(Agence Ecofin) - 73,2 % des électeurs burundais ont approuvé par référendum une réforme constitutionnelle qui permettra au président Pierre Nkurunziza (photo) de se rester au pouvoir jusqu'en 2034, selon des résultats provisoires annoncés le 21 mai par la commission électorale.
Le taux de participation a atteint 96,4%.
La nouvelle Constitution permettra à Pierre Nkurunziza, 54 ans et au pouvoir depuis 2005, de briguer deux mandats de sept ans à partir de 2020 et de concentrer tous les leviers du pouvoir exécutif. Le nouveau texte casse ainsi l'équilibre politico-ethnique garanti par l'accord de paix d'Arusha, signé en 2000, qui a instauré un système de partage du pouvoir entre la majorité Hutu (environ 80 %) et la minorité tutsi pour mettre fin à la guerre civile ayant fait plus de 300 000 morts.
L’opposition a rapidement rejeté les résultats du référendum, estimant que le scrutin a été organisé «dans un climat de peur et d'intimidation».
L’ancien leader rebelle hutu Agathon Rwasa, chef de la coalition d’indépendants Amizero y’Abarundi (Espoir des Burundais), a annoncé dès le samedi 19 mai qu’il ne reconnaissait pas les résultats. Il estime que le processus électoral n’a été «ni libre, ni transparent, ni indépendant, encore moins démocratique», en raison des «intimidations et du harcèlement dont a été victime la population de la part du CNDD-FDD».
Human Rights Watch a indiqué dans ce cadre que pas moins de 15 opposants ont été tués ces derniers mois au Burundi par les forces de sécurité et par des partisans du parti présidentiel dans le cadre de la campagne référendaire.
« C'est un canular, c'est un score traficoté. Mais les résultats de ce pseudo-référendum ne nous engagent en rien parce que cela s'inscrit contre l'accord d'Arusha et la cohabitation pacifique en plus d'une décennie au Burundi. C'est un enterrement complet de la démocratie au Burundi.», s’est insurgé de son côté Pancrace Cimpaye, porte-parole du Conseil national pour le respect de l’accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi et de l’Etat de droit (Cnared).
Les Etats-Unis ont par ailleurs dénoncé le «climat de peur et d’intimidation » lors de ce référendum. «Le scrutin a été marqué par une absence de transparence, la suspension de médias et des tentatives de pression sur les électeurs.», a déploré le département d’Etat dans un communiqué.
Ces accusations ont été balayées par le gouvernement qui affirme que «les opérations de vote se sont déroulées de manière libre et juste».
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