(Agence Ecofin) - Avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche et l’adoption de plusieurs mesures protectionnistes contre les partenaires commerciaux et alliés des Etats-Unis, la Chine craint pour ses intérêts économiques, notamment ses exportations outre-Atlantique.
La semaine dernière, Donald Trump a annoncé que des droits de douane supplémentaires de 25% seraient appliqués à 50 milliards de dollars d'importations chinoises. Ceci pour, dit-il, combler un déficit commercial de 200 milliards de dollars.
En réponse à cette annonce, Pékin a publié sa liste de produits américains qui lui rapporteront 25% de droits supplémentaires. Dans cette liste, le gaz naturel liquéfié (GNL) n’a pas été cité. Et pour cause, que ce soit pour la Chine ou pour les Etats-Unis, le combustible a un caractère stratégique de taille. D’ailleurs, un rapport du consultant et analyste du secteur, Wood Mackenzie, publié le 18 juin, estime que, quelle que soit l’escalade de la tension entre les deux pays, le marché du GNL ne risque pas d’être impacté.
« L'exclusion du GNL n'est pas surprenante pour deux raisons principales. Premièrement, la demande de GNL augmente rapidement en Chine. Deuxièmement, les Etats-Unis seront la principale source de croissance supplémentaire de l'offre en 2018 et 2019. La guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis est à un stade naissant avec une étendue ou une durée incertaine. Cependant, le GNL est clairement considéré comme un bien essentiel par le gouvernement chinois. Compte tenu de cela, en cas d'escalade, le GNL est susceptible de rester en dehors des limites des tarifs supplémentaires », a déclaré Nicholas Browne, chef de la zone Asie-Pacifique pour le gaz et le GNL chez Wood Mackenzie.
Wood Mackenzie précise que la demande de GNL en Chine, en 2018, devrait atteindre 49 millions de tonnes métriques, portée par la nouvelle politique du gouvernement chinois qui consiste à opérer une transition progressive du charbon vers le gaz naturel pour limiter les gaz à effet de serre. Cette même demande devrait atteindre 58 millions de tonnes en 2019. Or, les Etats-Unis représenteront 30% de la croissance de l'offre globale de GNL à l'échelle mondiale, cette année, et 45% en 2019.
Dans un communiqué du ministère chinois du Commerce publié par RTL Info, on peut lire, « si les Etats-Unis perdent le sens commun et publient une liste [de produits visés], la Chine se verra dans l'obligation d'adopter une combinaison de mesures quantitatives et qualitatives en forme de représailles énergiques ».
Au vu des motivations et des intérêts de chacun, il est clair que ni l’un ni l’autre des deux protagonistes ne frappera là où ça fera le plus mal.
Olivier de Souza