(Agence Ecofin) - Au Libéria, le caoutchouc est l’un des principaux contributeurs aux recettes d’exportation agricoles avec le bois et l’huile de palme. Si les avantages de la transformation sont largement admis, les stratégies déployées se heurtent aux réalités du terrain.
Au Libéria, le décret publié le 12 décembre dernier par l’ancien président George Weah imposant une interdiction sur les ventes de caoutchouc naturel non transformé, continue de faire débat.
Selon le Consortium des acteurs du secteur du caoutchouc (CORSAL), cet acte réglementaire a engendré un préjudice pour de nombreux opérateurs depuis sa mise en œuvre. D’après Laffia Kaba, chef du Secrétariat de l’organisation qui se confiait au quotidien Front Page Africa Online, le 30 avril dernier, la décision a été prise sans consultation préalable avec les parties prenantes de la filière.
Par ailleurs, indique le responsable, l’interdiction abrupte de la délivrance de permis d’exportation de caoutchouc naturel non transformé a conduit au blocage de 94 conteneurs de la matière première dans le port franc de Monrovia.
« Cette situation a déjà occasionné des frais de stockage de près de 57 000 $ avec des coûts additionnels qui sont engendrés chaque jour. La mesure a un impact sur les opérations des producteurs, des intermédiaires, des exportateurs et des commissionnaires de transport conduisant à une détresse financière. Si en tant que Libériens nous avons investi notre temps, nos ressources et notre force travail dans nos champs, nous avons le droit de choisir à qui nous allons vendre notre caoutchouc. Le gouvernement ne peut pas nous priver de ce droit fondamental », souligne M. Kaba.
Si pour l’heure le nouveau président Joseph Boakai n’a pas encore remis en cause le décret de son prédécesseur, il faut rappeler qu’il a annoncé en avril, la formation d’un comité d’enquête pour investiguer la question autour ladite mesure.
Plus globalement, il faut noter qu’au-delà du CORSAL, les avis sont largement partagés sur l’interdiction dans le pays d’Afrique de l’Ouest. Pour les industriels, elle représente notamment une opportunité pour améliorer l’approvisionnement des usines qui sont en sous-performance.
Selon les données de la plateforme spécialisée WhatNext Rubber Media International datant de février dernier, les usines du pays ont en effet besoin de près de 254 000 tonnes de fonds de tasse (caoutchouc humide non transformé) pour tourner à plein régime. Pour l’heure, la production du pays qui avoisine les 185 000 tonnes ne représente que 65 % des besoins industriels qui produisent du caoutchouc techniquement spécifié (TSR) utilisé dans la fabrication de pneus ou de sacs.
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UMA Fairs Ground, Kampala, Ouganda.