(Agence Ecofin) - Selon les données de l’UNICEF, dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, 4400 écoles sont fermées et plus de 600 000 enfants sont privés d’éducation depuis 4 ans, suite aux attaques d’écoles et aux menaces de mort adressées aux enseignants par les séparatistes armés anglophones. Toutefois, à l’approche de la rentrée scolaire, plusieurs leaders du mouvement se désolidarisent et en appellent à la reprise des cours.
Les attaques contre les écoles, les élèves et les enseignants ne font plus l’unanimité au sein des militants de la cause séparatiste des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (NoSo), rapporte le site d’informations SBBC. À quelques jours de la rentrée scolaire prévue le 5 octobre prochain, certains activistes et leaders de ce mouvement appellent à la réouverture des écoles fermées depuis quatre ans sous la menace des milices armées.
Selon Éric Tataw Tano, militant pro-séparatiste basé aux États-Unis, l’éducation des enfants ne doit plus servir à gagner du capital politique dans le cadre la crise anglophone. « Nous devons donner l’ordre à leurs parents, à leurs tuteurs et aux enfants eux-mêmes de retourner à l’école. Fermer les écoles n’est pas une stratégie pour gagner l’indépendance. La stratégie du boycott scolaire est devenue superflue et nous devons l’accepter ». Et de poursuivre : « Tout combattant amba [séparatiste] qui attaque les écoles devrait être arrêté et battu... C’est ce que j’ai dit. Personne n’est censé attaquer les écoles, les hôpitaux et les églises ».
Tataw estime que les responsables du mouvement séparatiste qui se cachent hors du Cameroun ne devraient pas ruiner l’avenir des enfants en âge d’être scolarisé dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun au nom de la révolution. Ce d’autant plus que les enfants de ces leaders sécessionnistes poursuivent « sereinement » leurs études à l’étranger.
La campagne pour la rentrée scolaire a également obtenu le soutien de l’activiste pro-séparatiste Mark Bareta, basé en Belgique. « Le boycott scolaire n’est plus une arme de notre lutte pour l’indépendance. Ainsi, dans la mesure du possible, les Forces Ambazonia [milices séparatistes] devraient permettre l’éducation et même encourager les écoles à continuer », a-t-il déclaré.
Désaccord
Mais cette approche est combattue par certains de leurs camarades beaucoup plus radicaux, basés aux Etats Unis ou au Canada. À l’instar de Boh Herbert, Ebenezer Akwanga où Samuel Ikome Sako. Pour cette frange, les écoles ne devraient reprendre qu’après la conclusion d’un accord dans le cadre d’un dialogue facilité par la Suisse.
Un communiqué en circulation sur les réseaux sociaux, attribué au mouvement séparatiste dénommé « Ambazonia », du nom d’un État imaginaire constitué des régions du NoSo, fixe les conditions d’un retour à l’école. Il parle, entre autres, du changement des écoles publiques en « écoles communautaires », de l’interdiction d’enseigner la langue française et l’histoire du Cameroun, de même que d’exécution l’hymne national du pays…
La reprise des cours dans le NoSo constitue une préoccupation de l’État du Cameroun. Mais les conditions posées par ces séparatistes, qui s’enlisent dans la logique sécessionniste, sont loin d’être conciliables avec la position du gouvernement. Yaoundé, qui ne peut prêter l’oreille aux revendications sécessionnistes, a opté pour une décentralisation avec un statut spécial pour le NoSo et pour le renforcement du bilinguisme où l’anglais et le français sont deux langues officielles d’égale valeur.
Depuis 2016, l’armée camerounaise fait face à des milices qui revendiquent la sécession du pays. Ces bandes armées, qui pillent, violent et assassinent les populations, revendiquent la création d’un État indépendant formé des régions anglophones du Cameroun à l’image de l’ex Southern Cameroon.
BE
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