(Agence Ecofin) - Président du Nigeria entre 2010 et 2015, Goodluck Jonathan, alors candidat du PDP, avait été battu par Muhammadu Buhari, candidat de l’APC. Aujourd’hui, l’ancien dirigeant souhaite se présenter aux primaires de l’APC, comptant pour la présidentielle de 2023.
Une alliance entre deux anciens adversaires dans la course à la magistrature suprême. C’est le spectacle que pourrait offrir l’élection présidentielle de 2023 au Nigeria, après l’annonce de la candidature de l’ancien président Goodluck Jonathan (photo), le lundi 9 mai.
D’après les informations relayées par plusieurs médias locaux, celui qui avait dirigé le Nigeria entre 2010 et 2015 aurait décidé de quitter le Parti démocratique populaire (PDP) pour rejoindre son éternel rival, All Progressives Congress (APC), parti avec lequel l’actuel président Muhammadu Buhari l’avait battu, il y a sept ans. Cette défection qui a surpris de nombreux observateurs dans le pays semble être le résultat d’une détérioration des relations entre l’ancien président et son camp, depuis sa défaite en 2015, alors qu’il se représentait pour un deuxième mandat consécutif.
Si Goodluck Jonathan n’aura pas à affronter une nouvelle fois Muhammadu Buhari - ce dernier n’étant constitutionnellement plus éligible à un nouveau mandat - la question du soutien que pourrait obtenir l’ancien chef d’Etat auprès des membres de l’APC sera désormais au cœur de toutes les réflexions.
Pour être investi en tant que candidat officiel de l’APC pour la présidentielle de 2023, il devra d’abord gagner les primaires qui l’opposeront probablement à d’éminentes figures du parti, notamment l'ancien gouverneur de l'Etat de Lagos, Bola Tinubu, l’actuel vice-président, Yemi Osinbajo, et le ministre des Transports, Rotimi Amaechi. En cas de victoire de Goodluck Jonathan à l’issue de ces primaires, l’on pourrait assister à une alliance inédite entre un président nigérian sortant et un ancien opposant, pour la victoire de ce dernier à une présidentielle.
Néanmoins, cette manœuvre pourrait bien s’avérer contreproductive. S’il est porté à la tête de l’APC en tant que candidat, Goodluck Jonathan devra sans doute défendre le bilan de Muhammadu Buhari, qui, sur le plan sécuritaire et économique, reste très fortement critiqué. Une carte dont ne devraient pas se priver ses anciens alliés, et potentiels futurs adversaires du PDP.
Selon le calendrier électoral du Nigeria, les principaux partis politiques sont censés organiser leurs primaires durant ce mois, afin de respecter la date limite du 3 juin fixée par la Commission électorale pour la présentation de leurs candidats. L’élection présidentielle, elle, est fixée au mois de février 2023.
Moutiou Adjibi Nourou
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