(Agence Ecofin) - Jeudi, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune (photo) a ordonné l’ouverture d’une enquête sur une affaire dans laquelle le Liban accuse l’Algérie d’avoir fourni du carburant de mauvaise qualité à sa société publique d’électricité (EDL).
L’affaire fait grand bruit au Liban depuis le mois dernier et Beyrouth a déjà procédé à l’arrestation de 20 personnes, dont Tarek Faoual, le représentant au Liban de la Sonatrach, la société publique algérienne des hydrocarbures.
EDL avait signalé aux tribunaux en avril que la succursale londonienne de Sonatrach avait acheminé du carburant défectueux vers ses centrales, notamment sur les deux dernières cargaisons.
Après les constatations requises, le ministère public libanais a ordonné la mise aux arrêts d’un certain nombre d’employés de la société de vérification des importations pétrolières (PST), les accusant de corruption, paiement de pots-de-vin, fraude et abus de confiance. 12 autres personnes de l’administration d’EDL, dont le directeur général Kamal al-Hayek ont été arrêtés pour faute professionnelle, falsification de rapports de contrôle et corruption. La société libanaise ZR Group, impliquée dans le négoce et l’importation des carburants est aussi concernée par ces accusations.
Par ailleurs, le 6 mai, deux anciens ministres libanais de l’énergie, Nada Boustani et Muhammad Fneish, ont été convoqués pour témoigner. Le parquet cherche à remonter aux premières exportations de carburant vers le Liban depuis 2005.
Au même moment, la députée libanaise Paula Yacoubian a dénoncé le caractère « secret » du contrat et indique que cette affaire comporte des ramifications qui mènent jusqu’au sommet de l’État algérien.
« L’affaire du combustible défectueux est un énorme scandale, documenté par de nombreux rapports. Nous dénonçons la façon dont certaines parties commencent à travailler pour l’enterrer (…). Des déchets pétroliers sont envoyés au Liban et l’enquête doit aussi se tourner vers l’exportateur », a-t-elle suggéré dans un exposé à l’Assemblée la semaine dernière.
Avant l’annonce de l’ouverture de l’enquête, Mounir Sakhri, directeur des communications de la Sonatrach, a nié toute responsabilité de l’expéditeur.
« Au port de chargement, il a été analysé par des bureaux d’experts indépendants qui ont établi qu’il répondait aux exigences contractuelles », a-t-il expliqué.
Le porte-parole de la présidence algérienne, Mohand-Oussaid Belaid, a quant à lui, décrit le scandale comme une « affaire libano-libanaise », ajoutant que « l’Algérie en tant qu’État ne sera pas impliquée, mais que la justice algérienne se chargera de la partie concernant l’Algérie ».
Olivier de Souza