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Accusé de viol, le principal opposant sénégalais Ousmane Sonko mis en garde à vue pour « troubles à l’ordre public »

  • Date de création: 04 mars 2021 11:15

(Agence Ecofin) - Les démêlés d’Ousmane Sonko avec la justice défraient la chronique au Sénégal depuis février dernier. Accusé de viol, l’opposant arrivé troisième à la dernière présidentielle dénonce une cabale politique destinée à l’écarter des prochaines joutes électorales.

Après son interpellation, mercredi 3 mars, Ousmane Sonko (photo), l’une des principales figures de l’opposition sénégalaise, a été inculpé pour « troubles à l’ordre public » et mis en garde à vue. L’arrestation a eu lieu sur le trajet qui le menait au Tribunal où il devait être entendu pour des faits de viol.

Leader du parti Pastef les Patriotes, arrivé troisième à la présidentielle de 2019, Ousmane Sonko fait l’objet depuis début février d’une plainte pour viol et menaces de mort. La plaignante Adji Sarr est une employée d’un salon de beauté où M. Sonko va se faire masser pour, dit-il, soulager ses maux de dos.

Le parlementaire rejette ces accusations et dénonce « une mise en scène rocambolesque » organisée par le président Macky Sall dans le dessein de l’écarter de la présidentielle de 2024. « Cette accusation est la énième peau de banane que le pouvoir veut glisser sous le pied de ce projet de Sénégal nouveau, mais cette accusation est la goutte de trop », s’indigne l’opposant de 46 ans.

Face à ces accusations, Macky Sall a réagi sur l’antenne de la chaîne France 24, regrettant qu’on « mêle le président à des choses qui ne le regardent pas ». « J’ai suffisamment de choses à faire que de comploter pour des choses aussi basses ».

Vendredi dernier, le Parlement siégeant à huis clos a levé l’immunité d’Ousmane Sonko, soulevant l’indignation des députés de l’opposition et de ses partisans. Ces derniers massés autour du cortège qui menait leur leader au tribunal ont été impliqués dans des échauffourées avec les effectifs de la police et de la gendarmerie déployés sur l’itinéraire et autour du palais de justice. Des incidents qui ont abouti à l’interpellation de M. Sonko.

Cette affaire politico-judiciaire qui agite le Sénégal depuis un mois n’est pas sans en rappeler d’autres impliquant Karim Wade (fils de l’ancien président Abdoulaye Wade) et Khalifa Sall (ancien maire de Dakar). Pressenti pour être le rival de Macky Sall à la présidentielle de 2019, Khalifa Sall avait été mis en accusation pour « faux et usage de faux en écriture de commerce et escroquerie portant sur des deniers publics » en 2017 et condamné à 5 ans de prison ferme. Il a été libéré à la suite d’une grâce présidentielle, après deux ans et demi derrière les barreaux.

Ces précédents créent un climat de suspicion autour de l’affaire Sonko où beaucoup de ses partisans voudraient voir la main occulte du pouvoir. « Nous sommes là pour envoyer un message fort au président Macky Sall pour lui dire que nous n’accepterons pas que Sonko soit sacrifié comme on l’a fait avec les autres opposants », mettait en garde l’un des jeunes manifestants au cours des affrontements du 8 février avec les forces de l’ordre.

Il reste à préciser, toutefois, que les ambitions de Macky Sall pour la présidentielle de 2024 ne sont toujours pas connues. « Si je dis que je ne serai pas candidat, les gens du gouvernement ne vont plus travailler, chacun va essayer de se positionner. Si je dis que je serai candidat, une vive polémique va s’ensuivre », a déclaré le chef de l’Etat, interrogé sur son intention de se représenter en 2024.

Stéphane Alidjinou

Stéphane ALIDJINOU
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