(Agence Ecofin) - Le jeudi 15 avril, le chef de l’OCHA Mark Lowcock mettait en doute l’intention de l’Erythrée de se retirer de la zone de conflit tigréenne. Sa déclaration intervenait au lendemain d’un rapport d’Amnesty International accusant Asmara d’avoir délibérément tué des civils tigréens le 12 avril dernier.
Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité des Nations unies, l’ambassadrice de l’Erythrée près l’ONU, Sophia Tesfamariam (photo), a réagi contre les accusations formulées contre son pays dans le cadre de la guerre au Tigré. D’après la représentante, ces accusations sont « injustifiées » et « scandaleuses ».
« J'ai l'honneur de vous faire part de la consternation de mon gouvernement face aux déclarations injustifiées faites par le représentant permanent des États-Unis auprès des Nations unies lors de la session à huis clos du Conseil de sécurité hier. À cet égard, le rôle docile et peu constructif d'OCHA, et en particulier sa position persistante de s'aventurer dans des domaines qui dépassent son mandat, est malheureux et inacceptable » a indiqué l’ambassadrice Tesfamariam dans sa lettre. Cette déclaration répond aux propos de Mark Lowcock chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), qui affirmait jeudi, sur fond d’accusations de violations de droits de l’homme, qu’il n’y avait aucune preuve que les soldats érythréens prévoyaient de se retirer du théâtre tigréen.
Selon la représentante érythréenne, Asmara et Addis-Abeba « ont convenu - au plus haut niveau - d'entamer le retrait des forces érythréennes et le redéploiement simultané des contingents éthiopiens le long de la frontière internationale ».
Depuis le début de la crise au Tigré dans le nord de l’Ethiopie, l’armée érythréenne a été régulièrement accusée d’avoir commis des viols, des exécutions sommaires et autres actes de violation de droits humains sur la population civile. Mais même s’il a admis sa participation au conflit, Asmara se défend d’avoir commis des crimes de guerre dans cette région et indique même avoir réagi en état de légitime défense après les attaques du front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui est depuis plusieurs décennies son ennemi juré.
« Nous avons entendu de fausses allégations sur "l'utilisation de la violence sexuelle et de la faim comme arme". Nous sommes en effet consternés par les tentatives de blâmer ceux qui ont été contraints de recourir à des mesures légitimes d'autodéfense que d'autres pays auraient prises dans des circonstances similaires. Les allégations de viol et d'autres crimes, formulées à l'encontre des soldats érythréens ne sont pas seulement scandaleuses, elles constituent également une attaque vicieuse contre la culture et l'histoire de notre peuple » s’est indignée Sophia Tesfamariam.
Il y a quelques jours, un nouveau rapport de l’ONG Amnesty International accusait les soldats érythréens d’avoir tiré à vue sur des civils dans la ville d’Adwa au Tigré le 12 avril dernier. Alors qu’une enquête conjointe de l’ONU et de la Commission éthiopienne des droits de l’homme (EHRC) a été annoncée sur la situation, les organisations internationales indiquent que la situation humanitaire dans la région ne cesse de se détériorer.
Notons qu’à ce jour aucune date n’a été annoncée ni par Addis-Abeba, ni par Asmara concernant le retrait des soldats érythréens de la zone de conflit.
Moutiou Adjibi Nourou
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.