Bénin : naira en hausse, des tensions sur la disponibilité de l'essence

(Agence Ecofin) - La monnaie nigériane a repris de la valeur par rapport au franc CFA depuis début mars 2024. Cela a notamment provoqué une hausse du prix du carburant de contrebande poussant les consommateurs vers des stations-service visiblement pas préparées.

A Cotonou, la capitale économique et la principale ville du Bénin, les consommateurs de carburant sont confrontés à des attentes prolongées en raison de longues files d'attente dans les stations-service. « J'ai déjà visité jusqu'à six stations et il est toujours difficile de trouver un endroit où l'on peut être servi rapidement », témoigne un chauffeur de Gozem, l'équivalent local d'Uber.

Le gouvernement béninois n'a pas encore commenté officiellement la situation. Toutefois, selon plusieurs témoignages, la pression sur les stations-service s'explique par l'augmentation des prix du carburant vendu illégalement le long des routes. « La semaine dernière, il était à 700 fcfa, aujourd'hui, il est monté à 800 fcfa », confirme un conducteur de moto-taxi.

Ce prix représente une majoration de 120 fcfa par rapport au prix officiel à la pompe (680 fcfa), incitant ainsi les automobilistes à se tourner massivement vers les stations-service dont les stocks semblent ne pas répondre à la demande. Historiquement, au Bénin, les automobilistes ont souvent préféré le carburant de contrebande en provenance du Nigeria, plus abordable que celui des stations officielles.

La suppression des subventions et la dévaluation du naira ont longtemps maintenu cet équilibre. Cependant, récemment, la monnaie nigériane s'est appréciée de 60% depuis le début de l'année, augmentant ainsi le coût du carburant en fcfa. De plus, la fin des subventions au Nigeria a généré une nouvelle demande pour ce type de carburant dans un contexte où l'inflation a atteint 37% en février 2024.

La question désormais est de savoir si le secteur béninois des hydrocarbures peut répondre à cette hausse de la demande pour le carburant réglementé. Les distributeurs restent prudents face à cette augmentation de la demande, car tout changement de situation au Nigeria pourrait à nouveau détourner leur clientèle et entraîner des pertes de stocks. En attendant, Cotonou vit au rythme des files d'attente de motos et de voitures dans les stations-service pour s’approvisionner en essence.