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Côte d'Ivoire : Alassane Ouattara déclaré vainqueur du scrutin, face à l’opposition qui annonce un Conseil de transition

  • Date de création: 03 novembre 2020 09:32

(Agence Ecofin) - La répétition du scénario des élections de 2010 semble se préciser en Côte d’Ivoire. Alors que la Commission électorale vient de déclarer Alassane Ouattara vainqueur du scrutin avec 94,27% des voix, l’opposition qui conteste sa légitimité, annonce un Conseil de Transition.

Le président sortant, Alassane Ouattara (photo), a été déclaré vainqueur au premier tour de l’élection présidentielle du 31 octobre en Côte d’Ivoire par la Commission électorale (CEI), avec 94,27% des voix. Le taux de participation, véritable enjeu du scrutin, est officiellement de 53,90%, selon une déclaration faite par  la CEI ce mardi 3 novembre.

Dans la journée du lundi 2 novembre, l’opposition qui sur la base de ce qu’elle considère comme une « victoire » de son mot d’ordre de « désobéissance civile » avait déjà déclaré qu’elle ne reconnaitra pas le scrutin et pris acte de la « fin de mandat du président Ouattara », a annoncé la création d’un « Conseil National de Transition ».

Présidé par l’ex-président Henri Konan Bédié, ce Conseil , selon l’opposition, a pour mission de « préparer le cadre de l’organisation de l’élection présidentielle juste, transparente et inclusive ; mettre en place dans les prochaines heures, un gouvernement de transition ; convoquer les assises nationales pour la réconciliation nationale en vue du retour à une paix définitive en Côte d’ivoire ».

Une configuration qui replonge le pays dans une situation proche de celle qu’il a traversé après l’élection présidentielle de 2010, avec deux présidents de la République et deux gouvernements. Le conflit armé qui s’en est suivi avait abouti à la prise effective du pouvoir par Alassane Ouattara, alors adoubé par la communauté internationale.

Dix ans après, les germes d’un conflit pointent encore à l’horizon. Déjà, les contestations populaires ont fait un nombre indéterminé de victimes – une centaine de morts, selon l’opposition.

Du côté du pouvoir en place, on tient à adopter un langage de fermeté. « L'opposition assumera les conséquences de ses actes », a déclaré, Mamadou Touré, porte-parole du parti au pouvoir sur les antennes de France 24.

Dans la nuit du lundi à mardi, des tirs ont été signalés près des domiciles de plusieurs leaders de l’opposition ivoirienne. « Ma résidence a été attaquée par des tirs à l'arme lourde, orchestrée par la CRS. Simultanément, les résidences des membres de l'opposition — Assoa Adou, Dr Abdallah Toikeusse Mabri et Pascal Affi N'Guessan ont également été attaquées », a tweeté l’ex-président Henri Konan Bédié pendant la nuit.

Plusieurs structures d'observation électorale ont par ailleurs dressé un bilan assez critique du scrutin du 31 octobre.

Selon l’ONG INDIGO, soutenu par le NDI (National Democratic Institute) qui a déployé 750 observateurs électoraux, « en dépit des efforts des pouvoirs publics pour garantir un scrutin sécurisé, des appels au boycott actif de l'opposition, l'extrême volatilité du contexte sociopolitique, la relative psychose qui s’est emparée de nombreuses localités du pays, la multiplication des actes de violence et de vandalisme (…) n'ont pas permis l'expression massive et sereine du suffrage pour une partie importante de la population ».

Quant au rapport de la mission conjointe d'observation de l'Institut électoral pour une démocratie durable en Afrique (EISA) et du Centre Carter, il conclut que « le contexte politique et sécuritaire n'a pas permis d'organiser une élection présidentielle compétitive et crédible. Le processus électoral a exclu un grand nombre de forces politiques ivoiriennes et a été boycotté par une partie de la population dans un environnement sécuritaire volatile ».

Pour sa part, la mission d'observation de la CEDEAO, elle relève « un scrutin émaillé de violences » et « une participation mitigée dans les zones méridionales et centrales, et une participation relativement élevée dans le nord du pays ». « Le processus électoral, en l’absence de dialogue pourrait affecter la cohésion sociale dont le peuple ivoirien a besoin pour faire face aux défis sanitaires et de développement du pays », conclut la mission d'observation de l’institution sous-régionale.

Borgia Kobri

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Borgia Kobri
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