(Agence Ecofin) - La force conjointe du G5 Sahel pourra bientôt démarrer ses opérations, a annoncé Mahamadou Issoufou, président du Niger et président en exercice de l’organisation, répondant aux journalistes lors d’une conférence de presse jeudi dernier.
S’exprimant en marge de la conférence des bailleurs de fonds et partenaires financiers du G5 Sahel qui s’est tenue à Nouakchott ce 06 décembre, le dirigeant a indiqué que l’opérationnalisation de la force conjointe devrait se faire « dans les prochains mois ».
Ainsi, les toutes premières opérations du bras armé du G5 Sahel, devraient être mises en œuvre sur trois axes frontaliers sensibles. Il s’agit de l’axe frontalier Mauritanie-Mali (Fuseau ouest), de l’axe frontalier Mali-Burkina Faso-Niger (Fuseau centre) et enfin de l’axe frontalier Niger-Tchad (Fuseau Est).
L’opérationnalisation de cette force conjointe devrait concourir à la mise en œuvre du programme d’urgence du Sahel, dont les principaux objectifs visent à stabiliser les espaces frontaliers des pays du G5 Sahel.
En février dernier, les donateurs annonçaient à Bruxelles, plus de 414 millions d’euros de financement pour la mise en place de la force. Des annonces, qui ont déjà commencé à se concrétiser, d’après les propos du président nigérien.
Il faut également mettre fin au chaos en Libye
Selon le chef d’Etat, le succès durable des opérations de sécurité et de développement prévues pour être mises en œuvre par le G5 Sahel, dépendra fortement de la situation en Libye qui partage des frontières avec le Niger et le Tchad.
En proie à des séries de conflits et de violence depuis la chute du colonel Mouammar Al Kadhafi en 2011, le pays maghrébin est devenu un foyer du terrorisme sous-régional, couplé à une prolifération des bandes armées criminelles, de traite d’humains et d’exploitation de la pauvreté. Ainsi, cette situation se répercute très fortement sur les pays du G5 Sahel, au point de devenir l’un des moteurs des crises sécuritaires et humanitaires que connaît la région.
« Que cela soit l’aspect développement, ou l’aspect militaire et sécuritaire, nous ne pouvons créer les conditions de la stabilisation du Sahel, que si nous arrivons à sortir du chaos libyen », a ainsi rappelé le président Issoufou. Et d’ajouter : « C’est le chaos libyen qui a amplifié les menaces auxquels nos pays [les pays du G5 Sahel, ndlr] sont exposés ». Appelant la communauté internationale à trouver une solution à cette crise, le dirigeant a indiqué également que le rétablissement de la situation dans le bassin du lac Tchad (marqué par les exactions du groupe Boko-Haram au Cameroun, au Tchad et au Nigeria) était aussi l’une des clés de la stabilisation du Sahel.
Mutualisation
Quatre ans après sa création, le G5 Sahel multiplie les efforts de mutualisation de ses programmes de défense et de développement. Avec la récente inauguration du collège de défense, première « école de guerre » transnationale au monde, les pays membres de l’organisation veulent marquer un grand coup dans la lutte contre le terrorisme. Et en y intégrant l’aspect du développement, l’organisation semble vouloir s’afficher aujourd’hui en avant-garde de la tendance intégrationniste qui marque le discours de nombreux pays du continent africain.
Avec 2,4 milliards d’euros collectés pour la mise en œuvre du Programme d’investissement prioritaire de l’organisation, couvrant à hauteur de plus de 125% les besoins de financement, il ne reste plus qu’à espérer un impact de ce nouveau programme commun de développement sur les populations vulnérables du Sahel.
« Le développement est une question de longue haleine. L’essentiel c’est de prendre le bon chemin, et […] nous sommes sur le bon chemin » a, à cet effet, déclaré, Mahamadou Issoufou.
Moutiou Adjibi Nourou
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