(Agence Ecofin) - Le Maroc et le Nigéria font des progrès dans la réalisation du gazoduc de 5 660 km qui reliera les deux pays. C’est ce qui ressort de la visite de travail de deux jours au roi Mohammed VIdu président nigérian Muhammadu Buhari. Une visite qui a commencé le dimanche dernier.
En effet, les deux parties ont signé un accord pour lancer une conception technique frontale (FEED) du gazoduc, qui impliquera les pays que traversera le conduit, notamment dans l’espace Cedeao et prendra en compte la quantité de gaz disponible pour l’exportation vers les marchés européens.
Outre la volonté de favoriser une éclosion d’un marché régional compétitif du gaz-to-power dans les régions par lesquelles le conduit passera, les deux parties souhaitent faire du Maroc un pont entre l’offre nigériane et la demande européenne.
Les sociétés publiques du pétrole des deux pays (NNPC pour le Nigéria, et ONHYM pour le Maroc), ont publié une déclaration commune après la signature officielle de l’accord dans lequel elles ont annoncé que la construction couvrira 25 ans et se déclinera en plusieurs phases.
Elles ont non seulement défini les dépenses d’investissements prévus mais ne les ont pas divulguées. Initialement, le chiffre de 20 milliards de dollars avait été évoqué. La nature du tracé a également été définie.
«Pour des raisons économiques, politiques, juridiques et de sécurité, le choix a été fait sur une route combinée onshore et offshore.», rapporte la déclaration.
Pour rappel, la NNPC et l’ONHYM viennent d’achever avec succès l’étude de faisabilité du projet qui a commencé en août 2016.
Une fois réalisé, ce pipeline sera l’un des plus grands du monde. Des analystes estiment qu’il s’agit d’un projet économique d’envergure pour la Cedeao et l’Union africaine.
Cependant, des voix s’élèvent pour dénoncer le caractère inopportun et dangereux du gazoduc. En mars dernier, un collectif de 40 ONG a signé une déclaration commune dénommée « Gazoduc Nigéria-Maroc : aucun intérêt pour nous ». Une déclaration dans laquelle, elles affirment que le projet ne tient pas compte des besoins des populations et de l'environnement, pointant du doigt des effets perturbateurs sur la faune marine à cause des risques de fuite et de corrosion.
Par ailleurs, elles estiment qu’il s’agit d’un gouffre financier programmé car, « le coût prévu de 20 milliards de dollars sera probablement doublé et conduira à une augmentation exponentielle du fardeau de la dette de nos pays.».
Du côté du Nigéria, le fait que la production gazière n’arrive pas à satisfaire la demande locale, le projet génère crainte et scepticisme. Mais si la NNPC exécute normalement ses plans de développement de l’offre gazière, le problème ne se poserait plus car le potentiel en présence est immense. Le Nigéria possède les neuvièmes plus larges réserves de gaz du monde.
En août 2017, après le lancement de l’étude de faisabilité, des sources marocaines ont indiqué que le gazoduc permettra de créer « plusieurs dizaines de milliers d’emplois. ».
Olivier de Souza