Ethiopie : la région du Tigré va maintenir unilatéralement ses élections le 9 septembre, malgré le veto d'Abiy Ahmed

(Agence Ecofin) - Alors que les élections générales en Ethiopie ont été reportées à cause de la covid-19, les leaders de la région du Tigré ont décidé de maintenir leur scrutin le mercredi 9 septembre prochain. Cette décision est considérée comme une provocation contre le gouvernement Abiy Ahmed.

La région éthiopienne du Tigré va maintienir la tenue de ses élections le mercredi 9 septembre prochain. L’annonce a été faite par Getachew Reda (photo), porte-parole du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).

Cette annonce vient un peu plus envenimer les tensions entre les leaders de cette région et le gouvernement fédéral dirigé par Abiy Ahmed. Elles ont commencé en 2019, avec la décision du Premier ministre de fusionner tous les partis de la coalition au pouvoir.

En mars 2020, le dirigeant a annoncé que le niveau de propagation de la pandémie de coronavirus dans le pays rend risquée l’organisation des élections législatives et régionales dans les prochains mois. Le scrutin initialement fixé au 29 août a alors été reporté.

Pour les leaders du TPLF qui ont rejeté cette décision, le Premier ministre utilise la pandémie de covid-19 pour repousser une échéance électorale qui lui est défavorable, afin d’instaurer une « dictature ». De ce fait, ils annoncent l’organisation de leurs propres élections.

Pour de nombreux observateurs, cette situation qui s’ajoute à la crise sanitaire risque de dégrader le climat social déjà délétère dans le pays. A Addis-Abeba, le gouvernement semble se réserver le droit d’utiliser tous les moyens « constitutionnels » nécessaires pour répondre à ce qui est considéré comme une provocation du TPLF, parti qui a longtemps été au pouvoir dans le pays.

De leur côté, les leaders du Tigré semblent prêts à faire face à toute réponse du gouvernement. « Nous savons qu’il y a la menace ouverte d’une intervention militaire contre le Tigré et d’un blocage des fonds gouvernementaux, mais nous irons quand même au vote », a déclaré Getachew Reda. Et d’ajouter : « nous savons qu’il y aura des conséquences ».

Moutiou Adjibi Nourou