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Afrique du Sud : « Eskom a perdu un grand nombre de ses compétences au cours des années écoulées », selon Johan Van Den Berg

  • Date de création: 24 septembre 2016 22:59

(Agence Ecofin) - Le secteur énergétique sud-africain s’est significativement amélioré au cours de ces derniers mois, après avoir frôlé l’effondrement. Energies Africaines s’est entretenu avec Johan Van Den Berg, le président de l’Association sud-africaine de l’énergie éolienne (SAWEA).

Energies Africaines : Au cours des derniers mois, le secteur sud-africain a connu un renouveau. Comment le gouvernement est-il parvenu, en quelques mois, à réhabiliter un secteur qui était au bord de l’abîme ?

Johan Van Den Berg : Le système ne se porte pas aussi bien qu’il n’y paraît et la validité du parc de centrales à charbon est d’environ 75%. La demande énergétique a baissé en raison de la récession et de la baisse du prix des produits de base en Chine. Cela a conduit à une baisse de la production de l’activité minière, notamment dans les domaines énergétivores tels que les fonderies de ferrochrome, d’aluminium, etc.

En effet, le pays est en proie à une récession d’environ 9%, qui a abouti à une baisse considérable des activités du secteur économique. Cela a donné l’illusion, lorsque les capacités ont été augmentées, grâce aux renouvelables notamment, que nous générions assez d’énergie pour tout le monde. Cependant, la production d’énergie est à peu près au même niveau qu’en 2008, alors que nous entrions dans la récession, et les tendances suggèrent que nous ne sommes pas encore arrivés au niveau plancher.

EA : Pourquoi les autorités ont-elles attendu si longtemps avant d’engager cette restructuration du secteur énergétique ?

JVDB : Eskom a perdu un grand nombre de ses compétences au cours des années écoulées. Il a également subi une ingérence politique dans la mise en place de ses différents projets, notamment son programme de maintenance. Par exemple, lors de la Coupe du monde 2010, Eskom a dû se conformer à la politique générale qui était de « garder les lumières allumées à n’importe quel prix ». Autant de facteurs qui ont transformé la maintenance préventive de réseau électrique en une espèce menacée.

EA : Cette réhabilitation ouvre de nouvelles possibilités pour ce qui est du potentiel du réseau électrique national. Le gouvernement s’arrêtera-t-il là ou ira-t-il plus loin dans le développement du secteur ?

JVDB : Nous avons un potentiel important pour mettre en place un secteur énergétique solide et respectueux de l’environnement. Cependant, la réalisation de ce potentiel est entravée par le manque d’une vision forte et cohérente des objectifs que nous voulons atteindre et des rôles du gouvernement, d’Eskom et du secteur privé dans l’atteinte de ces buts. Le développement des énergies renouvelables se poursuivra aussi longtemps que le gouvernement continuera la mise en œuvre du Programme d’acquisition de producteurs indépendants d’énergies renouvelables (REIPPPP), qu’Eskom continuera avec une bonne maintenance du réseau électrique et que ce dernier sera régulièrement étendu.

Des partenariats avancés pour la mise en place d’un réseau électrique optimisé requièrent une forte vision et un engagement des acteurs importants du système, qui actuellement fait défaut.

EA : Quelles sont les mesures concrètes à prendre par le gouvernement pour aller plus loin dans le développement du secteur ?

JVDB : La poursuite du REIPPPP, même en cas de retard. Nous pouvons également mettre en place des programmes de revalorisation de l’énergie, notamment dans la production du gaz et de la chaleur, communément appelée cogénération. Le pays pourrait également confier, comme il le fait avec les énergies renouvelables, la construction des centrales à charbon aux entreprises privées. Dans le même temps, la mise en place des compteurs solaires continuerait de façon accélérée.

EA : Que pensez-vous des déclarations de Brian Molefe, le directeur d’Eskom, selon lequel les énergies renouvelables ne sont pas parvenues à participer à la relève du secteur énergétique ?

JVDB : De janvier à juin 2015, l’énergie éolienne à elle seule a économisé à Eskom 300 millions de rands (19,6 millions de dollars), qui devaient servir à l’achat de charbon et de diesel. Les énergies solaires et éoliennes ont permis d’éviter et de réduire les délestages sur une durée de quinze jours, selon une étude publiée par le Conseil pour la recherche scientifique et industrielle.

Récemment, la ministre de l’Energie, Tina Joemat-Pettersson, a affirmé que le programme d’énergies renouvelables avait été un succès sans précédent. Selon ses informations, les énergies renouvelables participent au réseau électrique à 16% à n’importe quelle heure de la journée, avec des pics au matin et dans l’après-midi.

Il est donc difficile de concevoir, dans ce contexte, que les énergies renouvelables n’ont joué aucun rôle dans l’évolution constatée dans le secteur énergétique.

EA : Ces déclarations ne présagent-elles pas de futures difficultés pour la mise en place du processus de transition vers un secteur énergétique moins polluant ?

JVDB : Nous n’en sommes pas encore là. Nous avons fait des progrès considérables. Mais, en seulement quatre ans, nous ne pouvons pas espérer avoir convaincu tous les sceptiques.

EA : Combien de temps pourrait prendre cette transition, surtout dans un pays où le charbon occupe une place aussi importante dans le mix énergétique ?

JVDB : Si nous pouvons éviter le programme nucléaire, les énergies renouvelables constitueront entre 20 et 40% du mix énergétique national d’ici 2030. Les recherches du Conseil pour la recherche scientifique et industrielle ont montré que nous pouvons parvenir à un taux de pénétration plus élevé avec les capacités installées de base que nous avons déjà.

EA : L’utilisation de plus de nucléaire dans le secteur énergétique est l’un des sujets à controverse de l’Afrique du Sud. Pensez-vous que le pays est prêt pour la mise en place d’un tel programme et, si oui, est-il opportun actuellement ?

JVDB : Nous avons une centrale nucléaire à Koeberg depuis 1984. Cependant, nous devrions éviter d’étendre notre parc nucléaire parce qu’il fera grimper le coût de l’énergie au point de le rendre inaccessible. En effet, outre le coût de mise en place, ces centrales nécessitent également des investissements importants lors de leur démantèlement, qui dure en moyenne 30 ans. Une charge assez lourde, peut-être la plus importante du processus d’alimentation au nucléaire, que le pays devra supporter et qui se ressentira dans les tarifs de l’électricité. Ce coût a été estimé par les Etats-Unis à 300 millions de dollars par réacteur nucléaire.

EA : La majorité des centrales électriques actuellement mises en place dans le pays appartiendront à des investisseurs privés sur une durée d’au moins 20 ans. L’Etat ne court-il pas ainsi un risque de perdre le contrôle du secteur énergétique ?

JVDB : La réponse à cette question varie selon l’idéologie de chacun. Mais, les développeurs privés sont fondamentalement tenus par contrat de vendre l’énergie qu’ils produisent au réseau électrique national. Ils n’ont donc nulle part où aller. Contrôler le réseau est plus important que contrôler la génération de l’énergie. En outre, le recours à un nombre croissant de développeurs de taille relativement modeste réduit ce risque et démocratise le secteur énergétique.

Certains diront que la possession des infrastructures par le gouvernement augmente les possibilités de contrôle et permet la mise en place d’initiatives parallèles, telles que des programmes d’emploi à grande échelle. D’autres diront que la possession des infrastructures par le gouvernement est non économique et n’apporte aucune valeur ajoutée.

Quoi qu’il en soit, le gouvernement ne dispose actuellement pas des moyens financiers pour construire ces différentes centrales et le risque le plus élevé qu’il court est une élévation du tarif de l’électricité et une défection du réseau, qui conduirait à un effondrement de l’opérateur électrique national et, par conséquent, de la planification énergétique. Mais, l’acquisition d’énergies renouvelables à bas coût pourrait réduire ce risque.

Propos recueillis par Gwladys Johnson pour le magazine Energies Africaines No 8 (Juillet Aout 2016)


 
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