(Agence Ecofin) - En avril dernier, le Rwanda avait accepté d’accueillir sur son sol des migrants illégaux à destination de Londres contre un investissement britannique de 160 millions $. Depuis, le projet vivement critiqué par l’ONU est la cible de plaintes devant les tribunaux britanniques et européens.
A peine démarré, le projet de coopération sur la migration annoncé par le Royaume-Uni et le Rwanda fait déjà face à ses premiers revers. Depuis le mardi 14 juin, le vol spécialement affrété pour convoyer les premiers migrants vers le sol rwandais est bloqué au sol par la justice européenne.
En effet, depuis l’annonce du projet par les autorités rwandaises et britanniques, Londres fait face à des contestations devant les tribunaux de la part de groupes opposés à cette démarche. Finalement, mardi, ce sont les juges de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) qui ont suspendu le vol à quelques minutes de son départ, suite à des recours déposés par des opposants au projet.
En avril dernier, le gouvernement britannique avait présenté son projet de transferts de migrants vers le Rwanda, comme étant le « premier partenariat mondial pour lutter contre la crise migratoire mondiale ». Selon les détails de l’accord, les migrants qui « effectuent des voyages dangereux ou illégaux par exemple en petit bateau ou cachés dans des camions » à destination du territoire britannique verront désormais leur demande d’asile être traitée par le Rwanda. En cas d’approbation, ces demandeurs d’asile pourront être installés et intégrés au Rwanda.
L’idée était donc, du moins selon Londres, d’affaiblir les réseaux de passeurs et de freiner les arrivées illégales au Royaume-Uni, un sujet qui avait contribué à alimenter les débats durant le Brexit. Mais deux mois après, les deux pays sont accusés par des organisations de droits de l’homme d’avoir mis en place un système d’expulsion de migrants « cruel et inhumain ». Ce, d’autant plus que près de 160 millions $ d’investissements ont été promis par Londres au Rwanda en contrepartie de son aide.
Malgré ce premier revers, Kigali et son partenaire semblent vouloir poursuivre le projet. Alors que le Rwanda a affirmé ne pas être « découragé », se disant « prêt à accueillir les migrants lorsqu'ils arriveront et à leur offrir sécurité et opportunités », le gouvernement britannique bien que « déçu », a indiqué examiner « chaque décision prise sur ce vol » affirmant que « la préparation du prochain vol commence maintenant ».
« On ne nous découragera pas de faire ce qu'il faut et de mettre en œuvre nos plans pour contrôler les frontières de notre pays », a déclaré la ministre britannique de l'Intérieur, Priti Patel. Une déclaration qui semble annoncer un nouveau feuilleton judiciaire entre les autorités britanniques et les instances européennes.
Moutiou Adjibi Nourou
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