Les réseaux sociaux, nouvelle forme d’exploitation du « temps de cerveau disponible »

(Ecofin Hebdo) - Pour Sean Parker, ancien président de Facebook, les réseaux sociaux utilisent une vulnérabilité de la psychologie humaine pour développer pour leur business. Est-ce un danger pour nous ? Sommes nous tous vulnérables ?

20minutes

 

Des personnalités de la Silicon Valley alertent sur «l'économie de l'attention»

 

Sean Parker, ancien président de Facebook, estime que la plate-forme abuse d’« une vulnérabilité de la psychologie humaine »…

 

Dix ans après l’essor des réseaux sociaux, les déclarations dubitatives sur l’évolution du secteur se multiplient de la part de plusieurs figures de la Silicon Valley. Dernier en date, Sean Parker, ancien président de Facebook, qui a « l’économie de l’attention » dans le collimateur.

Apparue en 1996 aux débuts d’internet, cette expression désigne un système dans lequel la surabondance d’informations fait de notre capacité d’attention la principale ressource économique. Objectif des géants du Web : capter cette attention, valeur rare, à coup de contenus et de notifications en tous genres. 20 Minutes revient sur les principales alertes lancées ces dernières semaines concernant cette stratégie, nouvelle forme d’exploitation du « temps de cerveau disponible » cher à Patrick Le Lay.

 

Sean Parker : « Dieu seul sait ce que [Facebook] est en train de faire au cerveau de nos enfants »

Le fondateur de Napster, brièvement président de Facebook lors des balbutiements du site en 2004 (son personnage est interprété par Justin Timberlake dans le film de David Fincher The Social Network), a accordé un entretien au site Axios publié jeudi 9 novembre, et il n’y va pas de main morte sur l’objectif poursuivi par les géants du Web : « Le processus de décision derrière le développement de ces applications, Facebook étant la première d’entre elles, c’était essentiellement : "Comment est ce qu’on absorbe le plus possible de votre temps et de votre attention consciente ?" »

« Les inventeurs, les créateurs comme moi, Mark [Zuckerberg], Kevin Systrom sur Instagram et tous les autres en étions conscients, et nous l’avons fait de toute façon », ajoute-t-il.

Parker explique la méthode pour inciter l’utilisateur à revenir sur le réseau, à réagir, à cliquer, à partager : « C’est un cercle vicieux d’impressions de validation sociale… exactement le genre de choses qu’un hacker comme moi imaginerait, parce que ça exploite une vulnérabilité de la psychologie humaine. »

L’entrepreneur américain souligne le rôle des « shoots » de dopamine provoqués par les notifications et les interactions des autres usagers, comme un système de récompense. « Ça change littéralement votre rapport à la société, aux autres… Ça interfère probablement avec la productivité de manière bizarre. Dieu seul sait ce que c’est en train de faire au cerveau de nos enfants. »

 

Justin Rosenstein : « La dynamique de l’économie de l’attention est structurée pour compromettre la volonté humaine »

Sa création est assurément la plus symbolique de tous les leviers utilisés par les géants du Web pour capter notre attention : le créateur du Like de Facebook, Justin Rosenstein, est aujourd’hui un lanceur d’alerte. 20 Minutes avait rapporté il y a un mois ces questionnements sur « l’addiction » aux réseaux sociaux. Auprès du Guardian, celui qui avait commencé à coder en 2007 ce « lumineux tintement de pseudo-plaisir » (comme il appelle désormais le bouton J’aime) estime qu’il est « particulièrement important pour nous de parler de cela [car] nous sommes peut-être la dernière génération qui se souvienne de la vie d’avant ».

Technology is always a double-edged sword, and we need to keep sharpening the good edge and blunting the bad one.
— Pedro Domingos (@pmddomingos) November 3, 2017

Le quotidien britannique cite Rosenstein aux côtés d’autres « hérétiques de la Silicon Valley qui se plaignent de l’essor de ce qu’on appelle l'"économie de l’attention" : un Internet façonné pour les attentes d’une économie de la publicité. » Le développeur fait même plus que se plaindre ; selon lui, « la dynamique de l’économie de l’attention est structurée pour compromettre la volonté humaine ».

 

Tristan Harris : « Le succès entier de cette industrie repose sur le temps qu’il s’agit de prendre à l’utilisateur »

Ancien « philosophe produit » chez Google durant trois ans, Tristan Harris a été surnommé par le magazine américain The Atlantic « la chose la plus proche d’une conscience que la Silicon Valley possède ». Avant Parker et Rosenstein, Harris est devenu le principal empêcheur de tourner en rond des géants du numérique sur cette question de la capitalisation de l’attention des internautes, notamment avec ce long texte détaillant « comment la technologie détourne votre esprit ».

20 Minutes l’a rencontré il y a un an, fin novembre 2016. Le trentenaire expliquait que « personne ne contredit le constat que je dresse. Mais beaucoup de gens du milieu ont les pieds et mains liés. Le succès entier de cette industrie repose sur le temps qu’il s’agit de prendre à l’utilisateur. Il ne s’agit donc ni plus ni moins… de mettre le monde à l’envers. »

Dans cette conférence Ted Talks de juillet 2017 (en anglais), Tristan Harris développe son propos : « Des notifications Facebook aux Snapstreaks en passant par les vidéos en autoplay de YouTube, ils sont tous en compétition pour une chose : votre attention ».

 

 

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