accepté d'accélérer l'examen des demandes des travailleurs humanitaires de se déplacer dans la région assiégée afin de fournir une aide alimentaire d'urgence et d'aider au transport de cette aide vers les zones rurales difficiles à atteindre. Avec la possibilité que des « escortes armées pour le fret et le personnel humanitaire soient entreprises en dernier recours ».

#Ethiopia: The food in this warehouse is part of 20,000 tons that @WFP is transporting to support 1.3M people. It's now being prepped for distribution across #Tigray. We hope this is the start to addressing ALL humanitarian needs. Not a single person deserves to go to bed hungry. pic.twitter.com/IuwPCUNjYY

— David Beasley (@WFPChief) February 7, 2021

Un premier accord signé entre les autorités fédérales d’Ethiopie et l’ONU, début décembre 2020, restreignait l'accès des humanitaires aux zones sous contrôle gouvernemental.

La région du Tigré reste largement coupée des médias, ce qui rend difficile l'évaluation de la situation sur le terrain.

Récemment, un nouveau rapport de l'ONU a indiqué que la situation des civils au Tigré était devenue « extrêmement alarmante » au milieu d’une faim croissante et d'une situation sécuritaire « instable et imprévisible ».

Pour sa part, le gouvernement fédéral tente de minimiser les craintes d'une famine généralisée en mettant en avant ses propres efforts pour répondre aux besoins de la population. Il affirme avoir fourni une aide alimentaire d'urgence à 1,8 million de personnes.

Borgia Kobri