(Agence Ecofin) - Après un rebond en 2018, les recettes générées par la filière thé kenyane ont affiché un retrait de 16,4 % en 2019.
En effet, selon les données du directoire du thé relayées par Reuters, la valeur des exportations a atteint 117 milliards de shillings (1,2 milliard $) contre 140 milliards de shillings (1,4 milliard $) en 2018. Pour expliquer ce repli, l’organisation pointe notamment une récolte en berne avec 458 850 tonnes, soit environ 7 % de moins qu’un an plus tôt.
À cette production en baisse, s’ajoute le déclin des prix à l’exportation au centre d’enchères de Mombasa, passant d’une moyenne de 2,58 à 2,21 $/kg sur fond de surabondance de l’offre sur le marché mondial.
500 000 tonnes de thé en 2020 : un objectif démesuré ?
Pour la filière, la contre-performance de 2019, marque la fin d’une dynamique entamée depuis 2017. En effet ayant atteint 439 850 tonnes ladite année, le pays avait réussi à enchaîner avec un volume de 492 900 tonnes en 2018, ratant de peu l’objectif de 500 000 tonnes.
Alors que 2020 marque l’échéance de l’ambition fixée il y a 3 ans, le pays pourrait manquer le rendez-vous. Déjà, si le directoire n’avance pas de prévisions pour cette campagne, il anticipe une hausse marginale de la production durant la saison. En outre, il faut mettre en lumière le changement climatique qui a affecté la filière avec des sécheresses prolongées ces dernières années et surtout conduit à une instabilité de la production.
La nécessité de développer le segment de la transformation
Au-delà de l’augmentation du volume expédié, certains analystes indiquent qu’une hausse de la valeur ajoutée reste indispensable pour diversifier les exportations face à la volatilité des prix. En effet, le fait que le Kenya ne transforme pas assez sa récolte le pénalise fortement par rapport à certains de ses concurrents.
Une comparaison du pays avec le Sri Lanka, son principal rival sur le marché mondial montre l’ampleur du manque à gagner. S’il dame le pion au Sri Lanka aussi bien en termes de production que de volume exporté, le Kenya est devancé par le pays asiatique lorsqu’il s’agit de gains tirés à l’export. Et pour cause, pendant que le Kenya tirait 140 milliards de shillings avec 476 000 tonnes en 2018, le Sri Lanka a engrangé l’équivalent de 150 milliards de shillings avec 288 000 tonnes, soit 60 % des envois du Kenya.
Ce paradoxe s’explique principalement par le fait que le Kenya exporte à près de 95 % ses feuilles en vrac contre 50 % pour le Sri Lanka qui fournit également en plus des volumes de vrac, des produits à plus forte valeur ajoutée (thé en sachets et thé instantané soluble).
Pour rappel, le Kenya fournit près de 75 % du thé d’Afrique de l’Est. Il représente le premier exportateur mondial de thé noir et le troisième producteur mondial.
Espoir Olodo
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