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Maroc : après 10 ans au pouvoir, les conservateurs islamistes du PJD perdent leur majorité parlementaire au profit des libéraux

  • Date de création: 09 septembre 2021 12:53

(Agence Ecofin) - Les résultats provisoires des élections générales marocaines ont été rendus publics. Sur les législatives, le RNI d’Aziz Akhannouch est en tête avec 97 sièges, alors que le PJD arrive à la huitième place, perdant 113 sièges au parlement.

Au Maroc, les premiers résultats de l’élection législative du 08 septembre placent le parti du Rassemblement National des Indépendants (RNI) en tête, avec 97 sièges obtenus sur 395. L’annonce a été faite ce jeudi par le ministère marocain de l’Intérieur.

Cette victoire du parti dirigé par l’homme d’affaires Aziz Akhannouch (photo), confirme une percée de la tendance libérale au Maroc, avec également les 82 sièges obtenus par le Parti Authenticité et Modernité (PAM), lui aussi d’idéologie libérale, qui arrive à la deuxième place.

Formation politique historique du Maroc du centre-droit, le parti Istiqlal lui obtient 32 sièges de plus qu’en 2016, lui offrant ainsi un total de 78 députés au parlement. On note également les 35 sièges obtenus par l’Union socialiste des forces populaires (USFP), les 26 sièges du Mouvement populaire (MP), les 20 députés du Parti du progrès et du socialisme (PPS) et les 15 sièges obtenus par l’Union constitutionnelle (UC).

Cependant, l’attention est portée sur la lourde défaite du Parti Justice et Développement (PJD) qui dirigeait la coalition gouvernementale depuis 2011. Alors que plusieurs analystes semblaient prédire un coude-à-coude entre les islamistes modérés et le RNI, le PJD a perdu 113 députés au parlement, passant de 125 sièges, à 12. Symbole de l’ampleur de cette défaite, dans la circonscription législative Rabat-Océan où s’est présentée la principale figure du parti, le Premier ministre Saad-Eddine El Otmani, aucun siège n’a été remporté par le PJD, apprend-on des médias nationaux.

Cette déroute intervient alors que le taux de participation s’est affiché en hausse, à 50,35% contre seulement 43% pour les législatives de 2016. De l’avis de plusieurs observateurs, cette augmentation est à mettre en perspective avec l’organisation en simultané, et pour la première fois, des élections régionales, communales et parlementaires. De plus, c’est également la première fois que les électeurs marocains votaient sous le régime du nouveau quotient électoral, qui se base désormais sur le nombre des inscrits sur les listes électorales au lieu du total des voix valides. Une méthode de calcul, qui serait moins favorable au PJD.

Quel visage pour le nouvel exécutif ?

Bien qu’il ne dispose pas d’une aussi large majorité que celle dont bénéficiait le PJD jusque-là, le rapprochement idéologique entre le RNI et son dauphin le PAM, devrait à priori faciliter les négociations pour la formation d’une coalition gouvernementale. Mais rien n’est acquis. Certes, l’une des principales craintes pour la formation d’une coalition gouvernementale était le possible coude-à-coude entre le RNI et le PJD. Mais même dans le cadre de l’actuelle configuration, certains experts estiment que la formation d’un gouvernement de coalition ne sera pas sans défis.

Dans un entretien accordé à Médias24, David Goeury chercheur au laboratoire « Médiations. Science des lieux, science des liens » de la Sorbonne Université explique : « L’Istiqlal et le PAM pensent qu’il est plus facile de négocier avec un PJD à la primature que de le faire avec le RNI, d’autant plus que les ministères qui intéressent ces deux partis d’opposition sont les mêmes que ceux convoités par le parti de la colombe (le RNI, ndlr). Les ministères à forte dimension économique comme celui de l’Agriculture se révèlent stratégiques pour entretenir les réseaux de clientèle qui soutiennent ces partis notamment dans l’accès aux subventions pour le développement agricole ou d’aides d’urgence après des aléas climatiques ». Et d’ajouter : « Idem pour le département de l’Industrie où il y a déjà eu plusieurs confrontations entre le RNI et l’Istiqlal qui dénonçait la mainmise du RNI sur la CGEM et sur les chambres de commerce et d’industrie ».

De ce fait, les prochains jours devraient être décisifs pour avoir une idée de la tendance que prendront les discussions entre les nouveaux partis majoritaires au parlement.

S’il est confirmé au poste de chef du gouvernement par le roi, conformément à la constitution, Aziz Akhannouch pourra néanmoins s’appuyer sur l’expérience qu’il a accumulée en tant que ministre depuis 2007. Pour son prochain mandat, le milliardaire devrait être fortement attendu sur le terrain de la poursuite et de l’accélération des réformes économiques ambitieuses qu’a entreprises le Maroc depuis le printemps arabe de 2011.

Moutiou Adjibi Nourou

    

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