(Agence Ecofin) - D’après les autorités maliennes, un « État extra-régional » serait à la base des tensions entre Bamako et ses pairs du G5 Sahel. Des tensions qui s’ajoutent à celle déjà en cours avec la CEDEAO et l’UE.
Le Mali va se retirer du G5 Sahel. L’annonce a été faite ce dimanche soir par le gouvernement de transition, dans un communiqué signé par le colonel Abdoulaye Maiga.
Selon Bamako, l’institution serait instrumentalisée et ne jouirait plus d’aucune indépendance. La décision intervient en réaction, semble-t-il, au refus d’un « État membre du G5 Sahel », qui se serait opposé au fait que Bamako prenne la présidence de l’organisation en raison de la situation politique dans le pays.
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— Malivox.net ?? (@malivox) May 15, 2022
« Aucun texte juridique du G5 Sahel ne prévoit des restrictions contre un État membre sur la base de sa situation politique nationale » précise le communiqué ajoutant que « le Mali décide de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel y compris la force conjointe ».
Cette annonce intervient dans un contexte de tensions entre le Mali et ses pairs ouest-africains depuis plusieurs mois. Le pays est en effet sous sanctions de la CEDEAO en raison de la réticence des militaires au pouvoir à se conformer au calendrier fixé par l’institution sous-régionale. Ces sanctions qui contribuent à isoler le pays sur la scène régionale et internationale, sont considérées comme « injustes » par le gouvernement du président Assimi Goita qui désormais essaye de trouver du soutien auprès d’autres partenaires internationaux, notamment la Russie.
Dans leur communiqué, les autorités maliennes indiquent que le G5 Sahel serait manipulé par un « État extra-régional visant désespérément à isoler le Mali ». Si aucun pays n’a été nommément désigné, cette déclaration semble faire référence à la France, principal interlocuteur des pays du G5 Sahel, et dont les relations avec Bamako se sont grandement détériorées ces dernières années.
Pour rappel, le G5 Sahel est une organisation destinée à coordonner la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité entre 5 États du Sahel, à savoir la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Créée en 2014 l’institution a vu son fonctionnement être plombé par un manque de financement, qui ralentit l’opérationnalisation de sa force conjointe.
Cependant outre le volet de la lutte contre le terrorisme, l’organisation essaye de mettre en œuvre un programme d’investissement prioritaire de plusieurs milliards de dollars, pour réduire la pauvreté dans la région. D’après Alliance Sahel, 22 projets à « impact rapide » ont été ainsi financés en 2018, à hauteur de 266 millions € pour améliorer les conditions de vie des populations au sein du G5 Sahel. Un financement dont se priverait le Mali, en sortant de ce cadre de coopération.
Moutiou Adjibi Nourou
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