(Agence Ecofin) - Au Cameroun, plusieurs médias privés ont été mis en garde par le Conseil national de la communication (Cnc). Dans un communiqué rendu public, l’organe de régulation brandit des menaces contre le quotidien « Le Messager », des journaux anglophones à l’instar de « Cameroon Post », « The Guardian Post », « The Times Journal », ainsi que les chaînes de télévision Canal 2 International, STV et Équinoxe TV. Le Cnc met également en garde certaines radios communautaires.
Le régulateur cible ainsi tous les supports qui « offrent leurs espaces à la diffusion d’informations et de propos séditieux ». Ces médias sont sous le coup d’une suspension temporaire et même de l’interdiction définitive, prévient le Cnc.
Le contexte est celui de la crise sociopolitique qui secoue depuis 2 mois les 2 régions anglophones du pays. Le Cnc accuse les médias de véhiculer un discours « tendant à faire l’apologie de la sécession et du fédéralisme ». Brandissant la menace des sanctions, le régulateur demande aux autorités administratives de prendre « des mesures conservatoires appropriées » en cas d’atteinte à l’ordre public par les médias, qu’ils soient publics ou privés.
Les réactions à cette sortie du Cnc n’ont pas tardé. Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) « condamne », constatant que le Cnc et son président, Peter Essoka (photo), font «interdiction aux médias de traiter des questions liées au fédéralisme et à la sécession ». L’organisation syndicale demande « à tous les médias et à tous les journalistes d’ignorer les injonctions de Monsieur Peter Essoka, de considérer lesdites injonctions comme étant nulles et de nul effet ». Les médias et les journalistes camerounais sont simplement invités à bien faire leur travail, c’est-à-dire « donner un écho juste et équitable à toutes les opinions émises par les citoyens camerounais sur les questions du fédéralisme et de la sécession ».
Le même propos est tenu à la chaîne Canal 2 International. Interrogé, son directeur général adjoint chargé de l’information, Jean-Bruno Tagne, a déclaré : « Il n’est pas question pour nous de nous interdire de traiter du problème qui se pose dans la partie anglophone du Cameroun. C’est un problème camerounais. Nous sommes un média camerounais et nous sommes fondés de traiter de toutes questions camerounaises ».
Dans les kiosques ce lundi 23 janvier 2017, le quotidien « Le Jour », bien qu’ignoré par le Cnc, présente l’organe de régulation des médias comme l’un des bras de la dérive répressive du gouvernement.
Assongmo Necdem
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