(Agence Ecofin) - En pleine pandémie de coronavirus, c’est peut-être une nouvelle période de tensions politiques qui s’annonce en Ethiopie. Le lundi 4 mai 2020, le Front de libération du peuple tigré (TPLF) a indiqué qu’il envisageait de maintenir les élections dans la région du Tigré ; une décision qui va à l’encontre de celle prise par le gouvernement fédéral de reporter le vote.
« Nous faisons des préparatifs, y compris la tenue d'une élection régionale afin de protéger les droits de notre peuple du chaos », a indiqué le TPLF dans un communiqué rapporté par Reuters. En mars 2020, le Premier ministre Abiy Ahmed (photo) a annoncé que le niveau de propagation de la pandémie du coronavirus dans le pays rendait risquée l’organisation des élections législatives et régionales dans les prochains mois. Le scrutin initialement fixé au 29 août a été reporté à une date ultérieure.
Dans son communiqué, le TPLF a accusé le Premier ministre d’utiliser la pandémie du covid-19 pour repousser une échéance électorale qui lui est défavorable, afin d’instaurer une « dictature à un seul homme ». « La position du TPLF n'a aucun fondement constitutionnel. Ils n'ont pas de mandat pour organiser des élections. Ils essaient de déstabiliser le pays pour tenter de s'emparer du pouvoir », a répliqué de son côté le parti au pouvoir.
Ces déclarations interviennent dans un contexte politique déjà particulièrement tendu en Ethiopie. En 2019, le TPLF l’un des partis les plus influents du pays était entré en conflit avec le parti au pouvoir après s’être retiré du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF), la coalition au pouvoir. Ce retrait avait été motivé par la décision de trois partis membres de cette alliance de fusionner sous l’impulsion d’Abiy Ahmed pour devenir le nouveau Parti de la prospérité (PP).
Selon le Conseil national éthiopien des élections (NEBE), aucune demande de vote n'a été soumise par le TPLF. Alors que les réformes mises en place ces derniers mois ont déjà suscité des velléités sécessionnistes dans le pays, de nombreux experts craignent que cette nouvelle confrontation mette à mal l’unité déjà fragile du pays.
Moutiou Adjibi Nourou
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