(Agence Ecofin) - Wajdi Mahouechi, un web-activiste tunisien, a été condamné à 2 ans de prison pour avoir « offensé un fonctionnaire public ». Il reprochait à la justice son inaction à la suite des propos d’un imam, justifiant le terrorisme. Human Rights Watch appelle les autorités à revoir les lois qui entravent les libertés.
En Tunisie, un tribunal de Tunis a condamné, le 12 novembre 2020, le blogueur Wajdi Mahouechi à 2 ans de prison ferme pour « calomnie publique ». En effet, le jeune homme de 31 ans a été poursuivi pour avoir « accusé des fonctionnaires de crimes en l’absence de preuves », « offensé autrui via les réseaux de télécommunications », ainsi que pour « outrage à un fonctionnaire public », conformément au code pénal et au code des télécommunications tunisien de 2001.
Pour rappel, Wajdi Mahouechi, actif sur les réseaux sociaux, avait été arrêté le 2 novembre par les services de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée. La veille, il faisait une publication dans laquelle il reprochait à la justice de son pays son manque de réactions suite à la publication de la vidéo d’un imam qui justifiait le meurtre de personnes insultant le terrorisme. Le post du religieux musulman fait suite à la décapitation, le 16 octobre en France, de Samuel Paty, un enseignant qui avait montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet pendant un cours sur la liberté d’expression.
« Les codes juridiques de la Tunisie regorgent de lois vagues que les autorités exploitent pour pénaliser la liberté d’expression et faire taire les voix critiques », a dénoncé Eric Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch (HRW).
L'organisation en appelle à l'abrogation des lois remontant à l'ère Ben Ali. D’après HRW, depuis 2017 les tribunaux tunisiens ont condamné à la prison six activistes pour des propos publiés sur les réseaux sociaux.
Notons que Mohamed Ali Bouchiba, l'avocat de Wajdi Mahouechi, a jugé cette peine « la plus sévère prononcée à ce jour dans ce genre d'affaires », et a promis de faire appel du verdict.
Bénédicta Vera-Cruz (stagiaire)
01/09/2020 - Tunisie: les médias privés dénoncent les menaces répétées des autorités
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