(Agence Ecofin) - Le développement du projet de potasse Sintoukola est considéré comme un « pas de géant » dans la diversification de l’économie du Congo. Son propriétaire dispose d’une convention minière avec l’Etat depuis 2018.
Le ministère des Mines de la République du Congo a fait part de son mécontentement à Kore Potash, face à la lenteur observée depuis quelques mois dans le développement du projet de potasse Sintoukola. C’est ce qu’a annoncé la compagnie minière le mercredi 19 octobre, précisant avoir reçu une lettre datée du 12 octobre exposant les griefs du gouvernement à son encontre.
Selon la société, la réception de cette correspondance du ministère intervient après l’arrestation « sans raison » de deux cadres par la police congolaise. Ces deux employés de Kore Potash ont par la suite été libérés sans inculpation.
Pour comprendre l’impatience du gouvernement, il faut se rappeler qu’une étude de faisabilité définitive (DFS) a été réalisée pour le projet depuis 2019, sans que la société s’avance sur une méthode de financement des travaux de construction et un calendrier des activités.
C’est trois ans plus tard, en juin dernier, qu’elle a indiqué que son partenaire Consortium Summit s’occuperait de lui proposer des options de financement, après la publication d’une étude d’optimisation de la DFS.
Or, la société dispose depuis 2013 et 2017 de deux permis d’exploitation minière pour les gisements Kola et Dougou, tous les deux inclus dans le projet Sintoukola, détenu à 97 %. Le Parlement a par ailleurs ratifié en 2018 la convention minière avec Kore Potash, concluant ainsi toutes les garanties réglementaires pouvant être apportées à la société.
Si la demande mondiale croissante de fertilisants reste un argument en faveur du développement rapide du projet, il faut cependant souligner que l’importance du financement nécessaire est un défi pour Kore Potash.
Selon les estimations les plus récentes, le capital nécessaire est en effet estimé à 1,83 milliard de dollars. Un tel investissement permettrait de produire annuellement 2,14 millions de tonnes de muriate de potassium, soit autant que la production de potasse de l’Allemagne en 2021, pays classé 5ème au niveau mondial, d’après les estimations de l’USGS.
Par ailleurs, quelques avancées notables sont à signaler ces derniers mois, après le retard enregistré à cause de la pandémie de Covid-19. Kore Potash a notamment indiqué le 10 octobre dernier avoir enfin reçu les propositions de contrats d’ingénierie, d’approvisionnement et de construction et négocie désormais un accord final pour le lancement des travaux.
Pour rappel, la potasse de Sintoukola a le potentiel de transformer le secteur minier du Congo actuellement peu développé tout en participant à la diversification d’une économie congolaise largement dépendante des recettes pétrolières. D’après l’étude de faisabilité de 2019, le projet peut générer des revenus annuels de 773 millions de dollars et un EBITDA annuel de 583 millions de dollars.
Emiliano Tossou
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Accra, Ghana