Agence Ecofin TikTok Agence Ecofin Youtube Agence WhatsApp
Ecofin Telecom
Agence Ecofin
Yaoundé - Cotonou - Lomé - Dakar - Abidjan - Libreville - Genève

L’Open savoir-faire, une opportunité pour l’Afrique numérique innovante

  • Date de création: 25 mars 2012 06:22

(Agence Ecofin) - D’esprit similaire à l’Open source, l’Open savoir-faire pourrait être une piste pour développer et diffuser rapidement un savoir-faire numérique dans des pays à forte culture communautaire. Tru Dô-Khac, consultant en innovation et gouvernance numérique d’entreprise livre quelques clés de compréhension .

Fin 2011, le magazine CIO Mag organisait à la Bibliothèque de France un colloque sur « L’innovation numérique en Afrique : enjeux et perspective ». Le constat de plusieurs directeurs de systèmes d’information de grandes entreprises françaises était unanime: les entreprises africaines devront prochainement réaliser leur propre parcours de transformation vers le numérique.

Trois parcours de transformation numérique d’entreprise

On peut identifier trois types de parcours de transformation.

Le premier s’inscrit dans l’organisation : il s’agit pour l’entreprise de déployer l’usage des systèmes d’information à la totalité de ses fonctions ; le plus souvent présents dans la comptabilité, la gestion financière et l’administration du personnel, les systèmes d’information doivent apporter leur valeur dans tous les métiers tels que la vente, la production et la logistique.

Un second parcours s’inscrit dans l’innovation : ce sont les produits et les services de l’entreprise qui acquièrent des avantages numériques. A titre d’exemple, nous citerons la voiture connectée qui est munie de services tels que le pilotage automatique et la conduite assistée mais également des services de divertissement en trajet, d’aide à la navigation, de téléphonie et messagerie, et plus généralement des services accessibles sur terminal embarqué (voyage, shopping, covoiturage sur réseau social, etc.).

Enfin, un troisième parcours est un parcours en rupture : c’est celui de la création d’entreprises purement numériques. Par exemple, ce sont les jeunes pousses logicielles ou de services cloud computing SaaS.

Protéger l’innovation tout en la partageant

Dans sa transformation vers le numérique, l’entreprise innove donc, que ce soit dans les procédés d’entreprise, les produits ou services et les modèles d’affaires. Comme cette innovation fonde l’avantage compétitif, une bonne pratique de gestion est sa protection. Le secret est le mode de protection naturel. Ainsi, un procédé permettant de produire mieux et plus vite est soigneusement gardé confidentiel par des accords entre l’entreprise et ses salariés opérant sur le procédé. De même, la conception d’un logiciel apportant une fonctionnalité nouvelle est gardée enfermée par une interdiction contractuelle d’accès au code source.

A cette stratégie traditionnelle du secret, une alternative est le recours à la propriété intellectuelle dont le brevet d’invention et le droit d’auteur sont des dispositifs de base. Le fondement du brevet d’invention est le suivant : comme rien n’oblige ceux qui inventent à partager l’usage de leurs inventions, la société les invite à le faire en contrepartie d’un droit de monopole d’exploitation limité dans le temps.

Par le brevet d’invention, la société reconnaît la paternité de l’invention et concède à son inventeur un droit d’exploitation exclusive pendant une durée donnée. A l’échéance de cette durée, tout le monde peut exploiter l’invention qui « tombe alors dans le domaine public ».

Prenons le cas d’une pompe à eau dont conception nouvelle augmente l’efficacité. Au lieu d’en réserver à son seul clan la jouissance exclusive, son inventeur dépose un brevet qui emporte un libre accès à la conception des éléments nouveaux et déterminants pour l’efficacité de la pompe. Moyennement une redevance, un industriel peut utiliser cette conception pour créer un outil de production dont les sorties, distribuées au-delà du périmètre du clan, amélioreront le bien être de la communauté entière.

Le fondement du droit d’auteur est similaire. Lorsqu’un créateur donne l’accès à ses œuvres tout en autorisant leur représentation et leur reproduction, il voit sa paternité reconnue et reçoit une compensation matérielle. Appliqué au logiciel, le droit d’auteur donne à l’éditeur d’un programme la faculté de percevoir des redevances pour leur utilisation.

En protégeant l’innovation et en en permettant le partage [1], la propriété intellectuelle a une fonction sociale.

Innovation numérique ouverte

Pour que la propriété intellectuelle joue pleinement sa fonction de lien social, celle-ci doit être équilibrée. D’un coté, les créateurs ne doivent pas abuser du droit de monopole concédé par la société, de l’autre les utilisateurs des créations doivent respecter les droits que ces créateurs entendent se réserver pour satisfaire leurs besoins matériels.

L’Open source avec sa suite de licences est un bon exemple de la recherche d’une propriété intellectuelle équilibrée. Assimilant parfois Open source et logiciel libre, on en retient souvent que la gratuité d’utilisation. Pour notre part, nous préférons revenir à l’origine de l’appellation, open/ouvert, et reconnaître qu’une licence Open source, qui permet un libre accès au code source, est d’abord un partage préliminaire de savoir-faire. Dès ce savoir-faire acquis, celui-ci peut être mis en œuvre et ses fruits exploités : dans les licences Open source, ce sont les clauses de libre adaptation des sources à ses besoins et libre reproduction et de distribution de ces adaptations.

On comprend alors pourquoi on désigne certains logiciels de « propriétaires » : ceux-ci sont distribués sous copyright renforcé pour interdire toute reproduction, adaptation et modification, et en outre, l’accès au code source est interdit, enfermant le savoir-faire contenu dans le code.

Dans cette même logique d’exclusion, nous mettrons les ouvrages de pratiques professionnelles publiées sous copyright [2]. Sous ce régime, il est illicite de représenter, reproduire, traduire, adapter l’ouvrage sans le consentement de l’auteur [3] qui acquiert ainsi un monopole sur l’évolution des bonnes pratiques représentées dans l’ouvrage.

Mais outre le monopole de droit, cet auteur détient un monopole de fait lorsque que les ouvrages sont reconnus comme des « référentiels », voire comme un « langage commun »…

Heureusement, il existe maintenant des véhicules juridiques tels que les licences Creative Commons, ou, en France, les licences Libres Savoirs ParisTech qui permettent de « challenger », comme l’Open source l’a fait pour les logiciels propriétaires, la dominance des Best Practices propriétaires. Avec des licences équilibrées de droit d’auteur, de véritables communautés de pratiques développant nativement des pratiques ouvertes pourraient offrir une alternative aux ligues de pratiques verrouillées par le copyright.

Nous avons appelé cette vision Open savoir-faire [4].

Pour que ce challenge devienne une réalité, il faut une certaine idée du « partage ». La culture communautaire propre à l’Afrique pourrait offrir un terrain favorable au déploiement de l’Open savoir-faire.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

[1] « Protéger l’innovation pour mieux la partager », Tru Dô-Khac, La Jaune et La Rouge, février 2012, Dossier Grand Angle sur la propriété intellectuelle

[2] « Négoce de savoir-faire informatique », Tru Dô-Khac, Le Cercle Les Echos, 3 janvier 2012

[3] Pour s’en convaincre, il suffit de lire les mentions légales apposées sur les ouvrages représentant ces bonnes pratiques.

[4] « L’Open savoir-faire, une innovation de l’entreprise numérique », Tru Dô-Khac, Le Cercle Les Echos, 23 décembre 2012

Article paru dans le magazine CIO Mag No 20.

www.cio-mag.com



 
GESTION PUBLIQUE

Choléra, grippe aviaire, polio, les nouvelles menaces : le point santé hebdomadaire en Afrique

Côte d’Ivoire : le gouvernement approuve l’adhésion à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement

Sénégal : Bassirou Diomaye Faye prend ses marques avec de premières visites en Mauritanie et en Gambie

Choléra : l’OMS préqualifie un nouveau vaccin oral plus facile à fabriquer dans un contexte de pénurie

 
FINANCE

La BAD et le GIABA lancent un nouveau projet de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme en Afrique

18 700 millionnaires africains ont quitté le continent au cours de la dernière décennie (rapport)

Acre Impact Capital lève 100 millions $ pour financer des infrastructures adaptées au changement climatique en Afrique

Afrique de l’Ouest : Goodwell investit un montant non dévoilé dans la plateforme de commerce de détail OmniRetail

 
AGRO

L’UE pourrait rendre obligatoire sa nouvelle mesure de traitement par le froid pour tous ses fournisseurs d’agrumes

L’OMS tire la sonnette d’alarme sur une possible mutation du virus de la grippe aviaire

Le Mécanisme africain de financement des engrais reçoit 7,3 millions $ pour améliorer la productivité agricole

Nigeria : la récolte de cacao est finalement attendue à 225 000 tonnes en 2023/2024

 
MINES

La Côte d’Ivoire réforme le Conseil national de l’ITIE pour renforcer la transparence dans ses industries extractives

Une société des Émirats arabes unis s’intéresse au portefeuille de cuivre de Vedanta en Zambie

La tendance haussière actuelle devrait continuer jusqu’à la fin de l’année pour l’or qui vient de dépasser 2 400 $

Nigeria : la seule mine industrielle d’or a livré plus de 500 kg d’or au premier trimestre 2024

 
TRANSPORT

L’Ouganda négocie chez Standard Chartered Bank un prêt de 117,26 millions $ pour construire la route Kitgum-Kidepo

L'aéroport Blaise Diagne de Dakar a enregistré 741 160 passagers au premier trimestre 2024

Nigeria : l’autorité portuaire obtient un prêt de 700 millions $ de UKEF pour moderniser Apapa et Tin-Can

Le Sénégal va réceptionner pour sa marine un nouveau patrouilleur fabriqué en France

 
ENTREPRENDRE

Avec Caytu Robotics, le Sénégalais Sidy Ndao permet de contrôler des robots multi-tâches à distance

La start-up malienne Kénèya Koura digitalise des processus de prise en charge sanitaire

Ouverture des candidatures pour le 14e Prix Orange de l’Entreprenariat Social en Côte d’Ivoire (POESCI)

AFAWA Finance Togo: BAD et AGF dynamisent l'accès au financement pour femmes entrepreneures

 
ECHO

CEMAC : les pays acceptant le plus de passeports africains sans visa

Cameroun : importations de véhicules en 2022

Le caoutchouc naturel en Côte d’Ivoire

Sénégal : chiffres de la fonction publique en 2023

 
FORMATION

Burkina Faso : le projet de formation professionnelle dès le cycle primaire se précise

Projet Better Education for Africa's Rise : la troisième phase cible l’Afrique de l’Ouest

Le Japon ouvre les candidatures 2025 de son programme de bourses aux étudiants étrangers

Au Bénin, un programme pour former les jeunes filles à la cybersécurité

 
COMM

Bientôt, WhatsApp affichera les contacts qui ont été en ligne récemment

Kenya : le ministre de la communication opposé à l’interdiction de TikTok

Togo : le régulateur relève des « manquements graves » de RFI et France 24 dans la couverture de l’actualité locale

Elections : le régulateur togolais des médias suspend la délivrance des accréditations à la presse étrangère