(Agence Ecofin) - En mai 2017, le Kenya inaugure sa 1re ligne SGR construite par la Chine. Le projet continue de diviser l’opinion publique au regard de la lourde dette contractée pour sa réalisation. Parti pour une concession de 10 ans, le pays a renégocié les termes de son exploitation l’an dernier.
La Kenya Railways Corporation (KRC) a entamé la prise de contrôle progressive des opérations sur le chemin de fer à écartement standard (SGR) exploité par Africa Star Railway Operation Company Limited (Afristar), une filiale de China Road and Bridge Corporation (CRBC).
D’ici peu, certains services comme la billetterie et prochainement la sécurité seront du ressort de la KRC. C’est ce qu’a laissé entendre le président de l’entreprise publique kényane, Omudho Awitta.
Il ne s’agit point d’une résiliation de contrat avec Afristar, précise-t-il. Mais « nous avons renégocié pour reprendre la gestion du chemin de fer à écartement standard », a déclaré Awitta, dans un entretien accordé à Business Daily le jeudi 4 mars .« Le contrat entre les deux parties devait durer 10 ans à compter de 2017 avec une clause de révision la cinquième année », explique-t-il.
En 2017, KRC a engagé Afristar pour gérer les opérations et la maintenance du SGR. Le gouvernement kényan en 2020 a toutefois conclu un accord avec Afristar pour prendre en charge les opérations de billetterie et la maintenance d'ici mai 2022. La prise de contrôle progressive devait commencer en juillet 2020 avec certaines fonctions transférées à partir du 1er mars 2021. Ainsi « depuis le début du mois, KRC a repris tout le personnel travaillant au niveau du service de la billetterie », a déclaré Awitta.
Un mégaprojet qui divise l’opinion
Le SGR baptisé « Madaraka Express », qui relie la ville portuaire de Mombasa à Nairobi sur 480 km, a été construit par la China Road and Bridge Corporation et ouvert en mai 2017. Au 24 février 2020, après 1 000 jours de fonctionnement, le train voyageur SGR totalisait 4,17 millions de passagers transportés tandis que le train de fret cumulait 771 000 EVP de marchandises en vrac transportées.
En octobre 2019, le président kényan, Uhuru Kenyatta, a officiellement inauguré le deuxième tronçon du SGR qui relie Nairobi à la ville de Naivasha en 120 km. A terme, le SGR s’étendra jusqu’à Malaba à la frontière ougandaise. Les discussions sont toujours en cours avec la Chine pour le financement du dernier segment, dont le coût est estimé à 3,7 milliards de dollars.
Ce chemin de fer continue toutefois de faire du remue-ménage au Kenya en raison du contrat d’exploitation jugé exorbitant. En septembre dernier, la Commission parlementaire des transports a demandé la renégociation avec la Chine des conditions du prêt pour sa construction. Le Parlement a également appelé à la renégociation du contrat d'exploitation de la ligne. Le Kenya verse actuellement 1 million de dollars par mois pour exploiter le chemin de fer. Mais depuis 2017, le pays n'a pas respecté le paiement mensuel pendant 21 mois, renseigne la presse locale.
Plus tôt, en juin dernier, la Cour d'appel de Nairobi a déclaré illégal le contrat conclu entre KRC et la CRBC, établissant que celui-ci était contraire à la loi sur les marchés publics et à la Constitution. Le gouvernement kényan avait en effet négocié un accord de financement avec Exim Bank of China pour deux prêts d’un montant de $1,6 milliard chacun, pour soutenir le projet SGR.
Romuald Ngueyap
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