(Agence Ecofin) - Chaque semaine depuis mai 2019, un navire commercial lève l’ancre d’Hamad Port, au Qatar, à destination du port de Mogadiscio, en Somalie. Cette infrastructure portuaire contrôlée par la société Mwani Qatar – opérateur de deux autres ports dans cet émirat pétro-gazier du Moyen-Orient (Doha Port spécialisé dans les croisières et Al-Ruwais Port pour le transport cargo) – permet ainsi de densifier les échanges entre le Moyen-Orient et le continent africain.
Selon le capitaine Abdulaziz Al Yafei (photo), directeur d’Hamad Port, la liaison maritime avec Mogadiscio permet également de desservir Djibouti. Ce pays, apprend-on, fut pendant un certain temps le principal trait d’union entre l’Afrique et l’Emirat du Qatar, au plan maritime. Selon des sources autorisées, une liaison entre ce tout nouveau port qatari, inauguré en septembre 2017, et celui de Mombassa, au Kenya, pourrait bientôt voir le jour.
« Nous sommes ouverts aux partenariats avec les ports africains. Mais, il ne revient pas aux responsables d’Hamad Port d’ouvrir directement des lignes maritimes vers l’Afrique. Si la communauté des affaires décide de promouvoir et de densifier les échanges avec des pays africains, nous sommes disposés à les accompagner, parce que nous avons les capacités et l’expertise », affirme le capitaine Abdulaziz Al Yafei.
Au regard de ses performances les plus récentes, ce port qatari apparaît comme le symbole de la résilience du Qatar face au blocus que lui imposent ses voisins que sont les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite, le Bahreïn et l’Egypte, depuis le 5 juin 2017.
« Avec le blocus, nous avons perdu environ 50 % de notre trafic cargo. Aujourd’hui, nous assurons environ 90 % du trafic cargo du pays », précise le directeur d’Hamad Port.
En effet, selon le rapport financier 2018 de Mwani Qatar, le trafic conteneurisé à Hamad Port a progressé de 70 % à fin décembre 2018, atteignant 1,3 million de conteneurs équivalent 20 pieds (TEUs), contre 772 835 TEUs au 31 décembre 2017. A fin juillet 2019, ces statistiques sont toujours en progression, apprend-on de source officielle.
Ce dynamisme peut s’expliquer par les grands projets d’infrastructures en cours dans le pays, en prélude à l’organisation de la coupe du monde de football Qatar 2022.
Bien qu’officiellement inauguré en septembre 2017, Hamad Port a effectivement été mis en service en décembre 2016. Son tirant d’eau de 18 mètres fait de cette infrastructure l’une des plus grandes plateformes portuaires du Moyen-Orient. Ses quais sont dotés d’une capacité de 7,5 millions TEUs et peuvent accueillir jusqu’à 500 000 véhicules.
Brice R. Mbodiam, envoyé spécial (Doha)
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