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Génocide rwandais : le parquet de Paris demande un non-lieu dans l'affaire du massacre de Bisesero

  • Date de création: 03 mai 2021 20:52

(Agence Ecofin) - En 1994, plusieurs réfugiés tutsis avaient été découverts à Bisesero par des soldats français avant d’être massacrés 3 jours plus tard par des génocidaires hutus. En 2005, plusieurs associations ont lancé une procédure judiciaire contre l’armée française pour « complicité de génocide par inaction ».

Le parquet de Paris a demandé un non-lieu dans l’affaire du massacre de Bisesero en juin 1994 au Rwanda. L’information a été rapportée ce lundi par l’AFP citant des sources proches du dossier.

L’affaire porte sur des faits reprochés à l’armée française pendant le génocide rwandais. Plus précisément, elle concerne les actions de l’opération turquoise (mise en place par l’armée française entre juin et août 1994), à Biserero, une chaîne de collines située à l’ouest du Rwanda.

Selon plusieurs associations, l’armée française aurait délibérément abandonné aux mains des Hutus, environ 2000 tutsis (chiffre basé sur un témoignage rapporté par le lieutenant-colonel Duval) réfugiés dans cette région pour échapper aux massacres.

D’après les témoignages, plusieurs d’entre eux auraient été assassinés entre le 27 et le 30 juin 1994, alors qu’ils attendaient une aide de l’armée française qui, après les avoir découverts quelques jours plus tôt, avait promis de revenir les aider. Finalement, seuls 800 Tutsis réfugiés dans la région ont finalement pu être secourus par la France après les massacres.   

Les faits avaient été portés devant la justice française par les associations Survie, Ibuka, Fidh et six rescapés de Bisesero, qui poursuivaient plusieurs officiers français pour « complicité de génocide par inaction ». Cinq d’entre eux étaient visés par l’enquête, mais n’ont jamais été mis en examen.

Selon le procureur de Paris Rémy Heitz, le parquet considère qu’il n’a été établi « aucune aide ou assistance des forces militaires françaises lors de la commission d’exactions, aucune adhésion de ces dernières au projet criminel poursuivi par les forces génocidaires ni aucune abstention d’intervenir face à des crimes constitutifs d’un génocide ou de crimes contre l’humanité en vertu d’un accord antérieur ».

Cette réquisition intervient en plein processus de détente des relations franco-rwandaises, suite notamment à la publication du rapport Duclert commandé par le président Emmanuel Macron. Ce rapport qui a été favorablement accueilli par les autorités rwandaises avait conclu à une lourde responsabilité de l’Hexagone dans le génocide rwandais, sans pour autant établir des preuves de complicité avec le régime hutu. D’ailleurs, le document avait qualifié d’« échec profond » de la France, les événements de Bisesero.

Face à cette réquisition, les parties plaignantes dénoncent « un déni de justice ». Rappelons que la décision finale doit être rendue par les juges d’instruction.

Moutiou Adjibi Nourou

Moutiou ADJIBI NOUROU
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